Depuis 30 ans, l'extrême pauvreté a reculé de façon spectaculaire dans le monde, davantage qu'au cours de tout autre période de l'Histoire. Cela est dû, non pas tant à l'aide internationale, qu'à la croissance économique des pays pauvres, elle-même liée à la mondialisation du commerce et du travail.

En 2030, cette misère pourrait avoir presque complètement disparu. La majorité des êtres humains encore affligés se trouveront alors dans des États «fragiles», sujets aux conflits armés principalement alimentés par des chefs de guerre aux motivations religieuses, nationalistes, ethniques ou carrément criminelles.

C'est une réalité avérée, connue, chiffrée, indéniable.

Mais il en est rarement tenu compte dans le débat public parce que celui-ci est essentiellement animé par le catastrophisme à la mode. Et, surtout, par l'idéologie anticapitaliste paradoxalement entretenue par la puissante industrie occidentale des mots. Tout cela rend «la connaissance inutile», selon le titre du magistral ouvrage du regretté Jean-François Revel.

Il y notait précisément que «l'idéologie fonctionne comme une machine à détruire l'information, au prix même des assertions les plus contraires à l'évidence».

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Et quelle est cette évidence?

D'abord, la pauvreté extrême a diminué de moitié depuis 1990 (de 43 à 21% des citoyens des pays pauvres).

Les progrès les plus spectaculaires ont été réalisés en Chine (de 84 à 10%). Et ce, à partir du moment où, après les sombres et sanglantes décennies que l'on sait, le pays s'est ouvert au capitalisme et au commerce international. Mais il n'y a pas que la Chine. Dans les autres pays en développement, le taux de croissance du PIB a été depuis 2010 multiplié en moyenne par six, y compris en Afrique. Plus éloquent encore: le taux d'augmentation de la consommation dans 125 pays en développement est passé de 0,9% à 4,3% depuis 2000.

Ces chiffres ont été compilés par divers organismes et publications, dont la Banque mondiale et The Economist.

Ensuite, autre évidence qui prend la forme d'une prospective: le monde dispose des moyens nécessaires pour pratiquement éliminer la pauvreté extrême d'ici 2030. C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité, entièrement et partout dominée jusqu'au XXe siècle par la pénurie et la famine, que cette possibilité existe. Selon des économistes, le taux de pauvreté extrême pourrait alors passer, dans la meilleure hypothèse, de 21 à 1,4% (à 15% si les choses ne se passent pas bien).

Principal obstacle? La guerre sous toutes ses formes et l'une de ses conséquences: les États faillis. Quelque 73% des miséreux vivent en effet dans des pays qui sont en guerre (civile, la plupart du temps) ou en sont à peine sortis.

Idéalement, une «autre mondialisation» serait celle de la résolution pacifique des conflits, de la baisse de la pression religieuse et ethnique, de la lutte à la criminalité organisée.