L'équipe de soccer du Québec part pour Marseille aujourd'hui, après un seul entraînement, pour participer à un tournoi international de nations non affiliées à la FIFA. Un événement sportif et culturel que visait Yannick Saint-Germain, organisateur du club, depuis quelques années.

Sous un gouvernement libéral, il a reçu un appui poli et a dû se remettre au travail. Du nouveau gouvernement péquiste, il a reçu 27 000 $ de subventions de divers ministères, et l'équipe a mis les voiles sur la capitale culturelle d'Europe 2013.

Une première, donc, cette équipe du Québec en compétition internationale, mais nous en verrons peut-être d'autres, et dans toutes sortes de sports.

Robert Sirois, ancien hockeyeur professionnel (Capitals de Washington et Flyers de Philadelphie), et son collaborateur André Matteau ont été chargés par le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport de préparer une étude de faisabilité. L'objectif: faire connaître le Québec sur la scène internationale par l'entremise du sport.

La Presse a pu consulter un condensé du rapport, hier.

Il faut d'abord savoir que les fédérations internationales sont des organismes indépendants qui établissent leurs propres règles. Un exemple éloquent: l'Écosse, une nation non souveraine, est reconnue par la FIFA, tout comme le pays de Galles et l'Irlande du Nord.

Sirois: «Tout se fait avec la permission de la Grande-Bretagne. Mais pour les Jeux olympiques, qui admettent 12 nations non souveraines, tous les habitants des îles britanniques se rallient à l'Angleterre.»

C'est dans ce flou juridique que Sirois manoeuvre.

«Avec l'affaire des turbans, on a vu qu'il existe une tension entre les fédérations canadienne et québécoise. Mais cette tension n'a pas sa raison d'être. En hockey sur glace, le Québec a déjà son équipe nationale reconnue chez les U15 et U17. Nous travaillons à faire reconnaître les U20, soit le niveau junior.»

Mais Sirois et Matteau voient plus loin. En hockey féminin, par exemple, une équipe du Québec pourrait apporter une compétition plus intéressante aux Jeux olympiques et aux Championnats mondiaux. Et peut-être relancer le hockey féminin, menacé d'exclusion aux JO.

«Il faut d'abord créer des liens avec les fédérations internationales. Il faudra du temps. Nous proposons de produire des événements pour faire avancer les choses, des Coupes du Québec en athlétisme, volleyball de plage, crosse, softball et bien d'autres sports. Il s'agirait d'inviter le monde chez nous.

«Pour les Coupes du Québec, la Fondation EQ [Équipe du Québec] est déjà établie. Le rapport propose la création d'un bureau, le BEQ, pour former les équipes nationales dans plusieurs sports.

«Nous pensons aussi que c'est une bonne façon d'intégrer les immigrants au Québec. L'équipe de soccer en est un bel exemple. Il y a des joueurs de plusieurs origines, explique Sirois. Un livre vert sur le sujet est passé inaperçu il y a quelques années. Nous attendons maintenant un livre blanc, avec des règles. Mais rien n'est garanti. Tout ça peut très bien retourner sur une tablette avec un changement de gouvernement. C'est à suivre.»

Au Massilia

Les membres d'Équipe Québec de soccer se sont réunis au Massilia, le seul bistro marseillais de Montréal, mardi, pour rencontrer les médias. Une bande de joueurs venus des niveaux les plus élevés au Québec, quelques anciens professionnels, dont le joueur-entraîneur Patrick Leduc.

«Je n'ai aucune idée du niveau de jeu. Nous allons jouer tous les soirs pendant une semaine. C'est un grand défi physique, mais nos joueurs sont déjà en action dans leurs circuits respectifs. Je pense déjà à la finale.»

Alex Surprenant, un ancien de l'Impact: «J'ai dit oui tout de suite, même si je n'ai pas joué depuis un an à cause d'une blessure qui a mis du temps à guérir. Je vais tout donner. Et puis, je ne suis jamais allé à Marseille, ça sera intéressant.»

Jean-Louis Bessé, Québécois d'origine ivoirienne, évolue pour le F.C. L'Assomption de la première division québécoise: «C'est un très beau projet, et j'embarque avec plaisir. Marseille est une ville mythique que j'ai visitée avec mes parents quand j'étais petit. Je collectionne les maillots de l'Olympique Marseille, un club qui a toujours accueilli des grands joueurs africains.»

Et puis il y a Bizz, de Loco Locass, qui, en plus d'offrir une commandite, offre une des chansons du groupe, Le mémoire, pour accompagner l'équipe. Les joueurs porteront le nom de Loco Locass sur la culotte.

«J'aime cette façon de dépolitiser le sport. J'aimerais bien y aller, puisque c'est aussi un événement culturel. Mais c'est la Saint-Jean et nous serons à La Sarre le 24 juin. Le même soir à Marseille, le Québec affrontera le Tibet. C'est quand même quelque chose de fascinant...»

Le prochain objectif de l'équipe du Québec est de participer à la Coupe VIVA des nations non affiliées à la FIFA, un événement émergent.