Parce qu'il a offert des performances bien en deçà de sa réputation, autant en saison régulière qu'en séries éliminatoires, Carey Price a contribué bien malgré lui au congédiement de son entraîneur des quatre dernières années.

Le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, a confirmé hier que Pierre Groulx ne sera pas de retour à la droite de Price et à la gauche de Peter Budaj l'automne prochain.

Parce que Bergevin considère toujours qu'il a un joyau sous la main en Carey Price - et plusieurs de ses homologues partagent cet avis, malgré la grogne des anti-Carey au sein du contingent de partisans du Canadien -, il a décidé de sacrifier celui qui devait polir ce joyau et qui n'est pas arrivé à le faire complètement.

Pierre Groulx a été sacrifié. C'est évident. C'est aussi injuste, comme le sont souvent - presque toujours, en fait - les congédiements d'entraîneurs-chefs ou d'adjoints.

Très discret, peut-être trop, Pierre Groulx n'a jamais pu défendre sa cause et celle de ses gardiens devant les médias. Donc devant les partisans. Remarquez qu'il n'a jamais vraiment cherché à le faire. Ce n'était tout simplement pas dans sa nature.

Travailleur acharné, il a toujours multiplié les heures pour enseigner, diriger, encadrer, encourager, chaperonner ses gardiens. Des gardiens qu'il n'a jamais critiqués. Pas plus publiquement que dans l'ombre d'une discussion off the record.

Compétent, compréhensif, à l'écoute de son gardien-vedette plutôt que sur son dos, Groulx était aussi le dernier lien avec l'époque Jacques Martin dans l'équipe d'entraîneurs dirigée par Michel Therrien.

Est-ce que cela a contribué à son renvoi? Je ne crois pas. Mais cela n'a certainement pas augmenté la patience à son endroit non plus. Ce qui est normal.

Cela dit, quand on y pense bien, Pierre Groulx n'a pas été sacrifié par Marc Bergevin ou par Michel Therrien. Il a été sacrifié par son élève. Un élève surdoué qui l'a fait moins bien paraître que Craig Anderson. L'excellent gardien des Sénateurs d'Ottawa attribue encore aujourd'hui à l'enseignement reçu de Pierre Groulx - alors que les deux hommes travaillaient avec les Panthers en Floride - une grande part de son éclosion, au Colorado d'abord, dans la capitale fédérale ensuite.

Vers qui le Canadien se tournera-t-il maintenant pour polir le diamant brut que représente Carey Price?

François Allaire, qui a fait de Patrick Roy l'un des meilleurs gardiens de l'histoire du hockey, est disponible. Son nom est déjà sur toutes les lèvres. Mais voilà! Roy voudrait bien l'avoir à ses côtés maintenant qu'il est à Denver.

Roland Melanson, qui était avec le Canadien lorsque Price est arrivé en début de carrière, est toujours avec les Canucks de Vancouver. Alain Vigneault et ses copains congédiés, il serait peut-être enclin à quitter les Rocheuses lui aussi.

D'autres candidats sont aussi disponibles. Des connus, d'autres moins, quelques-uns pas du tout.

Mais peu importe qui obtiendra l'emploi, il serait à peu près temps que Carey Price confirme de lui-même sa grande réputation. Qu'il offre des performances susceptibles d'assurer une sécurité d'emploi à quiconque héritera du mandat de le chaperonner, au lieu de s'en servir comme prétexte pour justifier des performances ordinaires et encore acheter du temps...

Quick et les Kings détrônés

Les Blackhawks de Chicago et leurs partisans ont toutes les raisons au monde d'être fiers, heureux et confiants. Non seulement profitent-ils d'une avance de 2-0 dans la série qui les oppose aux Kings de Los Angeles, mais ils ont chassé le gardien Jonathan Quick en enfilant quatre buts sans riposte à ses dépens, dimanche.

Pour les amateurs de petits chiffres qui parfois en disent très long, c'était la première fois en 35 matchs éliminatoires que Jonathan Quick accordait quatre buts dans une même rencontre. Et lors de sa séquence de 34 matchs sans subir pareil affront, le gardien des Kings avait limité 31 fois ses adversaires à 2 petits buts ou moins.

Quick et les Kings sont en mauvaise posture. Prétendre le contraire serait absurde. Il serait toutefois prématuré de les compter comme battus.

Remis de leur contre-performance de dimanche, les voilà de retour dans le confort de leur domicile, où ils présentent une fiche parfaite de 7-0 ce printemps. Loin de remplir les filets adverses, les Kings ont quand même enfilé 18 buts lors de ces 7 matchs. Mieux encore, ils n'en ont concédé que huit.

Les Kings ont su profiter de cette domination pour combler le recul de 0-2 en première ronde aux dépens des Blues de St. Louis, pour sortir gagnants de la première ronde. L'avantage de la patinoire leur a également souri en deuxième ronde, comme le confirme l'élimination des Sharks de San Jose.

Mais attention! Aussi réconfortantes soient ces statistiques à domicile, les Blackhawks forment une équipe beaucoup plus puissante que les Blues, comme le démontre leur série de cinq gains.

Cette croisade des Hawks n'aidera en rien la cause des Kings. Surtout, et les petits chiffres deviennent gigantesques ici, que pour passer en grande finale, les Kings doivent maintenant gagner quatre des six prochains matchs aux dépens d'un club qui a encaissé seulement sept revers en temps réglementaire en saison régulière.

Consécration pour Crawford?

Si les Blackhawks sont meilleurs - autant sur papier que sur la glace - que les Kings à l'attaque et à la ligne bleue, leur gardien Corey Crawford était loin de faire le poids contre Jonathan Quick dans les analyses des forces et des faiblesses avant la série.

Bon! Crawford sortirait encore derrière Quick dans n'importe quel repêchage en dépit de son avance de 2-0 aux dépens du gardien des Kings. Mais ses performances jusqu'ici en séries devraient contribuer à atténuer les doutes à l'égard du gardien québécois.

Il serait illusoire de croire qu'elles les chasseront tous. Mais si le gardien du «West Island» maintient sa lancée et qu'il soulève la Coupe Stanley, il sera intéressant de voir quelle répercussion aura cette conquête sur la réputation de Crawford. S'élèvera-t-il au rang des gardiens d'élite dans la LNH? Ou sera-t-il confiné au rang de bon gardien qui a su faire le travail derrière une grande équipe? Le genre de réputation qu'on a accolée à Chris Osgood, en dépit de ses trois conquêtes de la Coupe Stanley, dont deux à titre de gardien numéro un, en 1998 et en 2008 - sans oublier sa défaite en grande finale l'année suivante aux dépens de Marc-André Fleury et des Penguins de Pittsburgh.

Tiens, tiens: si on vous donnait le choix entre Crawford ou Fleury, vers quel Québécois vous tourneriez-vous?