Pendant que les uns l'envoient à la barre des Rangers à New York et que les autres assurent qu'il représentera la première embauche majeure de Jim Nill, le nouveau directeur général des Stars de Dallas, Alain Vigneault panse ses plaies dans l'ombre.

Congédié le 22 mai dernier, Vigneault n'a toujours pas commenté la fin abrupte de son règne de six saisons à Vancouver. Il n'a pas commenté publiquement non plus les spéculations entourant son avenir. «Alain a dit ce qu'il avait à dire, il a remercié les Canucks, ses joueurs, les partisans de Vancouver et toutes les personnes qui l'entouraient par le biais du communiqué qu'il a émis le jour de son renvoi. Ça se limitera à ça», m'a indiqué en fin de semaine un proche de l'entraîneur-chef qui vient tout juste de célébrer ses 52 ans.

Rentré à Gatineau quelques jours après l'élimination des Canucks en quatre matchs aux mains des Sharks de San Jose, en première ronde, Vigneault se tient loin des projecteurs. L'entraîneur-chef le plus convoité autour de la LNH est toutefois loin de se cacher.

On l'a vu régulièrement sur les allées du club de golf voisin de son domicile. On l'a vu également dans un chic club de golf du West Island la semaine dernière. En plus de se détendre au golf, Vigneault profite de son temps libre pour renouer avec ses deux filles, qui sont devenues des jeunes femmes pendant son séjour aux pieds des Rocheuses.

Et bien qu'il reste tapi dans l'ombre, Vigneault fait ce que tout amateur de hockey qui se respecte fait à ce temps de l'année: il suit de près les finales de l'Est et de l'Ouest.

New York, Dallas, la maison?

Entre les loisirs, ses responsabilités paternelles et les séries éliminatoires, Alain Vigneault prépare son retour.

Car il reviendra derrière un banc dans la LNH. Peut-être même dès l'automne prochain. Pourvu, bien sûr, qu'un directeur général lui confie son équipe - ce qui pourrait arriver rapidement. Glen Sather, directeur général des Rangers, a obtenu l'autorisation des Canucks - une autorisation nécessaire en raison des deux années de contrat toujours en vigueur entre Vigneault et les Canucks - de prendre contact avec l'entraîneur-chef québécois. Les Stars de Dallas ont obtenu le même feu vert.

Remarquez que Gillis serait bien bête de leur refuser cette permission. En effet, si Vigneault déniche un emploi rapidement, le DG des Canucks pourra épargner les quelque 3 millions qu'il lui doit toujours et qu'il devra lui verser si Vigneault est confiné à la maison. Une façon de mieux faire passer un congédiement vigoureusement contesté à Vancouver depuis qu'il a été annoncé.

S'il est acquis que des discussions ont eu lieu au cours des derniers jours autant avec les Rangers qu'avec les Stars, il est prématuré, selon mes informations, de parler de négociations. Des rencontres plus sérieuses devraient toutefois se dérouler au cours des deux prochaines semaines.

Dans l'ombre de Messier et Gretzky

Vigneault est-il en tête des candidats, autant à New York qu'à Dallas? Difficile à dire.

Surtout que Mark Messier lorgne la succession de John Tortorella derrière le banc des Blue Shirts, avec qui il a gagné la Coupe Stanley en 1994.

Comme si Messier ne représentait pas déjà un rival de taille, du moins dans l'oeil et le coeur des partisans des Rangers, Wayne Gretzky serait aussi tenté par une deuxième chance à titre d'entraîneur-chef dans la LNH. L'expérience difficile avec les Coyotes de Phoenix devrait normalement atténuer les ardeurs de l'ancien 99. Mais l'attrait de New York, des Rangers et du Madison Square Garden pourrait faire oublier à Gretzky ses moments difficiles dans le désert de l'Arizona.

Sur le plan du hockey, dans le rôle d'entraîneur-chef on s'entend, Messier - qui n'a pas la moindre expérience - et Gretzky - qui en a connu une mauvaise - sont loin de faire le poids contre Vigneault.

Sur le plan du marketing, c'est une autre affaire.

Mais les Rangers, qui patinent dans l'argent jusqu'au cou, n'ont pas besoin de Gretzky ou de Messier pour assumer un rôle de panneau publicitaire derrière le banc. Ils ont besoin d'un entraîneur qui les guidera vers la victoire. Un défi que Vigneault a beaucoup plus de chances de relever que les deux autres.

La compétition ne s'arrête pas là. Lindy Ruff, l'ancien entraîneur des Sabres de Buffalo, est également un candidat de premier plan. Tout comme Dave Tippett, qui a fait des miracles à Phoenix en dépit du vaudeville administratif dans lequel cette équipe aurait facilement pu s'enliser. Avant d'accepter l'offre de contrat soumise par les Coyotes, Tippett sonde le marché. Difficile de le blâmer.

Glen Gulutzan, congédié par les Stars après leur saison désolante à Dallas, est considéré comme un candidat potentiel à Vancouver. Peut-être ailleurs. Contrairement à Vigneault et à Ruff, Gulutzan fait partie de la relève dans le petit monde des entraîneurs-chefs dans la LNH. Tout comme le Québécois Guy Boucher, congédié par le Lightning de Tampa Bay en cours de saison, et Dallas Eakins, entraîneur-chef des Marlies de Toronto, le club-école des Leafs, et qui jouit - à tort ou à raison - d'une excellente réputation autour de la LNH.

Avant le repêchage?

Congédié par le Canadien de Montréal en novembre 2000, Alain Vigneault avait effectué un retour aux sources dans la LHJMQ en dirigeant le Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard pendant deux saisons. Il s'était ensuite joint au Moose du Manitoba, le club-école des Canucks de Vancouver.

Après une saison dans la Ligue américaine, Vigneault recevait un cadeau des Canucks, qui avaient annoncé son embauche à titre d'entraîneur-chef tout juste avant le repêchage de 2006. Repêchage qui se déroulait au GM Place, ancien nom du domicile des Canucks.

Ce cadeau avait été suivi d'un autre: la veille du repêchage, les Canucks obtenaient les services de Roberto Luongo dans le cadre d'une transaction conclue avec les Panthers de la Floride. Ironiquement, ce cadeau de bienvenue offert à Vigneault aura contribué à son congédiement, six ans plus tard. La polémique entourant l'utilisation de Luongo et de son adjoint Cory Schneider, à qui Vigneault avait décidé d'offrir le rôle de numéro un l'an dernier, a miné la saison des Canucks, au point de lui coûter son emploi.