Le président Obama a parfaitement résumé mardi pourquoi la prison de Guantanamo, où sont détenus 166 présumés terroristes, devrait être fermée au plus tôt. Malheureusement, il est probable que des dizaines d'hommes y seront toujours enfermés lorsque M. Obama aura quitté la Maison-Blanche.

«Guantanamo n'est pas nécessaire à la sécurité américaine. Elle coûte cher. Elle nuit à notre réputation internationale. Elle entrave la collaboration avec nos alliés dans la lutte au terrorisme. Elle facilite le recrutement d'extrémistes», a dit le président au cours d'un point de presse.

De plus, la détention de personnes pendant plusieurs années, sans que des accusations ne soient portées contre eux, constitue une plaie béante pour une société de droit. «C'est contraire à ce que nous sommes», a conclu Barack Obama.

Dès le deuxième jour de son arrivée au pouvoir, M. Obama avait ordonné la fermeture du centre de détention dans un délai d'un an. Les années ont passé et les obstacles se sont multipliés. Le Congrès a adopté des lois rendant très difficiles, voire impossibles les transferts de prisonniers aux États-Unis ou à l'étranger. Après un attentat raté contre un avion américain revendiqué par Al-Qaeda au Yémen, il y a trois ans, la Maison-Blanche a suspendu les transferts vers ce pays. Une cinquantaine de Yéménites gardés à Guantanamo, qui devaient être libérés, y poireautent encore.

Le président a promis de redoubler d'efforts pour accélérer les choses, entre autres pour convaincre le Congrès de lui laisser davantage de marge de manoeuvre. Quand on voit le peu de succès qu'il a eu auprès des élus, par exemple relativement au contrôle des armes à feu, il y a lieu d'être sceptique.

Les gens emprisonnés sur la base cubaine ne sont pas des enfants de choeur et on peut penser que leur détention prolongée ne les a pas rendus plus sympathiques aux États-Unis. Les libérer comportera donc des risques. Les dirigeants américains doivent toutefois comprendre que garder ces hommes en taule indéfiniment entraîne également son lot d'effets pervers.

À la longue, la situation est tout simplement intenable, en principe comme en pratique. Et, comme l'a souligné M. Obama mardi, elle ne peut que «pourrir». On en a une preuve avec la grève de la faim entreprise par plus de la moitié des prisonniers. En nourrissant ceux-ci de force, les geôliers ne font qu'ajouter une violation des droits de la personne à un bilan déjà trop lourd.

Un jour ou l'autre, Washington devra se résoudre à laisser partir de Guantanamo les nombreux détenus qui ne peuvent être traduits devant les tribunaux. Il vaut mieux que ce soit tôt que tard.