Carey Price répondait aux questions à son bout du vestiaire. P.K. Subban, du moins je crois que c'était lui, même si je ne pouvais le voir en raison de l'essaim de journalistes et de Icameramen qui bourdonnait autour de lui, faisait la même chose à l'autre bout. Brandon Prust, Travis Moen, Brian Gionta, David Desharnais, Lars Eller et les autres joueurs déjà rentrés de la patinoire échangeaient avec les journalistes qui, ne pouvant entendre les réponses de Price et Subban, s'étaient rabattus sur eux.

Puis, ils sont arrivés. Chandail blanc sur le dos. Casque bleu sur la tête. L'un affichant le sourire perpétuel qui le caractérise, l'autre, le regard sévère rappelant que son père et son grand-père ont grandi de l'autre côté du rideau de fer, Brendan Gallagher et Alex Galchenuyk ont traversé le vestiaire côte à côte avant de se séparer pour se rendre à leur casier respectif.

En les suivant du regard, je me suis dit: pendant que les autres jasent, ces deux jeunes travaillaient. Pas surprenant qu'ils soient devenus, avec leur centre Lars Eller, les fers de lance de l'attaque du Canadien au cours des dernières semaines.

Le fait que Gallagher et Galchenyuk soient passés de vertes recrues à piliers de l'attaque du Canadien représente un exploit qui les honore. Tout comme le changement de statut de Lars Eller qui était à l'index en début de saison, est-il besoin de le rappeler.

Mais parce que les exploits personnels guident rarement une équipe jusqu'à la Coupe Stanley, il serait grand temps que Tomas Plekanec et David Desharnais, flanqués de leurs compagnons de trio respectifs, cessent de confier au seul trio des jeunes le gros de la production offensive du Canadien.

Trois trios productifs

Plekanec a marqué samedi. Tant mieux pour lui. Mais le Canadien a besoin de plus, de beaucoup plus de sa part s'il veut gagner. Plekanec affiche 29 points (10 buts) en 47 matchs de série. Ce n'est pas mauvais, mais ce n'est pas assez pour celui qui devrait être le premier centre du Canadien.

Sans oublier que les points ne disent pas tout. Comme le nombre d'arrêts. Les joueurs importants marquent des buts quand ça compte pour vrai. Les grands gardiens savent qu'un arrêt clé dans un match serré vaut dix arrêts difficiles quand la victoire est déjà hors de portée.

Plekanec est un joueur important. Tout comme le capitaine Brian Gionta. Ils devront le prouver dès jeudi.

Quant à Michael Ryder, ceux qui réclamaient à grands cris l'importance de le mettre sous contrat pour longtemps et à fort prix il y a trois semaines encore sont cois maintenant.

Ce silence démontre à quel point Ryder est un joueur difficile à analyser. À comprendre. Quand il marque avec régularité, et Dieu sait qu'il est capable de le faire, personne ne voudrait s'en passer. Mais quand il ne marque pas, je maintiens ce que j'ai toujours dit sur lui: Michael Ryder devient boulet difficile à traîner.

Ce qui est vrai pour le trio de Plekanec l'est tout autant pour celui de David Desharnais. Le petit Québécois nous a habitués à de bien meilleures performances depuis son arrivée à Montréal. Même si les points n'étaient pas toujours au rendez-vous, il se défonçait à l'ouvrage, trouvait une façon d'aider son équipe.

Ce David Desharnais manque au Canadien. Car en plus de traîner une baisse de production offensive, Desharnais s'est fait prendre en défaut en défense très souvent lors des dernières semaines.

Cette baisse de régime a aussi frappé Max Pacioretty. Ses points récoltés lui ont évité un barrage de critiques directes. Mais au lieu de foncer au filet et de marquer ses buts sur le dos des défenseurs et des gardiens adverses, Pacioretty longe les bandes depuis quelques semaines. Un style qui ne lui va pas du tout.

L'éveil des deux trios de tête pour mieux appuyer celui des jeunes est impératif, si le Canadien veut connaître du succès en séries.

Surtout contre Ottawa.

Car tant qu'ils seront privés de Jason Spezza, les Sénateurs devront jongler avec 12 attaquants qui n'offrent pas à Paul MacLean une force de frappe aussi diversifiée que celle dont Michel Therrien profite quand ses quatre trios fonctionnent à plein régime.

La profondeur à l'attaque est l'un des avantages du Canadien à l'aube de cette série. Avantage dont Therrien pourra profiter si et seulement si Eller, Galchenyuk et Gallagher maintiennent leur rythme et qu'ils sont appuyés par les trois autres trios bien mieux que lors des deux-trois dernières semaines.

Les Sénateurs en six!

Qui du Canadien ou des Sénateurs sortira vainqueur de ce premier duel Montréal-Ottawa en séries?

On peut parler de l'attaque, de la défense, des unités spéciales, de leadership, de talent, de vitesse, de robustesse et des stratégies concoctées par les deux entraîneurs tant qu'on voudra: l'équipe qui comptera sur le meilleur gardien lors des quatre, cinq, six ou sept prochains matchs gagnera. C'est aussi simple que ça.

Si Carey Price joue mieux que Craig Anderson, le Canadien prolongera sa saison de rêve. Si Anderson s'impose davantage que Price, Ottawa l'emportera, et Carey passera l'été à esquiver les critiques.

Histoire de mettre les pendules à l'heure, j'y vais à contre-courant et j'opte pour une victoire des Sénateurs. Une victoire en six matchs. Six matchs serrés qui devraient, du moins je l'espère, combler les partisans des deux camps et les amateurs qui aiment plus le hockey que l'une ou l'autre des deux équipes.

Pourquoi six matchs? Parce que si une septième rencontre doit être présentée au Centre Bell, je ne vois pas comment le Canadien pourrait la perdre devant ses partisans.