Depuis le temps qu'on l'attendait, voici que le Canadien et les Sénateurs se croiseront en séries éliminatoires. Enfin! Vous avez oublié le résultat du dernier duel Montréal-Ottawa en séries? Restez calmes. Votre mémoire ne vous joue pas de vilain tour. Car de dernier affrontement, il n'y a jamais eu.

Eh oui! Ce sera la première fois que les deux équipes se croiseront en séries. Une première depuis 1992 lors de l'entrée des Sénateurs dans la LNH. Une première en 21 ans. Oui, ça fait longtemps. Remarquez que cela fait plus longtemps encore que le Canadien et les Leafs ne se sont pas croisés en séries. Le dernier affrontement remonte à 1979.

Une série Toronto-Montréal aurait été enlevante. Suivie a mari usque ad mare elle aurait retenu beaucoup plus l'attention que le duel «régional» qui opposera le Canadien et les Senateurs.

Mais un duel Ottawa-Montréal, sur les plans hockey, talent et vitesse, sera bien meilleur qu'un duel Montréal-Toronto.

Du moins, je le souhaite.

Bien que la LNH laissait d'abord entendre que la série se mettrait en branle dès demain, il faudra attendre à jeudi avant de vibrer au rythme de ces deux équipes.

Depuis le temps qu'on attend, on peut bien attendre deux jours de plus avant de vibrer au rythme de ces deux équipes.

Comment ne pas saliver à l'idée de voir P.K. Subban rivaliser avec Erik Karlsson autant en défensive qu'au point d'ancrage de l'attaque massive; de regarder Craig Anderson se mesurer à Carey Price; d'épier Michel Therrien et Paul MacLean jongler avec leurs trios et leurs stratégies.

Plus près que le Colisée

Ce premier duel Canadien-Sénateur rappellera les anciens face-à-face Québec-Montréal. Du moins géographiquement. À vue de nez - et avec la complicité de Google Map - 221 kilomètres séparent le Centre Bell de la place Banque Scotia. C'est 37 kilomètres de moins que la distance séparant le domicile du Canadien et le Colisée à Québec.

Bon! La rivalité opposant le Canadien et les Sénateurs n'a rien à voir avec la haine qui opposait les Bleus et les Rouges dans le temps.

Mais cette rivalité Québec-Montréal, avec ce qu'elle avait de très bon avant de sombrer dans la folie, a commencé bien calmement. On verra jusqu'où la rivalité Montréal-Ottawa mènera les joueurs des deux équipes, leurs partisans, et les journalistes couvrant les activités des deux clubs. Mais au moins, elle va enfin s'installer.

Il sera d'ailleurs très intéressant de voir si, une fois en séries, les fans des Sens qui ont toujours gardé une place de choix dans leur coeur pour le Tricolore maintiendront leur ménage à trois ou s'ils se rangeront fidèlement derrière leur club. Quel qu'il soit!

Et contrairement aux prétentions selon lesquelles la place Banque Scotia est à l'image de la capitale fédérale où on roule les trottoirs à 20h, les fans des Sénateurs savent faire vibrer leur amphithéâtre et soulever leurs joueurs favoris.

Peut-être pas autant qu'au Centre Bell. Mais certainement beaucoup plus qu'à Toronto, l'endroit le plus plate de la LNH au grand complet. Incluant Phoenix...

Chances réelles

Revenons au hockey. Les Sénateurs avaient tout plein de bonnes raisons de vouloir battre les Bruins, hier soir, à Boston. Ce n'est pas pour rien qu'ils ont pris les devants 2-0. Une avance qu'ils ont bêtement perdue en 18 secondes - les Bruins ont marqué avec quatre secondes à faire en période médiane et dès la 18e en troisième - avant de l'emporter grâce à un but en fin de rencontre du Gatinois Jean-Gabriel Pageau et aux arrêts de Robin Lehner.

Première raison: ce gain leur permet d'éviter les Penguins en première ronde. Pas question de manquer de respect au Canadien, ou aux Bruins que les Sénateurs auraient affrontés dans le cadre d'un revers en prolongation ou tirs de barrage. Mais à défaut d'avoir à se contenter d'une chance, d'une mince chance, de peut-être gagner un match aux dépens des Penguins, les Sénateurs et leurs partisans ont toutes les raisons du monde de croire qu'ils peuvent surmonter le Tricolore ou les Oursons.

Deuxième raison: aussi bon soit-il, et il est bon, Craig Anderson présente un dossier en carrière de 3-8-0 face aux Bruins avec une moyenne généreuse de 3,45 buts accordés par match.

Il a connu sa part de difficulté devant le Canadien également. Mais ses statistiques face au Tricolore sont meilleures que celles qu'il affiche contre Boston.

Quelles sont les chances des Sénateurs? Quelles sont les chances du Canadien?

Elles sont bonnes des deux côtés.

Avec ses gains à Winnipeg et à Toronto, le Canadien a très bien terminé la saison. Il est sur une lancée qui a grandement rassuré ses partisans. Prêts à tout foutre en l'air pas plus tard que la semaine dernière, les partisans - du moins une majorité - revoient maintenant leur club loin en séries, peut-être même avec la Coupe Stanley bien en mains.

Grand bien leur fasse...

Mais attention! Les Sénateurs sont sur une lancée eux aussi. Les retours en santé d'Erik Karlsson, de Craig Anderson et de Jared Cowen - un pan de mur efficace en défensive - motivent l'ensemble de l'équipe.

À 40 ans, Daniel Alfredsson ne se contente pas d'un rôle symbolique de capitaine. Il donne encore l'exemple chaque fois qu'il saute sur la patinoire.

S'il fallait en plus que Jason Spezza réserve une belle surprise aux partisans des Sénateurs, ça rendrait le duel Montréal-Ottawa encore plus endiablé qu'il promet déjà de l'être.

Qui gagnera? Je vais m'accorder une nuit de réflexion avant de me ranger du côté de l'une ou l'autre des deux équipes. Mais je peux assurer sans risque de me tromper que les vrais gagnants seront les partisans. Car, depuis le temps qu'on l'attendait, cette série devrait combler tous les amateurs de hockey... avant d'en décevoir une partie.