Buckets Blakes peut bavarder avec vous pendant qu'un ballon de basketball tourne sur le bout de son index. Il fait toutes sortes de choses spectaculaires avec le ballon parce qu'il est le trick shot artist des vénérables Harlem Globetrotters, qui seront au Centre Bell vendredi soir.

C'est la visite annuelle, pas très médiatisée, et la clientèle - modeste, mais fidèle - est toujours au rendez-vous. Les Harlem Globetrotters, qui existent depuis les années 20 et qui sont originaires de Chicago et non de Harlem à New York, c'est avant tout mon père qui m'a amené les voir et peut-être que le vôtre a fait de même. J'ai amené mon fils aussi et vous avez peut-être amené le vôtre.

La blague du seau d'eau lancé dans l'assistance, et qui ne contient que des confettis, est toujours neuve et fait toujours rire les enfants du monde.

«Je fais partie du club depuis 11 ans et j'ai visité 71 pays. Dans chaque pays, j'ai fait sourire les gens. Voilà pourquoi j'aime mon métier», dit Blakes.

Les Globetrotters joueront devant une foule modeste vendredi, mais il faut savoir que l'organisation a depuis longtemps dépassé les frontières de l'Amérique du Nord.

«Nous avons plusieurs équipes qui sont en tournée en même temps. Une sur la côte Est et une autre sur la côte Ouest, une autre en Europe, puis en Amérique du Sud et en Asie. Nous sommes tellement populaires en Chine que nous avons dû ouvrir un bureau. Et partout, le public rit de la même façon. Nous dépassons la barrière de la langue. Le monde entier connaît et aime les Globetrotters...»

Buckets - il ne donne pas son vrai prénom - m'a appris une nouvelle fracassante: les Generals de Washington, éternels rivaux et victimes de leurs facéties, n'existent plus depuis trois ans.

«L'équipe rivale s'appelle maintenant les Global Select. Nous les affrontons chaque soir, mais nous ne les connaissons pas. Ils ne voyagent pas avec nous et n'habitent pas au même hôtel. Ils appartiennent à un propriétaire différent.»

Les Global Select plutôt que les Generals de Washington nous amènent dans la mondialisation. À l'origine, le propriétaire de l'équipe, Abe Saperstein, avait imaginé un scénario de son temps: des basketteurs noirs de Harlem qui humiliaient des Blancs de Washington. Ce temps est révolu.

«Nos adversaires ne sont pas tous blancs maintenant. Mais les Generals ont quand même gagné 345 fois contre près de 25 000 défaites, une moyenne de 98% en faveur des Globetrotters. Notre dernière défaite remonte à 1971. En 11 ans de carrière, je n'ai jamais perdu un match.»

Nouveaux règlements

Buckets est ambassadeur des Globetrotters et joueur-vedette. Il pourrait un jour passer à la direction. «Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve. Je ne pensais pas demeurer longtemps avec le club et ça fait 11 ans que je suis là.

«Nous encourageons nos recrues à apprendre l'historique du club et à participer à nos programmes. Nous avons une campagne contre le bullying à l'école; nous avons le programme Patrouille du sourire qui vise à redonner le sourire à des enfants dans les hôpitaux; nous jouons certains matchs avec un ballon rose pour appuyer la lutte contre le cancer du sein; nous avons un programme pour donner de l'estime de soi et le sens des responsabilités aux jeunes...»

Le club appartient maintenant à la Shamrock Capitals Growth Fund, une entreprise de placements de Californie. Les Globetrotters avaient autrefois un dessin animé à la télé, ils sont passés au 2.0.

«Avant chaque match, les amateurs choisissent les règlements par internet. Ils peuvent voter pour un match à deux ballons, un match à six contre cinq, un match avec points doubles pour chaque panier ou avec un quatre points pour les lancers de 35 pieds et plus... Cela va pour les trois premiers quarts. Au quatrième, la foule présente vote ses propres règlements en criant fort...»

Arizona et Wyoming

Buckets Blakes est originaire de Phoenix. Il a obtenu une bourse sportive à l'Université du Wyoming...

Comment est la vie au Wyoming?

«J'avoue que j'ai hésité avant d'accepter l'offre. Il fait froid et il y a plus de bétail que d'êtres humains.

«Mais finalement, j'ai beaucoup aimé et j'ai découvert la nature.»

Les tournées des Globetrotters durent sept mois, et chaque joueur dispute environ 300 parties. Les différentes équipes changent de continent, ce qui donne l'occasion à tous de voir le monde.

«C'est un peu comme aller au collège. Sept mois loin de la maison et cinq mois dans la famille à Phoenix.»

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Les Harlem Globetrotters seront au Colisée de Québec le 21 avril.