Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'une année et un titre majeur n'ont pas changé Bubba Watson. Après avoir fondu en larmes pour saluer sa victoire au Tournoi des Maîtres il y a tout juste un an, Bubba a fondu en larmes devant les journalistes hier encore. Il s'attendait également à verser quelques larmes dans le cadre du souper qu'il organisait à titre de champion en titre.

«Et vous savez quoi? Je pleurerai dimanche aussi si je gagne. Je pleure beaucoup, vous savez», a reconnu le champion dans le cadre de son point de presse très émotif marqué de longues pauses au cours desquelles il a fondu en larmes.

Bubba a perdu la maîtrise de ses émotions en répondant à un collègue qui venait de lui demander ce qu'il avait fait de plus marquant avec son veston vert de champion au cours de l'année.

«Quand j'ai vu le veston à mon arrivée à Butler's Cabin - l'un des nombreux chalets érigés autour du pavillon principal au Augusta National, où le champion en titre aide le nouveau à enfiler son veston devant les caméras de CBS, RDS et tous les réseaux qui diffusent le tournoi aux quatre coins de la terre -, je me suis mis à pleurer comme je l'avais fait sur le vert du 10e trou. J'étais accompagné de mon ami ici», a lancé Watson en pointant le membre du Augusta National qui dirigeait le point de presse. Incapable de continuer, il s'est alors mis à pleurer.

«Merci de m'avoir posé cette question», que Watson a échappé entre deux sanglots et en tentant de dissimuler ses larmes avec ses mains.

Après avoir repris une maîtrise bien relative de ses émotions, Watson a vite défilé: «Je lui ai dit que j'allais amener ce veston à la maison pour emmitoufler Caleb, son fils qu'il venait tout juste d'adopter avant le tournoi. Par respect et pour honorer...», a poursuivi Watson, avant que d'autres pleurs l'empêchent de continuer.

Lorsque le modérateur a demandé de passer à une autre question, Watson a levé la main droite. «Je vais compléter ma réponse. Du moins, je vais tenter d'y arriver. Par respect pour les membres du Augusta National et pour honorer ce tournoi qui est le plus prestigieux qui soit, je n'ai pas fait mes folies habituelles. La seule chose que j'ai faite, c'est de mettre mon veston autour de Caleb. Voilà! La conférence est terminée», a conclu Watson en riant et en essuyant les larmes qui avaient remplacé celles versées plus tôt.

Cohue dans le bois

Bubba n'a pas seulement pleuré. Il a badiné aussi. Surtout lorsqu'il a été question de son coup miraculeux au 10e trou, le deuxième et dernier de la prolongation qui l'opposait au Sud-Africain Louis Oosthuizen. Par centaines, les amateurs venus assister aux rondes d'entraînement lundi et hier se sont rendus dans le bois à la droite de l'allée d'où Watson a frappé un coup d'approche coudé qui défie les lois de la physique. Cet endroit sera un point d'attraction aussi couru qu'Amen Corner en fin de semaine.

Les amateurs ne sont pas les seuls à avoir pris le bois d'assaut, afin de s'installer et de mimer le coup réalisé par Watson. Lundi après-midi, l'Irlandais Padraig Harrington s'y est rendu lui aussi. Golfeur droitier, Harrington a changé de côté pour visualiser le niveau de difficulté. «A-t-il fait mieux que moi?» a répliqué Bubba au journaliste qui l'informait de la visite de l'Irlandais.

«Il s'est contenté d'un élan de pratique. Mais après l'avoir effectué, il se demandait pourquoi aucune plaque commémorative n'avait été installée afin de rendre hommage à ce coup», a terminé le journaliste. «Qui n'aimerait pas avoir une plaque sur laquelle serait écrit: Budda dans les aiguilles de pin? Mais jamais je n'oserais demander un tel honneur. À moins que je frappe le même coup au même endroit encore cette année.» Watson a répondu à plusieurs questions reliées à ce coup magique. Il a même offert une anecdote.

«J'ai joué une ronde d'entraînement avec mon épouse dimanche. Nous sommes passés là, car elle voulait voir où c'était arrivé. Sans les fans, les caméras et la pression, ce n'était pas pareil. Plus tard, en quittant le tertre du 18e, j'ai remarqué des fans attroupés dans le coin. Je ne pouvais distinguer les visages, mais je leur ai crié: «Vous n'êtes pas au bon endroit. J'étais plus loin encore.» On m'a dit plus tard que Billy Casper et son fils étaient du groupe.» Pour les profanes, Billy Casper a gagné le Tournoi des Maîtres en 1970.

À Augusta pour gagner

À compter de demain, Bubba Watson tentera de répéter un exploit que trois golfeurs seulement - Jack Nicklaus, Nick Faldo et Tiger Woods - ont réalisé au cours des 76 premiers «Masters»: gagner deux années consécutives. «Je réalise pleinement l'envergure de ce défi. Mais à titre de compétiteur, avec la confiance que j'ai en mes moyens, je ne serais pas complètement surpris de gagner. Avant de penser à la victoire, je vais d'abord m'assurer de me classer pour la fin de semaine. Car si je dois remettre le veston à un de mes adversaires, je ne veux pas avoir à attendre cette cérémonie pendant deux jours. Je veux être ici dimanche comme joueur. Pas comme spectateur», a souligné Bubba.

Avant d'entreprendre le vrai tournoi, Bubba Watson disputera le concours de normales 3 aujourd'hui. Une ronde amicale qu'il disputera en compagnie de son épouse et de son fils qui lui servira de cadet. «Comme Caleb ne marche pas encore et que j'aurai à le porter, c'est plus moi qui serai son cadet que l'inverse», a conclu Watson, qui ne rate jamais une occasion de parler de son fils, de son épouse, de sa famille, de sa foi. Mais cette fois, il est arrivé à en parler sans pleurer.

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