En écoutant les nouvelles, ou en lisant les journaux, il m'arrive d'avoir des petits sursauts de surprise ou d'indignation, le plus souvent dans la solitude de mon bureau. D'habitude, l'émotion initiale a le temps de se résorber avant que j'écrive mes chroniques.

Mais voici quelques réactions que j'ai eues cette semaine, sans filtre, sur la façon dont nous nous gouvernons.

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Mardi, la Régie de l'énergie du Québec a refusé la hausse de tarifs réclamée par Hydro-Québec. La société d'État souhaitait initialement une hausse de 2,9 %, mais a ensuite réclamé 3,4 % à la demande du gouvernement Marois, qui veut gonfler les profits d'Hydro pour réduire son déficit. La Régie, organisme indépendant du pouvoir, n'a accordé que 2,4 %, en s'en tenant au cadre de son mandat, qui consiste à permettre des hausses uniquement si les coûts le justifient.

Cet incident soulève une foule de questions. D'abord, qui décide? Un gouvernement peut-il faire le choix de percevoir des revenus sur ses ressources? Mais plus profondément, le cadre réglementaire dans lequel évolue cette Régie est un non-sens. Il interdit en somme une politique énergétique qui permettrait des hausses de tarifs plus substantielles pour mettre fin à nos politiques absurdes de subvention aux consommateurs. La meilleure façon de profiter de cette ressource, c'est d'exiger son vrai prix, pas de multiplier les rabais.

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Jeudi, mon collègue Denis Lessard nous apprenait que le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a décidé de ne rembourser que 55 cents pour chaque comprimé d'une classe de médicaments appelés inhibiteurs de la pompe à protons, comme le Nexium, utilisés dans le traitement des ulcères d'estomac ou des reflux gastriques. Cette mesure ne vise pas les pharmaceutiques, mais bien les patients. Le comprimé d'origine coûte 2,15 $. La version générique coûte 1,30 $. Avec un remboursement de 55 cents, le gouvernement forcera un patient à payer 273 $ de sa poche chaque année pour son médicament. Ce n'est rien d'autre qu'une taxe sur les malades.

Pourquoi? Parce que cette classe de médicaments coûte cher, 250 millions par année, 7 % des coûts du régime d'assurance-médicaments. Mais s'ils sont utilisés, c'est parce qu'ils sont utiles, notamment chez les personnes âgées. La nouvelle politique, du rationnement pur et simple, qui pervertit l'esprit du régime, risque de décourager des gens de prendre un médicament dont ils ont besoin.

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Vendredi, c'était le forum sur les redevances minières. La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, qui le préside, a déclaré, tout de go: «L'année passée, la moitié des minières n'ont payé aucune redevance. Nous pensons que cette situation est inacceptable.»

Comme slogan en campagne électorale, ça pouvait aller. Mais pas comme coup d'envoi d'une consultation. Le document de consultation préparé pour ce forum - que Mme Ouellet a elle-même signé - démontre noir sur blanc que cette affirmation est une parfaite ânerie. Le document explique que cette «moitié» des sociétés minières ne compte que pour 19 % de la production. Et surtout, il explique pourquoi elles ne paient pas.

«Bien que les impôts miniers perçus aient augmenté, la moitié des sociétés minières n'ont pas payé de droits miniers en 2011. Pour ces sociétés, le profit minier annuel était nul, soit parce qu'elles n'étaient pas rentables, soit parce qu'elles étaient au début de leur exploitation commerciale et que les déductions et allocations qu'elles prenaient conformément au régime minier réduisaient leur profit minier à zéro. En effet, afin de reconnaître les investissements réalisés par les exploitants, le régime d'impôt minier du Québec permet qu'ils puissent récupérer une partie de leur investissement avant de leur imposer le paiement de droits miniers.»

Si Mme Ouellet continue comme ça, il n'y aura plus de développement minier au Québec, et le problème des redevances minières se réglera tout seul.