En infligeant à Nick Diaz la correction qui lui a permis de demeurer l'un des meilleurs gladiateurs livre pour livre de la planète UFC, et peut-être de la planète tout entière, Georges St-Pierre a fait la preuve par mille que son rival était bel et bien «crazy in the head» s'il croyait lui faire peur.

St-Pierre n'a pas détruit Diaz. Il ne l'a pas «achevé» en le contraignant à l'abandon. Il s'est contenté de le battre. De l'écraser en fait, parce que le Québécois a gagné haut la main tous les aspects de ce combat de cinq rounds.

Un bon combat? Oui. Mais un combat moins explosif que ce que plusieurs anticipaient, craignaient ou espéraient. Un combat tactique. Féroce. Un combat qui s'est décidé au tapis avec des corps-à-corps interminables au cours desquels St-Pierre et Diaz ont dû puiser dans une réserve d'énergie sans fond, démontrant à quel point des athlètes surdoués et surentraînés se cachent derrière ces gladiateurs qui font peur.

La victoire convaincante et sans appel de St-Pierre a aussi donné raison à Bruno Pelletier. Adepte, passionné, fin connaisseur d'arts martiaux, le chanteur québécois m'assurait 24 heures avant le combat que GSP ne serait pas affecté par les invectives répétées de Diaz au point de mettre en péril sa concentration et son plan de match, une fois dans l'octogone.

Pelletier a vu aussi juste qu'il chante. Et c'est tant mieux.

Cela dit, je n'étais pas seul à être hanté par l'impression que Diaz avait réussi à déstabiliser St-Pierre. Ayant déjà travaillé avec le champion lors de la longue réadaptation qui a suivi son opération au genou, Sylvain Guimond, le psychologue sportif du Canadien, a senti une dérive dans l'attitude de GSP lors de ses échanges verbaux avec Diaz. Il a cru nécessaire de lui lancer un message: «Je ne voulais pas le déranger à quelques heures de son combat. J'ai donc contacté un de ses proches pour lui rappeler l'importance de canaliser positivement l'énergie négative générée par les attaques de Diaz. C'est la grande philosophie qui dicte les arts martiaux: tirer le maximum de ce que l'adversaire t'offre. Autant sur le plan physique que sur le plan psychologique. Au lieu de perdre de l'énergie en se préoccupant de réagir aux propos de Diaz, Georges devait les utiliser pour se motiver.»

Joint en fin d'après-midi hier, Sylvain Guimond était fier de l'attitude affichée par St-Pierre.

«Je ne sais pas si mon message s'est rendu, si quelqu'un d'autre lui a fait la même remarque ou si Georges lui-même a apporté les correctifs qui s'imposaient. Mais il est clair que le GSP qui est monté dans l'octogone n'était pas le même qui échangeait des insultes avec Diaz il y a quelques jours.»

Paroles en l'air

Georges St-Pierre avait promis de passer des paroles aux actes en quittant les lieux de la pesée officielle au Centre Bell, vendredi. Il a tenu promesse.

On ne peut pas en dire autant de Nick Diaz. En fait, on peut dire tout le contraire du prétendant qui est reparti pour la Californie de la même façon qu'il en était arrivé: en se cachant. Comme un voleur.

Si j'étais Dana White, grand manitou de l'UFC, j'aurais d'ailleurs l'impression de m'être fait un brin ou deux voler par le prétendant au titre.

Diaz a été baveux avant le combat. Il l'a aussi été pendant le combat. D'ailleurs, on pouvait clairement l'entendre insulter St-Pierre en lui demandant s'il n'avait que ça à offrir.

Et Diaz lui? À part toutes ses bravades, invectives et insultes, il a offert quoi? Pas grand-chose.

Bon! Le visage tuméfié de GSP après le combat démontre qu'il a encaissé plus que des insultes au cours des 25 minutes de combat. Mais bien honnêtement, Diaz a lancé beaucoup plus de paroles en l'air que de coups de poing au cours de son escale à Montréal.

Une fois le combat terminé, il a même prétendu qu'il était peut-être rendu au bout du rouleau. Remarquez qu'il a aussi réclamé un combat revanche dans le cadre du discours vaseux qu'il nous a offert en guise de commentaires d'après-combat. Des commentaires que mon collègue Gabriel Béland vous propose plus joliment dans l'un de ses textes sur le gala de samedi.

Une belle soirée

J'assistais samedi à mon deuxième gala UFC.

Si j'ai aimé? Oui. Il y a eu moins de sang que lors du premier, ce qui aide à apprivoiser un sport qui gagne à être connu avant d'être bassement et bêtement ridiculisé. Mais il y a eu moins de jeu au sol aussi. Ce qui n'est pas nécessairement un plus à mes yeux. Car c'est une fois au sol que les gladiateurs démontrent toute l'agilité, voire la finesse, qui se cache derrière leur force. C'est au sol que les combats UFC deviennent plus que des bagarres de rue.

La victoire de GSP, malgré le fait que le combat ait été moins spectaculaire que ce qu'on espérait, a plu à la foule. Tout comme la victoire de l'autre favori local, Patrick Côté.

Loin de moi l'intention de minimiser les efforts et le courage déployés par Côté, mais je me demande encore comment les juges sont arrivés à une décision unanime en faveur du Québécois. Cela dit, Côté et son rival déçu, l'Américain Bobby Voelker, ont offert un grand combat aux spectateurs.

Pas autant que le combat d'anthologie opposant Carlos Condit à Johny Hendricks, le prochain adversaire de George St-Pierre en championnat du monde. Ce très grand duel qui non seulement a obtenu la prime de 50 000$ offerte au meilleur combat de la soirée, mais encore pourrait être primé combat de l'année. Un combat qu'on aurait tous voulu voir se prolonger durant cinq assauts au lieu des trois prévus, ce qui aurait peut-être donné à Condit l'occaison de remonter la pente et de battre Hendricks. Peut-être...

Ces trois combats ont permis de passer outre les combats beaucoup moins intéressants, voire ennuyants, qui ont rendu les préliminaires moins enlevants que lors du UFC-154.

Mais à voir les fans faire vibrer le Centre Bell lors du combat Condit-Hendricks et aussi avant, pendant et après le duel qui s'est soldé par la victoire de GSP, il était clair que les quelque 20 000 partisans avaient passé l'éponge sur ce lent début de soirée.