Certes, les menaces proférées depuis une semaine par la Corée du Nord sont futiles: prétendre qu'on utilisera l'arme nucléaire contre les États-Unis, ou même contre la Corée du Sud, tient à la fois de la chimère et de la comédie.

Mais il y a tout de même danger. Danger de l'«accident». D'un geste de provocation qui tournerait mal, d'une escarmouche qui dégénérerait: des dérapages, heureusement vite contrôlés, se sont déjà produits.

Le régime des Kim demeure donc égal à lui-même: le petit-fils du Grand Leader Kim Il-sung est fidèle à la tradition familiale. C'est-à-dire qu'en matière de relations extérieures, il persiste à souffler le chaud et le froid. À jouer des armes que le pays, exsangue, éternellement au bord de la famine, possède tout de même.

Quelles sont-elles?

L'art de l'esbroufe, d'abord: la bombe atomique, même si elle est probablement encore rudimentaire, ainsi que l'engin qu'il faut pour la livrer (le Taepodong-3, déjà testé, pourrait théoriquement atteindre l'Ouest américain). Le mystère, ensuite: on l'a assez dit, le pays reste le plus étanche au monde. La commandite de la Chine, enfin, mais ce n'est plus ce que c'était: Beijing s'impatiente devant les frasques de son turbulent vassal.

La situation est-elle plus périlleuse cette fois-ci? De sanction en sanction, de crise en crise, on ne sait jamais.

Chose sûre, Kim Jong-un a haussé d'un cran le ton utilisé pour menacer l'«ennemi». Il a renié l'armistice signé en 1953 entre le Nord et le Sud. Il a désigné une première cible, l'île sud-coréenne de Baengnyeong (de fait, en 2010, une autre île avait été attaquée). Au cours des derniers jours, il a bombé le torse en autorisant 700 vols de ses chasseurs et hélicoptères de combat.

Enfin, l'héritier s'est pour la première fois prononcé sur la nouvelle présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye, en raillant le «bruissement empoisonné» de ses jupes - ce qui, en coréen, serait une flèche sexiste...

Hier, Barack Obama a réagi à la menace avec flegme. «Par le passé, ils tapaient du poing sur la table et obtenaient des avantages. Nous avons rompu ce cycle», a-t-il dit. Cependant, le chef du renseignement américain, James Clapper, s'est montré moins rassuré. Et les Sud-Coréens sont encore plus inquiets.

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Au total, comme quelques autres contentieux perdurant sur la scène internationale, l'«affaire Pyongyang» paraît globalement insoluble dans l'immédiat. Il y aura vraisemblablement d'autres sanctions, d'autres provocations et d'autres crises.

À plus long terme, peut-on songer au déclin et à la chute du régime des Kim? À une transition en douceur qui apporterait, peut-être pas la démocratie, mais l'ouverture et la modération diplomatique? Comme c'est de plus en plus souvent le cas sur plusieurs continents, c'est la Chine - de plus en plus embarrassée - qui a en main l'ascendant et les outils nécessaires.

Cela laisse de l'espoir.