Si les deux divisions comptant huit clubs étaient celles du Midwest et du Pacifique, je lèverais la main droite sur le champ pour approuver le réaménagement proposé par la Ligue nationale de hockey.

Le réaménagement se traduirait par le regroupement des équipes dans deux associations comptant chacune deux divisions, et non trois. Ce réaménagement devra recevoir l'aval des joueurs avant d'être approuvé par les gouverneurs d'ici l'été si la LNH veut l'implanter dès la saison prochaine.

Mais voilà. Ce n'est pas dans l'Ouest qu'on trouverait les deux divisions de huit équipes, mais dans l'Est.

Avec Boston, Buffalo, Detroit, Floride, Montréal, Ottawa, Tampa et Toronto regroupés dans la division Centrale, il ne reste donc pas de place pour Québec ou Markam - les deux marchés les plus susceptibles de profiter d'un déménagement ou d'une expansion à court ou moyen terme. Il y aurait aussi congestion dans la division Pacifique (huit clubs), alors que dans l'Ouest, les divisions du Midwest et du Pacifique auraient chacune une belle place disponible afin d'accueillir une équipe si la LNH décide un jour de passer de 30 à 32 équipes.

Ça ne veut pas dire qu'il serait impossible de réaménager la refonte à l'étude dans un, trois ou cinq ans.

Mais après avoir patienté tant d'années avant de voir leur souhait de passer à l'Est exaucé, Mike Illitch et les Red Wings n'accepteraient pas facilement de retourner dans l'Ouest, avec les ennuis de décalage horaire que cela représenterait, simplement pour faire plaisir à Québec ou à Markam.

À la LNH, mercredi, le mot officiel était toujours le même: puisqu'il n'y a aucun plan de déménagement ou d'expansion à l'étude actuellement, cette préoccupation est nulle.

Aucun signe de stress non plus avec le déséquilibre des associations et les ennuis logistiques qu'il entraînerait?

«Cette situation serait similaire à celle que nous avons vécue pendant une période de 12 ans dans les années 80 et 90. Nous sommes donc en mesure de composer avec ça», a plaidé la LNH par l'entremise de Gary Meagher, un de ses vice-présidents aux communications.

Géographie et histoire

Exception faite de cette fausse note pour Québec, j'aime tout ce que le plan de réaménagement propose.

La refonte géographique entraîne trois conséquences positives à mes yeux: elle maximise les rivalités de proximité et les rivalités historiques. Elle rend aussi les séries plus difficiles d'accès et propose des premières rondes qui pourraient être plus relevées.

Inversement, elle minimise les coûts de déplacement. À 25 000 $ l'heure passée entre ciel et terre à bord des avions nolisés pour quadriller la LNH, cela permettrait aux équipes de faire des économies importantes.

Bien qu'ils ne forment plus le club redoutable des cinq à dix dernières années, il serait - ou sera - intéressant de voir les Red Wings de Detroit plus qu'une fois par année au Centre Bell. Montréal, Boston, Toronto, Detroit dans la même division, c'est parfait. Buffalo fait partie de la famille depuis toujours. Ottawa aussi.

Les Panthers et le Lightning sont un brin ou deux écartés. Autant sur le plan géographique que sur celui des rivalités. Mais qui se plaindra d'aller faire deux virées sous le soleil de la Floride, alors qu'on gèle dans le nord? Personne. Du moins, je l'espère.

La division Atlantique affiche aussi le bon sens. Les trois clubs de la région de New York et leurs voisins immédiats de Philadelphie et Washington ne peuvent être séparés. Les Flyers ne seraient pas les Flyers sans leurs cousins de la Pennsylvanie: les Penguins. La Caroline et Columbus serviront de balises géographiques.

Difficile aussi de rechigner sur la composition des divisions du Midwest - Chicago, Colorado, Dallas, Minnesota, Nashville, St. Louis et Winnipeg - et du Paficique avec Anaheim, Calgary, Edmonton, Los Angeles, Phoenix, San Jose et Vancouver. Associés aux clubs l'Ouest, les Coyotes pourraient donc migrer vers Seattle sans le moindre inconvénient.

Séries éliminatoires

En plus de laisser Québec en plan - ou de donner cette impression -, le déséquilibre des deux associations présenterait deux autres bémols.

Le premier: des calendriers différents pour l'Est et l'Ouest à l'intérieur de leur division et de leur conférence. Il est toutefois acquis que les équipes des conférences opposées se croiseraient toutes deux fois par année pour compléter le calendrier de 82 matchs. Une fois sur la route, une fois à la maison.

Le deuxième: les séries éliminatoires. Selon le plan proposé, ces séries mettraient en vedette les trois premiers clubs de chaque division. À ces six formations par association s'ajouteraient les deux meilleurs clubs exclus des trois étoiles de chaque division. Ainsi, une division pourrait avoir trois représentants et l'autre cinq en première ronde des séries en fonction du classement à la fin de la saison.

L'équipe ayant conservé la meilleure fiche dans sa conférence croiserait en première ronde la moins bonne des deux formations entrées par la porte de derrière.

Les séries couronneraient des champions de division, qui se croiseraient en finales d'association, qui mettraient la table à la grande finale.

Les protestations ont déjà commencé dans l'Est. On prétend, non sans raison, que sur une base strictement mathématique, il sera plus facile de se hisser en séries dans l'Ouest.

Au-delà de l'injustice dénoncée, cette réalité rendrait toutefois la course aux séries plus palpitantes encore dans l'Est. Ça devrait se traduire par de meilleurs matchs pour les partisans. Il s'agit ici d'un souhait et non d'une certitude.

C'est à l'usage qu'on verra si le déséquilibre priverait vraiment des équipes de l'Est d'une place méritée en séries et donnerait accès aux éliminatoires à une formation qui ne le mériterait pas dans l'Ouest.

Il sera aussi très intéressant de voir si cette formule, si elle est acceptée, maintiendrait les surprises qui ont marqué les premières rondes au cours des 10 à 12 dernières saisons, ou si elle assurerait plutôt un certain niveau de logique - ce qui n'est pas nécessairement toujours une bonne chose...