Après bien des tergiversations, le gouvernement Marois penche maintenant du côté de l'indexation des droits de scolarité. Est-ce un progrès? Un recul? Un pas de côté? Non, c'est du surplace.

Car l'indexation, c'est le statu quo. Après le déchirant débat du printemps, nous revenons donc à la case départ, à la politique instaurée par le gouvernement Charest depuis 2006, soit des hausses annuelles modestes des droits de scolarité en fonction du rythme d'inflation.

Après ça, difficile de dire que le Québec n'est pas une société sclérosée. Après une crise sociale importante, un grand débat de société, une recherche éperdue de ce qu'on appelle à tort un consensus, le Québec a finalement choisi de ne rien faire, de ne rien changer.

Cette solution, si elle est adoptée dans la grand-messe que sera le sommet sur les universités, ne constitue pas un consensus. C'est un compromis. Une solution qui ne plait pas aux associations étudiantes. Et pour ceux, nombreux, qui appuyaient la démarche de rattrapage du gouvernement libéral, ce sera un moindre mal.

L'indexation est aussi une forme de statu quo économique. Car si les droits de scolarité augmentent au rythme des autres prix et revenus, le coût réel de leur contribution restera le même à travers le temps. C'est donc, en fait, un gel de leur effort.

C'est également le statu quo dans le débat sur le financement des universités, parce que cela signifie que si le montant réel exigé des étudiants n'augmente pas, leur contribution au financement universitaire ne bougera pas non plus. On exclut donc la possibilité que les étudiants puissent aider à réduire le sous-financement universitaire. En fait, la situation des universités pourrait empirer, parce que leurs dépenses augmentent plus vite que l'inflation.

C'est ce qui a amené l'économiste Pierre Fortin, à la demande du ministère de l'Enseignement supérieur, de proposer trois scénarios d'indexation. L'indexation au coût de la vie représenterait une hausse annuelle de 46$. Une augmentation ajustée à la capacité de payer, dans ce cas-ci le revenu disponible par habitant, représenterait 70$ par année. Enfin, une indexation au coût de fonctionnement par étudiant des universités, qui augmente plus vite que l'inflation, à 3,6%, donnerait 83$ par année.

Dans tous les cas de figure, les montants sont insignifiants. Les hausses ne règlent pas grand-chose, mais elles ne justifient pas non plus de mobilisation. Il est vrai, toutefois, que l'indexation, même modeste, revêt un caractère symbolique, parce qu'elle rompt avec la politique traditionnelle du gel, que l'on a vécue entre autres entre 1994 et 2006. Or, le gel, grâce à l'inflation, fait en sorte que le fardeau des étudiants baisse chaque année, ce qui constitue une façon de se rapprocher lentement de la gratuité.

Et dans tous les cas de figure, le processus de préparation du sommet laisse entier le problème du financement universitaire. Parce que le PQ a appuyé la cause étudiante, et qu'il a ensuite annulé les hausses libérales, les associations étudiantes, fortes de cette victoire, estiment qu'elles peuvent encore gagner. Voilà pourquoi la FEUQ s'accroche au gel et menace de partir en guerre contre le gouvernement péquiste et que l'ASSÉ menace de boycotter le sommet si on n'y parle pas de gratuité - une bagatelle d'au moins 1 milliard.

Dans un tel contexte politique, aucun politicien, pour très longtemps, n'osera augmenter substantiellement les droits de scolarité. Cette porte est fermée. C'est ce qui amène bien des gens à chercher un plan B, pour sauver les meubles, et proposer une modulation des frais de scolarité, soit en fonction des programmes, soit en fonction des universités. J'en reparlerai vendredi.