La première ministre du Québec, Pauline Marois, n'a sans doute pas reçu de son homologue indépendantiste écossais, Alex Salmond, un accueil aussi chaleureux qu'elle l'espérait. Cela dit, le développement le plus important de la situation politique en Écosse, dans une perspective québécoise, est survenu après le départ de Mme Marois. Hier, la commission électorale du Royaume-Uni (l'équivalent d'Élections Canada) a publié son rapport sur la question que proposait de poser aux Écossais le gouvernement Salmond. Ce rapport, sa conclusion et la réaction des nationalistes écossais constituent autant de précédents pour toutes les consultations populaires relatives à l'indépendance qui auront lieu dans le monde au cours des prochaines décennies.

Dans le cadre d'un accord conclu avec Londres, Édimbourg avait accepté de soumettre sa question à la commission, étant entendu que le parlement écossais aurait le dernier mot. La commission a procédé à une analyse rigoureuse. Elle a interrogé plusieurs dizaines d'Écossais. La question est-elle claire? Qu'est-ce que vous en comprenez? Vous pousse-t-elle à voter OUI ou à voter NON? La commission a aussi entendu des représentants des partis politiques et plusieurs experts.

Le texte suggéré par le gouvernement du Scottish National Party était le suivant: «Êtes-vous d'accord pour dire que l'Écosse devrait être un pays indépendant?» À la suite de ses consultations, la commission a conclu que ce libellé encourageait les électeurs à répondre positivement. Elle a suggéré un texte plus neutre: «L'Écosse devrait-elle être un pays indépendant?»

C'est, à notre connaissance, la première fois qu'une question référendaire portant sur l'indépendance d'une nation fait l'objet, avant le vote, d'une analyse fouillée et indépendante. À sa face même, l'exercice ajoute au caractère démocratique et à la crédibilité de la consultation. Au lieu de laisser la rédaction de la question aux stratèges indépendantistes sur la base de sondages secrets et dans le but de maximiser les chances de gagner, on fait intervenir un acteur neutre. Dans l'éventualité d'un prochain référendum sur l'indépendance du Québec, le Parti québécois devrait soumettre son projet de question au Directeur général des élections. Le ministre délégué à la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, n'a-t-il pas dit que les Québécois doivent s'inspirer de l'exemple écossais?

D'ailleurs, le gouvernement Salmond a immédiatement accepté la question recommandée par la commission électorale. Celle-ci s'imposera désormais comme le standard en la matière. De sorte que, s'il y a une prochaine fois, on voit mal comment les péquistes pourraient poser une question moins limpide que: «Le Québec devrait-il être un pays indépendant?»