Que Rory McIlroy, les professionnels de la PGA et tous les amateurs de golf se le tiennent pour dit: Tiger Woods est de retour. Sa magie aussi.

Et cette magie déborde les cadres de la publicité géniale orchestrée par Nike et qui met en vedette les deux meilleurs golfeurs au monde. En passant, Tiger et Rory n'étaient pas côte à côte lorsqu'ils ont tourné cette pub en octobre dernier dans le sud de la Californie.

Revenons au Tigre.

Toujours prêts à le retourner dans la forêt d'embûches personnelles et professionnelles dans laquelle il s'est perdu au cours des dernières années, les détracteurs de Tiger minimiseront sa victoire de lundi. Ils insisteront sur le fait que Tiger a gagné facilement. Qu'il a gagné sur l'un de ses terrains de prédilection.

Impossible de nier ces deux affirmations: Woods a remporté un huitième tournoi en carrière sur les allées de Torrey Pines, au nord de San Diego: une victoire lors de l'Omnium des États-Unis en 2008 alors qu'il jouait sur une jambe; sept autres dans le cadre de tournois réguliers. En passant, c'est la première fois de l'histoire de ce sport qu'un golfeur gagne huit fois sur le même parcours.

Vrai aussi qu'en dépit d'une ronde un brin ou deux difficiles lundi - il a joué la normale - Tiger a battu ses plus proches rivaux, dont le champion en titre Brandt Snedeker, par quatre coups.

Est-ce que ces motifs minimisent vraiment cette victoire? Sa première de la saison? Sa 75e en carrière?

Pas du tout.

Pour gagner 75 fois dans une carrière, il faut être à l'aise sur plusieurs terrains. De plus, ce n'est pas parce qu'il a gagné que Tiger a confirmé qu'il était bel et bien sorti du bois. Qu'il semble en être ressorti pour de bon.

C'est en raison de la façon dont il a joué.

Du grand art

Tiger s'est mis dans le pétrin à quelques occasions dimanche et encore lundi. Il a envoyé des coups de départ dans l'herbe longue, et très longue. Sa balle s'est retrouvée au milieu de tentes corporatives en début de ronde. Elle s'est même immobilisée hors limite. Sa balle s'est aussi perdue dans une fosse de sable ici, dans une autre là.

Comment prétendre alors que le Tigre soit vraiment sorti du bois? En raison de sa façon de faire oublier ces mauvais coups en cascade.

Quand Tiger était le meilleur golfeur au monde - et attention, il reprendra peut-être ce titre avant longtemps -, il rachetait ses erreurs avec des coups plus magistraux les uns que les autres. Contourner un arbre? Pas de problème. Soulever la balle avec un fer long comme s'il avait un cocheur d'allée dans les mains? Pas de problème. Dépasser la coupe de 4 pieds avec un coup roulé trop énergique et réussir le coup suivant comme s'il venait d'être concédé? Pas de problème.

Quand Tiger était le meilleur et que personne n'en doutait, rien ne l'arrêtait. Quand un adversaire croyait avoir une chance de profiter d'une bévue pour le rejoindre au classement, voire le coiffer au fil d'arrivée, plus souvent qu'autrement, il l'assommait en réalisant un coup qui semblait pourtant impossible à réaliser.

C'est ce Tiger qu'on a vu en fin de semaine à Torrey Pines.

Woods ne s'est pas contenté de ramener en jeu les balles envoyées dans l'herbe longue. Il s'est permis de passer à l'attaque malgré ces positions précaires. Que dire de sa sortie de fosse au 11e lundi. En déséquilibre, les pieds dans l'herbe alors que la balle était non seulement beaucoup plus basse dans le sable, mais près de la bordure, il l'a propulsée à quelques pouces du trou.

De l'art. Du grand art.

Quand Tiger a été dégriffé par tous ses ennuis personnels, quand il a perdu sa confiance, son élan, le plaisir de jouer, il se perdait dans les pensées au lieu de puiser dans sa confiance pour trouver une façon de se racheter.

C'est ce Tiger qu'on a vu terminer 40e au Masters le printemps dernier. Un Tiger qu'on ne devrait pas revoir le printemps prochain à Augusta.

Car à la lumière de sa victoire de lundi lors de son premier tournoi de la saison sur le circuit de la PGA, on peut parier un huard ou deux que Tiger gagnera encore cette année. Peut-être même plusieurs fois.

Tiger ne rejoindra pas Jack Nicklaus et ses 18 titres majeurs cette année. Mais ne soyez pas surpris s'il se rapproche en ajoutant un 15e titre à sa liste. Qui sait? Peut-être même un 16e.

Mais s'il a bel et bien retrouvé sa passion pour le golf, son désir de gagner, Tiger dépassera à coup sûr le bon vieux Jack un jour. Il dépassera aussi Sam Snead, qui domine l'histoire du golf avec ses 82 victoires en carrière.

Correction [bis]

Corriger une erreur, c'est déplaisant. Corriger la correction, ça devient gênant. Mais c'est nécessaire. Alors voici: la défaite de Martin Brodeur au Centre Bell, dimanche, était sa première après sept gains consécutifs à Montréal. Les Devils revendiquaient bien huit gains de suite, mais c'est Scott Clemmensen qui avait récolté l'autre victoire. Voilà! J'espère que cette fois c'est la bonne...