La première ministre du Québec, Pauline Marois, est en Écosse aujourd'hui. Elle s'intéresse évidemment à la situation politique là-bas, où un référendum sur l'indépendance doit avoir lieu en 2014. S'ils estiment que ce qui se passe en Écosse peut servir d'inspiration aux Québécois, les péquistes rejettent toutefois du revers de la main le principal enseignement de la donne écossaise: le gouvernement du Scottish National Party s'est entendu avec Londres sur les modalités du référendum.

Le ministre délégué à la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, a rejeté toute démarche similaire chez nous, estimant que les Québécois peuvent décider seuls de leur avenir. Cette position est à la fois naïve et irresponsable.

Depuis le référendum de 1980, il est tenu pour acquis, au Québec, qu'un gouvernement indépendantiste peut, seul, décider des modalités des consultations populaires sur la séparation. Contrairement à ce qu'ont soutenu diverses instances internationales dans d'autres cas de sécession, le Parti québécois estime qu'il n'a pas à s'entendre sur les règles du jeu avec les partis d'opposition à l'Assemblée nationale, et encore moins avec le reste du pays qu'il rêve de démembrer. Le PQ se pose donc en arbitre unique d'une partie dont il n'est pourtant qu'un des joueurs.

Cette façon de voir les choses permet évidemment aux péquistes de maximiser leurs chances de l'emporter, en particulier en rédigeant une question de leur cru. Cependant, au lendemain d'une éventuelle victoire du OUI, l'unilatéralisme de la démarche ouvrirait toute grande la porte à une contestation des résultats par le Canada.

La démarche des indépendantistes écossais est intéressante à cet égard. La constitutionnalité d'un référendum sur la séparation étant contestée, le gouvernement d'Alex Salmond a accepté de négocier avec son vis-à-vis britannique. Les deux gouvernements se sont entendus sur les grandes lignes du processus référendaire. Ainsi, les Écossais ont accepté de soumettre le texte de la question à la commission électorale du pays. Or, la commission s'apprêterait à rejeter ce libellé, le jugeant tendancieux («Êtes-vous d'accord pour dire que l'Écosse devrait être un pays indépendant?»).

Le gouvernement du SNP sera sans doute tenté de faire fi de l'avis de la commission. Toutefois s'il se braque, la légitimité de sa démarche sera entachée.

Au Canada, même si la loi sur la clarté référendaire était abrogée, comme l'a proposé hier le Bloc québécois, le gouvernement fédéral aurait à décider s'il juge crédible ou non le résultat d'un référendum sur l'indépendance du Québec. Si la majorité est mince, si la question est ambiguë, Ottawa aura beau jeu de rejeter le résultat et de convaincre les pays amis de faire de même.

C'est pourquoi, quoi qu'en pensent les péquistes, ils auraient tout intérêt à suivre l'exemple écossais.