Ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents: de l'or, de l'encens et de la myrrhe.

Nombreux sont ceux déplorant que Noël donne lieu à une orgie de consommation. De fait, le commerce s'est emparé du 25 décembre, ce qui a des côtés très agaçants, voire révoltants. Pourtant, les militants qui prônent un «Buy Nothing Christmas» vont trop loin. Les cadeaux font partie de cette fête depuis des siècles. Pourvu qu'on n'en oublie pas le sens, il n'y a rien de répréhensible dans cette tradition.

Certes, comme le note Benoît XVI dans son ouvrage sur l'enfance de Jésus, l'or, l'encens et la myrrhe offerts par les Mages «n'étaient pas des objets pratiques, tels ceux dont aurait pu avoir besoin la Sainte Famille; plutôt, ils exprimaient la dignité royale de l'enfant auquel ils étaient offerts.» Tout de même, les Mages avaient choisi de témoigner de leur espérance en ce Sauveur par des dons soigneusement choisis.

L'évêque Nicolas de Myre, qui a vécu trois siècles après le Christ, était réputé pour sa générosité. Dans l'immense légende qu'est devenue celle de Saint-Nicolas, cette générosité fonda le mythe de la distribution de cadeaux aux enfants sages.

Aux États-Unis, Saint-Nicolas devint Santa Claus. Si Coca-Cola popularisa le gros homme habillé en rouge par ses campagnes publicitaires dans les années 30, ce n'est pas la compagnie, mais des artistes du XIXe siècle, puis Norman Rockwell, qui lui imaginèrent ces traits. Le père Noël n'est pas l'invention de capitalistes assoiffés d'accroître leur fortune...

Si on peut déplorer les excès qu'a entraînés la commercialisation de Noël, on doit admettre qu'acheter un cadeau pour une personne chère n'est pas une dépense ordinaire. C'est consacrer une part de son revenu pour faire plaisir à l'autre. C'est réfléchir à ce qu'on sait de lui ou d'elle afin de faire le bon choix. C'est prendre soin d'emballer le tout joliment.

La distance entre la naissance du Christ et le Noël moderne n'est peut-être pas aussi grande qu'on le dit généralement. Saint-Nicolas et le père Noël se caractérisent par une bonté exceptionnelle. Être unique, évidemment, Jésus fut généreux jusqu'au don de soi.

Bien avant d'être un geste de consommation, le don de présents exprime ce qu'il y a de plus grand, de plus essentiel: l'amour du prochain. N'est-ce pas pourquoi, qu'on soit croyant ou non, Noël est la plus belle fête de toutes?