Jean-William Prévost, 26 ans, vit en Chine six mois par année depuis cinq ans pour pratiquer son métier, qui consiste, en gros, à faire du «break dance sur vélo». Et quand on est assez avancé en BMX freestyle, par exemple, il nous explique qu'on «est connecté avec l'univers».

Même moi, je connais le BMX, mais pas toutes les variantes. Jean-William est spécialiste du BMX flatland, et il faudrait qu'il vous explique lui-même. Et croyez-moi, ce garçon est allumé comme j'ai rarement vu...

«En Chine, je suis installé dans la ville de Shenzhen, au nord de Hong Kong. Je parle le mandarin, je l'écris aussi, mais seulement sur ordinateur. J'ai un commanditaire, Far East Cycle, qui fabrique des vélos.

«Je suis à Montréal pour les Fêtes pour voir ma mère et ma grand-mère. C'est très agréable.

«Après, je pars au Chili, un bon pays de BMX. Il fait toujours beau et chaud, il ne pleut pas et on peut s'entraîner 12 mois par année.

«En mai, je serai de retour en Chine, J'emmène deux équipes de quatre et cinq personnes, en BMX et en roller-blade. Des Chiliens, des Australiens, parfois des Québécois. Il me faut surtout des gens résistants. La Chine, au début, peut être difficile. Il faut du temps avant de faire confiance à quelqu'un. Et puis il ne faut pas avoir peur de manger du chat, du chien ou du pénis de chèvre...

«Je suis bien adapté à la Chine aujourd'hui. Je peux communiquer avec n'importe qui et je dirais que le moment est bien choisi pour faire des affaires avec les Chinois...»

Les Grands Explorateurs

Les lecteurs plus âgés se souviendront peut-être du père de Jean-William, François Prévost, l'un des fondateurs des Grands Explorateurs au Québec. Il est mort en 2010, mais il a laissé des gènes...

«Mon père m'a donné le goût de voyager. Il a visité 118 pays dans sa vie et fait le tour du monde, avec ma mère, en Westfalia. Il avait toujours des grands projets dans la tête. Il a même été correspondant pour La Presse.

«Il m'a déjà dit que ceux qui meurent laissent la place à d'autres pour réaliser leurs projets.

«L'an dernier, j'ai participé à des compétitions à Hawaii, en Malaisie, au Japon, en Chine, en Australie, au Chili, en Argentine, en Uruguay, aux États-Unis et en Australie...»

Tu vas faire du BMX toute ta vie?

«Je vais continuer de cette manière pendant encore cinq ou six ans. Après, j'aimerais m'installer au Québec pour développer les infrastructures de mon sport, pour développer un marché. Avec les hivers que nous avons, il faut des lieux couverts pour travailler 12 mois par année. Il y a le TAZ, que le gouvernement du Québec a subventionné, mais il n'y a pas assez d'espace pour nous.

«Au Japon et dans quelques pays européens, il y a des professionnels du BMX qui vivent bien. Mais notre sport est encore petit.»

En attendant, Jean-William voyage et se mesure aux meilleurs du monde.

Il a représenté le Canada au Circle of balance, au Japon, une compétition que les gens du BMX considèrent comme leurs Jeux olympiques. L'événement est bien sûr commandité par Red Bull, qui a déjà conquis le monde des sports extrêmes et qui semble vouloir conquérir la planète entière, à coups de boissons énergisantes.

«Au Circle of balance, j'ai terminé au troisième rang sur 16 concurrents. J'étais le seul du Canada...»

Vous pouvez rencontrer Jean-William sur youtube (Jean-William Flatlander Marked Mayhem) et aussi le voir en action.

Et je sens que, quelque part, son père est très fier de lui.