La première visite des Bulldogs au Centre Bell cette saison a permis de confirmer deux choses.

Le Canadien compte sur une relève talentueuse à Hamilton. Une relève qui est toutefois encore bien jeune. Une relève à qui on devra donner deux bonnes années, peut-être trois, pour bien se développer.

Deuxièmement, les 18 582 amateurs débarqués au Centre Bell ont miné les sondages selon lesquels le retour de Carey Price et de ses coéquipiers pourrait se dérouler devant des sièges vides une fois le lock-out terminé.

Parce qu'il va bien finir par finir ce damné lock-out. Du moins je l'espère...

Chef de l'exploitation du Canadien, Kevin Gilmore l'espère aussi. Parce qu'il a vécu les conflits de 1994 (avec les Mighty Ducks d'Anaheim) et de 2004-2005 avec les Kings de Los Angeles, Gilmore ne se réveille pas la nuit en se demandant si le hockey de la LNH reprendra un jour.

Du moins pas encore.

«Comme nos partisans, Geoff (Molson) notre propriétaire et tous les membres de notre organisation, je voudrais voir notre équipe sur la glace. Mais au-delà de ce souhait sincère, il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire de plus qu'attendre», admet candidement le numéro deux du Canadien.

Prêt à patienter, Gilmore refuse toutefois d'attendre les bras croisés. Après une première année au cours de laquelle il a fait sa place, le «Bleuet» natif d'Arvida prend maintenant cette place. Les manches roulées, le nez dans toutes les opérations - exception faite des opérations hockey - il consacre son temps et son énergie à mousser l'image de marque du Tricolore.

C'est lui qui a associé le Canadien au projet immobilier de 520 condos répartis sur 48 étages qui s'élèvera le printemps prochain sur le flanc droit du Centre Bell. C'est lui qui devra trouver une nouvelle niche aux 12 000 briques et statues des plus illustres Glorieux chassées de la Place du centenaire par la tour d'habitation. C'est lui qui supervise tous les aspects de la mise en marché de l'équipe de hockey.

Malgré cet engagement tous azimuts, Gilmore n'a aucune intention d'apposer sa signature sur ses actions.

«La force du Canadien c'est son nom, son logo et ce qu'ils représentent. Dans toutes les décisions que je prends et dans tous les mandats que je confis à tous ceux qui travaillent autour de moi, le respect de l'image de marque du Canadien est ma première préoccupation. La signature Kevin Gilmore, ça ne dit rien à personne.»

Place du centenaire

De la fenêtre de son bureau au septième étage du Centre Bell, Gilmore voit le centre-ville qui grouille d'activités et le mont Royal qui se dresse derrière. Il a aussi les yeux rivés sur la place du Centenaire qu'il devra relocaliser.

Pourquoi ne pas couvrir les murs intérieurs du Centre Bell de ces quelques 12 000 briques achetées par les partisans lors de la célébration des 100 ans du Tricolore? Pourquoi ne pas transformer la rue des Canadiens en rue piétonnière dans laquelle les partisans déambuleraient sur les briques?

«Ce sont de bonnes idées, mais elles ne sont pas assez bonnes», réplique poliment Gilmore.

S'il ne veut pas dévoiler le plan qu'il a adopté, le bras droit de Geoff Molson assure que les partisans qui se sont associés à l'équipe lors de ses 100 ans ne seront pas lésés. «On va leur demander d'être patients. Il faudra entreposer les statues et les briques pendant trois ans pour permettre la construction de tous les édifices qui lèveront autour du Centre Bell. Mais je peux leur assurer que la prochaine place du Centenaire sera permanente, qu'ils en seront fiers et qu'elle sera facile d'accès.»

Les affaires avant le hockey

Au-delà de la qualité de toutes ses idées et de tous les projets qu'ils mijotent avec ses employés, Kevin Gilmore est bien conscient d'une chose: les résultats sur la glace priment sur tout le reste.

«À Anaheim et à Los Angeles quand j'y étais, il fallait offrir un spectacle parallèle au hockey pour intéresser les amateurs. À Montréal, le show c'est le hockey et les vedettes sont les joueurs. Les succès et les échecs dictent les réactions des amateurs. Ce qu'on fait autour prend de la valeur quand on gagne. Quand on perd, ça passe complètement inaperçu», convient Gilmore, qui a d'ailleurs eu à composer avec la saison misérable de l'an dernier à son baptême avec le Tricolore.

Parce qu'il a déjà été directeur-général adjoint des Kings de Los Angeles, Kevin Gilmore aurait pu ajouter son nom à la liste des candidats pour succéder à Pierre Gauthier. Il aurait donc pu aider la cause de son équipe sur la glace et non seulement dans les bureaux.

À titre de bras droit de Geoff Molson, il aurait d'ailleurs profité d'un avantage de proximité pour coiffer au fil d'arrivée Marc Bergevin et les autres candidats en lice à l'époque.

L'idée ne lui a pas même effleuré l'esprit.

«J'ai déjà songé au poste de DG quand j'étais avec les Kings et que le job est devenu disponible. Mais après mes expériences à Anaheim - il a travaillé avec Disney pour mettre les Ducks en marché - et Los Angeles, j'ai réalisé que les affaires passaient avant le hockey. Cela dit, que ce soit au niveau de la glace, dans notre quête de remplir les gradins, nos loges, dans nos activités promotionnelles ou dans le milieu des affaires, on veut tous la même: on veut gagner!»