L'idée de regrouper les joueurs de la Ligue canadienne de hockey (LCH) au sein d'une association ou d'un syndicat se défend.

Après tout, le principe selon lequel l'union fait la force s'applique autant aux jeunes hockeyeurs de 16 à 20 ans qu'aux jeunes salariés embauchés par de grandes entreprises.

Quelques-unes des 60 équipes de la LCH sont d'ailleurs devenues au fil des ans de grandes sociétés qui accumulent les profits comme elles accumulent les championnats.

Pas surprenant alors que les initiateurs de ce projet d'association crient à l'exploitation en dénonçant les 50$ versés chaque semaine aux jeunes joueurs; qu'ils réclament de meilleures conditions de travail, de voyage et de vie pour ces jeunes qui mettent une partie de leur adolescence et de leur éducation en veilleuse pour se rapprocher le plus possible de leur rêve d'accéder à la Ligue nationale de hockey.

Entre l'enfer et le paradis

Mais attention, ceux qui tentent de vous faire croire à grands coups de dénonciations tonitruantes que les dirigeants de la LCH et les propriétaires qu'ils représentent sont des tortionnaires exagèrent grossièrement.

Tout n'est pas rose dans le hockey junior. C'est vrai.

Oui, les voyages sont parfois interminables. Les équipes de l'Abitibi ne vont toutefois pas dans les Maritimes toutes les semaines. Seulement deux fois par année. Les joueurs ne sont alors pas entassés dans un autobus d'écoliers. Ils sont transportés par des autocars modernes, dont plusieurs sont aménagés avec des couchettes pour minimiser les contrecoups de ces voyages.

Oui, un jeune peut passer des Maritimes à l'Outaouais dans le cadre d'une transaction inattendue. Mais cela fait partie des réalités du hockey junior, que des milliers de jeunes voudraient vivre ou revivre s'ils le pouvaient, comme l'indiquent les témoignages recueillis par mon collègue Gabriel Béland.

Y a-t-il place à l'amélioration? Certainement!

Les allocations versées aux joueurs devraient être plus généreuses.

Les bourses d'études remises aux joueurs une fois leur carrière junior terminée devraient être disponibles même si ces joueurs disputent quelques saisons dans les circuits professionnels mineurs avant de décider de reprendre leur éducation parce qu'ils n'atteindront jamais la LNH.

Mais à mes yeux, le plus important est d'assurer aux joueurs des équipes plus modestes du circuit comme les Tigres de Victoriaville ou les Huskies de Rouyn-Noranda des conditions de jeu et de vie équivalentes à celles des joueurs qui ont la chance de se retrouver avec les équipes les mieux nanties de la LHJMQ, tels les Remparts de Québec et les Wildcats de Moncton.

Il est impératif que les traitements d'un soigneur, les directives académiques d'un tuteur et les conseils d'un psychologue soient non seulement disponibles dans chacune des équipes, comme c'est déjà le cas, mais que la qualité des interventions soit équivalente peu importe l'équipe.

Il est aussi impératif que les joueurs ne soient pas mieux ou moins bien rémunérés selon la générosité ou l'avarice du propriétaire.

Représentation efficace

Les joueurs de la LHJMQ et des autres équipes de la LCH ont-ils besoin d'un syndicat ou d'une association pour s'assurer que toutes ces conditions soient respectées?

Peut-être.

S'il est difficile pour un joueur de 16 ou 17 ans de tenir tête à un coéquipier ou un adversaire de 19 ou 20 ans, il est plus difficile encore, voire impossible, de croire qu'il pourra s'imposer devant son propriétaire.

Et comme il y a des limites à ce que les parents peuvent faire et qu'au-delà de leurs bonnes intentions, on ne peut pas laisser entre les seules mains des équipes et des dirigeants des circuits le bien-être des joueurs, l'idée d'une association se défend.

Mais si ce projet va de l'avant, ce qui est loin d'être acquis, il faudra que les jeunes soient représentés d'une façon responsable et efficace. Bien plus qu'ils ne le sont présentement avec un Georges Laraque qui donne l'impression d'être plus intéressé à profiter d'une autre tribune médiatique pour faire sa promotion et celle de ses idées qu'à défendre les intérêts des jeunes.

Selon mon collègue Stéphane Leroux de RDS, qui entretient les meilleurs liens avec les joueurs de la LHJMQ parmi la communauté journalistique, ces derniers sont d'ailleurs loin de se bousculer pour signer, en cachette de leur propriétaire, une demande de syndicalisation.

Dans l'un de ses plus grands monologues, Yvon Deschamps a démontré par l'absurde l'importance de la syndicalisation des «petits» travailleurs québécois qui étaient exploités par leurs riches «boss».

Mais avec le manque de sérieux que ce syndicat en devenir chapeauté par Georgess Laraque projette depuis quelques semaines, on doit se contenter pour l'instant de prendre son monologue au premier degré et de se poser la question: l'Association des joueurs de la Ligue canadienne de hockey, qu'ossa donne?

Pour joindre notre chroniqueur: fgagnon@lapresse.ca