On connaît peu l'homme qui, dans deux jours, sera couronné en tant que candidat républicain à l'élection présidentielle de novembre.

Et le peu qu'on connaît de lui n'incline pas à penser que le peuple américain serait mieux servi si cet homme devait s'approprier le fauteuil de Barack Obama dans le Bureau ovale. En fait, rarement un candidat à la plus haute fonction de la nation la plus puissante aura-t-il suscité autant de questionnements, d'ambivalence et même de méfiance, avant d'être officiellement désigné. Y compris à l'intérieur de son propre parti.

Dit brutalement: Mitt Romney n'est ni aimé ni respecté.

«Personne ne sait qui est cet homme étrange, disposé à dire à peu près n'importe quoi pour être élu. L'Amérique ne votera pas pour lui et nous ne le ferions pas non plus», tranche The Economist.

Ce ne serait qu'une opinion parmi d'autres si le magazine britannique n'était l'un des médias les plus respectés au monde. Et marqué plutôt à droite, ce qui le prédispose à être un allié naturel des républicains. En Grande-Bretagne, justement, qui est le plus proche allié de l'Amérique, Romney s'est fait détester à sa première visite, amenant le tabloïd The Sun , qui n'est pas précisément marxiste, à titrer: «Mitt the Twit» - nul besoin de traduire. Chez lui, le candidat est parvenu à se chamailler avec Fox News, que plusieurs considèrent comme l'agence de pub de la droite républicaine la plus excentrée!

Poursuivons.

Les femmes n'aiment pas Romney (un différentiel de 10 points de pourcentage entre lui et Obama; sondage NBC/Wall Street Journal). Ni les jeunes: 11 points. Ni les Latinos: 50 points. Ni les Noirs: 94 points! Bref, l'homme est le symbole vivant d'un Grand Old Party devenu de plus en plus mâle, blanc, vieillissant, obsédé par des questions morales d'un autre siècle.

Qu'est-ce qui cloche avec Mitt Romney?

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D'abord, lui-même ne semble pas savoir qui il est. Jadis gouverneur du Massachusetts, Romney a réformé les soins de santé sur le mode de l'Obamacare, s'est prononcé pour l'accès à l'avortement, le contrôle des armes à feu, une taxation à peu près équitable. Or, tel un caméléon, il s'est métamorphosé et lutte aujourd'hui contre tout cela.

Mais ce n'est pas le pire.

C'est sa faiblesse de caractère, en effet, qui rebute et même fait peur. Mis sous pression (et il n'en existe pas de plus grande que celle subie par un président des États-Unis), serait-il capable de prendre des décisions à la fois rationnelles et courageuses? On en doute. «Poule mouillée», juge Newsweek. De fait, plus de la moitié de ceux qui vont voter pour lui le feront en se bouchant le nez, leur seule motivation étant de défaire Barack Obama.

Les Américains se sont libérés, il y a quatre ans à peine, d'un président qui n'était pas à la hauteur de sa fonction. Ce serait dommage qu'en novembre, ils remettent ça.