Avez-vous vu la publicité télévisée du Parti québécois sur les ressources naturelles? On y voit un gros camion qui vide sa cargaison de minerai. Et tout ce qui sort de sa benne, c'est une poignée de cailloux. «C'est-tu juste ça qui nous reste?», s'exclame un ouvrier médusé.

Cette pub est peut-être efficace, mais elle est grossière, en décrivant l'activité minière au Québec comme une vaste entreprise de spoliation. C'est le genre de message, avec ses stéréotypes et son anticapitalisme primaire, que pourrait véhiculer la CSN, ou la CLASSE si elle en avait les moyens. Hélas, elle est typique de ce qu'est devenu le discours économique péquiste.

Le PQ a changé, sous la direction de Pauline Marois. L'équilibre entre les préoccupations sociales et le développement économique a été rompu. Pourquoi? Les valeurs personnelles de Mme Marois? Des calculs politiques pour séduire la gauche? Le départ des éléments plus conservateurs du parti qui faisaient contrepoids?

Toujours est-il que le PQ qui brigue les suffrages n'est pas celui qui a dirigé le Québec pendant de nombreuses années. À la limite, il ressemblerait au PQ des années 70, sauf qu'on est rendus en 2012.

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Ce virage, on le voit dans le débat sur les redevances minières. Mme Marois veut les augmenter, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi, s'il y a une marge de manoeuvre. Mais le PQ n'a pas tenu compte des conséquences possibles de cette mesure fiscale, le risque de compromettre des projets. Et quand la chose a été soulignée par une étude de SECOR, Mme Marois s'est fâchée et a décrit cela comme du chantage. Cette hostilité envers les entreprises, on l'a aussi sentie dans le débat avec Jean Charest, quand elle a lancé: «On va laisser quelques minières s'enrichir sur le dos des Québécois!» Il n'y a pas de différence avec Amir Khadir.

Ce ne sont pas des paroles qui lui ont échappé. On le voit bien dans le chapitre économique de la plateforme du parti. «Pour favoriser la création d'emplois, le Québec doit compter autant sur les secteurs privés et public, que sur d'autres formes d'organisation économique, telles que les entreprises d'économie sociale et le mouvement coopératif.» Le mot clé, c'est «autant», qui met toutes les sources de création d'emplois sur le même pied. C'est la première fois qu'un politicien proche du pouvoir n'affirme pas que le principal moteur de la création d'emplois est l'entreprise privée.

On le voit aussi au paragraphe où le PQ résume sa stratégie. Je le cite au long, pour montrer ce qui n'y est pas. «Pour assurer notre réussite, il faut agir sur plusieurs fronts, reprendre le contrôle de nos richesses naturelles, acquérir notre indépendance énergétique, se doter de systèmes innovants de transport, créer une banque de développement économique du Québec et consolider le rôle des entreprises d'économie sociale, lutter contre les changements climatiques et protéger notre environnement, acquérir notre souveraineté alimentaire, développer nos régions, développer le Nord québécois et faire en sorte que notre état soit plus efficace.»

Cette stratégie, dispersée, est largement défensive et repose plus sur la protection des acquis que sur le développement. Mais surtout, on note une absence de tous les éléments-clés de la création de richesse. Pas un mot sur la productivité, les investissements, la formation, l'innovation. Encore moins l'effort.

Ajoutons à cela une insouciance fiscale, symbolisée par la culture du gel, particulièrement celui des tarifs d'électricité, la publication tardive d'un cadre financier, l'absence d'équipe économique.

Si Pauline Marois forme le prochain gouvernement, à moins qu'elle fasse un 180 degrés post-électoral, ce ne sera pas une bonne nouvelle pour notre développement et notre niveau de vie.