Au 31 mai 2007, le Fonds de solidarité de la FTQ avait engrangé sur papier une plus-value de 96 millions de dollars avec les 2,9 millions d'actions de Transat A.T. qu'il détenait dans son portefeuille. Aujourd'hui, cinq ans et deux mois plus tard, le gigantesque fonds syndical se retrouve dans le trou de 22 millions de dollars avec son bloc d'actions du voyagiste québécois.

Que s'est-il passé? Un, le titre de Transat A.T. [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]] s'est littéralement effondré au cours des cinq dernières années, le cours de l'action passant de 35,63$ (31 mai 2007) à quelque 3,60$ aujourd'hui. Deux, pendant que le titre chutait, le Fonds multipliait les transactions d'achat et de vente, mais avec un net penchant pour une augmentation de sa position.

Cette stratégie en apparence spéculative s'est finalement avérée perdante.

De juin 2007 à la fin mars 2008, le Fonds FTQ augmentait sa position de 470 000 actions. Le titre de Transat se négociait à cette époque à des prix fort élevés, soit de 30$ à 41$ de juin à décembre 2007; et de 23$ à 30$ au premier trimestre 2008.

D'avril 2008 au 31 mai 2011, alors que le Fonds de la FTQ était redevenu un initié et principal actionnaire de Transat, il a effectué plus de 31 transactions d'achat et 15 transactions de vente.

3 achats en avril 2008: 125 000 actions (de 20,50$ à 22,31$)

4 achats en juin et juillet 2008: 155 000 actions (de 19,75$ à 20,99$)

6 achats de janvier à mars 2009: 512 800 actions (de 7,00$ à 9,00$)

1 achat en septembre 2009: un bloc de 535 800 actions à 13,00$

5 ventes du 23 novembre au 15 décembre 2009: liquidation des 535 800 actions à des prix de 15,10$ à 16,25$

7 ventes du 15 au 23 décembre 2009: liquidation de 463 700 autres actions à des prix allant de 17,50$ à 21,51$

10 achats de la fin mars à la fin avril 2010: 823 100 actions, de 12,50$ à 13,43$

3 ventes en décembre 2010: réduction de 275 000 actions, de 17,77$ à 18,25$

7 achats en mars 2011: ajout de 500 000 actions à des prix allant de 12,40$ à 12,75$.

Le problème avec l'ensemble de ces transactions sur Transat? Bien qu'il réalisait de temps à autre des bons coups d'argent en revendant à profit des lots d'actions, le Fonds FTQ a considérablement augmenté sa position durant la période de déconfiture boursière, et ce en acquérant des blocs d'actions à des prix très élevés par rapport au cours actuel.

Résultat: le Fonds FTQ se retrouve aujourd'hui avec un bloc de 4,9 millions d'actions de Transat, soit deux millions de plus qu'en mai 2007. Le gros hic? En raison de ses nombreux achats à prix élevés, le coût moyen des actions détenues a considérablement augmenté.

Le 31 mai 2007, le bloc de 2,9 millions d'actions de Transat lui revenait à 2,09$ l'action alors que l'action valait 35,65$ sur le marché. En tant qu'actionnaire de longue date, soit depuis 1990, le Fonds avait acquis dans le passé des blocs d'actions à des prix vraiment faibles.

Malheureusement, aujourd'hui, son bloc de 4,9 millions d'actions de Transat lui revient à un coût moyen de 8,05$ l'action alors que le cours a toute la misère du monde à se maintenir autour des 3,60$ pièce. Voilà pourquoi le Fonds FTQ se retrouve maintenant aux prises avec un gros bloc d'actions de Transat qui affiche une perte sur papier de 22 millions de dollars.

Cela dit, passer d'un gain sur papier de 96 millions de dollars (mai 2007) à une perte sur papier de 22 millions (aujourd'hui) ne semble aucunement ébranler le moral de la direction du populaire fonds syndical. Lors d'une téléconférence, Michel Pontbriand (premier vice-président Finances) et Mario Tremblay (vice-président aux Affaires publiques) ont préféré attirer mon attention sur la rentable relation d'affaires antérieure du Fonds avec Transat. Une relation qui remonte à 1990. Malgré l'effondrement de l'action de Transat, ils affirment que le Fonds FTQ s'en tire avec un gain net historique de 46 millions depuis qu'il est actionnaire de Transat.

«Ce beau profit (46 209 314$) tient donc compte de tout profit et perte réalisés et non réalisés au fil du temps...», ajoute M. Tremblay. Michel Pontbriand précise pour sa part que ce profit représente le cumulatif annuel des gains et pertes déclarés depuis 1990 dans les états financiers.

Quoi qu'il en soit du passé, le bloc actuel de Transat vaut présentement sur papier quelque 22 millions de dollars de moins que son réel coût. Ça va prendre tout un envol du titre pour le ramener à la hauteur de mai 2007!