Aux premières heures de la campagne électorale, il est impossible de prédire comment elle évoluera et par quels résultats elle se conclura. On peut facilement prévoir, cependant, ce dont on entendra le plus parler pendant la campagne.

Ceux qui déplorent l'attention qu'on porte aux «clips», ces courts extraits de déclarations des politiciens qui dominent les bulletins de nouvelles, doivent se préparer à pire cette année: aux «clips» s'ajouteront les propos nécessairement sibyllins des candidats sur Twitter.

C'est ainsi que les «tweets» partisans seront scrutés à la loupe par journalistes et adversaires dans l'espoir de débusquer un commentaire maladroit qui pourrait plonger son auteur dans l'embarras. À cela s'ajouteront les anecdotes habituelles, du genre «l'autobus du parti s'est trompé de route», «trois manifestants ont chahuté le chef», «le chef a parlé devant une salle à moitié vide» et «le candidat Tremblay (par ailleurs inconnu) a dit une niaiserie».

En réaction à cette chasse aux gaffes, les organisations des partis feront tout pour contrôler les moindres détails de l'image et du message... ce qui fera rager les journalistes. Et les enjeux, dans tout cela? Les médias en parleront bel et bien. La Presse, en particulier, multipliera les reportages et analyses sur le fond des choses.

C'est là qu'intervient le devoir des citoyens. À chaque campagne électorale, derrière le spectacle conjointement offert par les politiciens et les médias, l'information substantielle est là, disponible: dans les pages des quotidiens, dans les émissions d'affaires publiques, sur de multiples sites web. Encore faut-il que les électeurs prennent la peine de les consulter. On dit souvent que la démocratie ne doit pas se résumer au dépôt d'un bulletin de vote une fois tous les quatre ans, que les citoyens devraient être entendus hors des périodes électorales. Cela devrait aussi signifier qu'avant de voter, la population a la responsabilité de prendre le temps d'écouter, de lire, de s'informer.

Comment doit-on assurer le financement des services publics? Que faire pour éviter que la dette de l'État québécois ne devienne pour la province ce qu'elle est pour certains pays européens? Comment exploiter nos ressources naturelles dans le respect de l'environnement ET le souci de la prospérité? Quel rôle le Québec peut-il, doit-il jouer dans l'évolution politique et économique de la fédération canadienne?

Autant de questions que doivent se poser les Québécois au cours de cette campagne. Comme chaque fois que les citoyens ont l'occasion (le droit, le privilège) de choisir ceux qui vont les gouverner, ces élections sont importantes. Selon les résultats du 4 septembre, l'avenir du Québec empruntera une route différente. Cela vaut certainement quelques heures de réflexion pendant le prochain mois... même si c'est l'été.