L'annonce de l'offre d'une société d'État chinoise pour acheter l'entreprise canadienne Nexen n'a pas soulevé beaucoup de vagues jusqu'à maintenant. Tant mieux. Il n'y a pas de raison pour que le gouvernement fédéral bloque la transaction. Au contraire, tout milite en sa faveur.

La Chinese National Offshore Oil Corporation (CNOOC) est détenue à majorité par l'État chinois, mais compte aussi d'importants actionnaires privés. À l'image de plusieurs géants chinois, elle fonctionne aujourd'hui à peu près comme une autre multinationale: avant tout, elle recherche le profit.

Sous l'angle de la capitalisation boursière, Nexen est la dixième entreprise canadienne de pétrole et de gaz. Cependant, pour ce qui est de la production au Canada, elle est un joueur relativement modeste, ses principaux actifs se trouvant en mer du Nord et dans le golfe du Mexique.

En achetant Nexen, CNOOC ne prendra donc pas le contrôle de l'industrie pétrolière canadienne. CNOOC ne siphonnera pas non plus notre or noir à vil prix vers la Chine. Plutôt, elle fournira à Nexen des capitaux dont celle-ci a grand besoin, notamment pour ses projets de forage en profondeur dans le golfe. Surtout, la transaction renforcera les liens entre le Canada et la Chine dans le domaine énergétique, des liens qui sont à l'avantage des deux pays.

La CNOOC a pris les moyens pour rendre son offre la plus attrayante possible. Aux actionnaires de Nexen, elle offre une énorme prime de 60% sur la valeur de l'action. L'entreprise chinoise promet de conserver à son emploi tout le personnel de Nexen. Elle établira à Calgary le siège social de ses activités nord-américaines et s'inscrira à la Bourse de Toronto.

Le premier ministre Stephen Harper a donné l'assurance que la décision du gouvernement au sujet de la transaction n'est pas prise. Comme le prévoit la loi relative aux investissements étrangers, Ottawa veut s'assurer que l'achat «comporte un avantage net pour le Canada», a dit M. Harper. De tels commentaires n'étonnent pas: le gouvernement ne veut surtout pas donner l'impression qu'il ne prend pas à coeur la souveraineté économique canadienne.

Cela dit, le Canada tient à vendre son pétrole aux Chinois afin de diminuer sa dépendance à l'égard du marché américain. En février dernier, lors de sa visite officielle en Chine, le premier ministre a déclaré qu'il voulait faire passer les relations économiques entre les deux pays «au niveau supérieur»: «Lorsqu'il s'agit de ressources énergétiques, cela signifie reconnaître que nous sommes des partenaires commerciaux naturels et que nous avons intérêt à approfondir notre relation.»

Compte tenu de cet objectif, dont l'atteinte est importante pour la prospérité du pays, le gouvernement canadien ne peut que donner le feu vert à l'acquisition de Nexen par la CNOOC.