Hier, vers 15 h, il était temps de faire un saut chez des voisins français. Dominique, Thomas et Nicolas, des mordus de natation, tous de Nice, étaient réunis pour le moment qu'ils attendaient depuis des années.

Thomas enseigne la natation au club Blue Machine de Saint-Lambert; Thomas connaît les noms de tous les nageurs ainsi que leurs meilleurs temps.

L'événement: Camille Muffat, vedette de la natation française, disputait la finale du 400 mètres, style libre. Or, Camille est entraînée par Fabrice Pellerin, un copain de jeunesse des trois apôtres. Ils connaissent Camille depuis son adolescence.

La jeune fille a pris les devants dès le départ et elle n'a jamais cédé sa place. Dans le dernier droit, les gars se tordaient sur le divan et poussaient des cris de douleur. Lorsque la course a pris fin, une partie des voisins de la rue Boyer a su que la France avait gagné. C'était comme lorsque le Canadien marque en séries éliminatoires, si vous vous souvenez. La rue le sait...

Le paf! du bouchon de champagne a marqué la victoire, les téléphones se sont mis à sonner, les gars cherchaient leur copain Fabrice sur l'écran...

Et puis on a vu le Québécois Charles Francis terminer septième de sa course. Je ne le connaissais pas, mais les copains français m'ont appris qu'il est de Cowansville et qu'il s'entraîne à la piscine olympique. J'avais un peu honte...

Il restait le relai 400 mètres, style libre, chez les hommes, mais les gars n'y croyaient pas. «Il faudrait un miracle...»

Je suis rentré à la maison pour travailler.

Sauf que...

Avec 50 mètres à faire, les Français étaient deuxièmes derrière des Américains qui avaient une avance importante. Mais Yannick Agnel a rattrapé le Yankee et l'a devancé. Médaille d'or, France!

Il faut savoir qu'Agnel est aussi un élève de Fabrice Pellerin.

J'ai téléphoné chez les voisins, mais je n'ai pas compris ce qu'ils disaient tellement il y avait de bruit. J'ai seulement su qu'ils retournaient à la SAQ pour un magnum.

Et que Fabrice de Nice devrait venir en visite à Montréal après les Jeux...

Les moments magiques

Le Bon Dieu a sans doute entendu mes prières parce que la première épreuve que j'ai vue des Jeux de Londres était un match de volleyball à six entre les Américaines et les Coréennes. Enfin, du vrai volleyball...

(J'évite les Roger Federer, Kobey Bryant et autres pros qu'on voit souvent... Je préfère la gymnastique, l'haltérophilie ou bien le judo, avec une toute jeune Brésilienne qui vient de loin et qui surprend la Roumaine championne olympique en titre. Elle était tellement contente de sa médaille d'or, elle pleurait tellement que j'étais presque qu'aussi ému qu'elle. Des moments magiques...)

Retour au volleyball à six... Les Américains ont remporté les deux premiers matchs facilement, mais les Coréennes ont gagné la partie suivante et elles ont chauffé les favorites jusqu'à la fin. Du grand spectacle.

Il y avait une Coréenne très, très grande, et très jolie, qui servait de canon et qui a presque coulé ses adversaires toute seule avec des smashes des enfers.

Je l'imaginais dans son village de Corée du Sud, avec ses jambes interminables, et les autres qui la regardaient d'en bas avec curiosité en se demandant d'où elle sortait celle-là. Les curiosités de village se retrouvent souvent aux Jeux olympiques...

Et je me suis surpris, comme chaque JO, à souhaiter une défaite des États-Unis. Je ne sais pas pourquoi et je sais que ce n'est pas gentil. J'ai fait des études aux États-Unis, comme boursier, et ils ont toujours été très corrects avec moi.

Pourquoi cette antipathie? Peut-être à cause de leur indifférence à tout de qui se passe hors de leurs frontières... Allez savoir.

Hier, c'était les Américains contre les Serbes en volley à six... Je comptais sur les Serbes, de vrais guerriers et des connaisseurs de volley. Mais ils n'ont pas fait le poids, battus trois matchs à zéro.

Un lecteur qui est aussi ancien joueur de volleyball universitaire me faisait remarquer que son sport a pris un virage pas vraiment agréable. Avec le temps, le jeu s'est tourné surtout vers l'attaque, plutôt que sur la défense et la finesse, avec des joueurs de 6'10.

J'aime quand même...

C'est pas du toc!

Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer d'où vient cette habitude qu'ont les médaillés olympiques de mordre leur médaille devant les caméras?

Comme un brigand prospecteur d'or...

C'est un peu con, non?