Doux Jésus que ce n'est pas facile de croire en la bonne foi des grands financiers de la planète.

Il ne se passe une semaine sans qu'un nouveau scandale financier n'éclabousse le monde de la haute finance.

Tiens! même le Saint-Siège se retrouve sur la sellette. Le Vatican a dû promettre de renforcer ses efforts en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, après la publication d'un rapport d'experts européens sur la transparence mitigée de ses finances. Le Vatican a été forcé de mettre en place une série de réformes à la suite de scandales ayant impliqué sa banque, l'Institut des oeuvres religieuses (IOR), surnommé la Banque du Vatican.

Dans un récent rapport réalisé par les experts de Moneyval, un organe du Conseil de l'Europe chargé d'évaluer les mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, on indique que le Vatican respecte 9 des 16 recommandations clés établies par le Gafi, Groupe d'action financière créé par le G7. Mais Moneyval lui attribue sept mentions négatives.

Réaction du Vatican: «Nous prenons au sérieux à la fois les louanges et les critiques contenues dans le rapport», a déclaré Monseigneur Ettore Balestrero.

Puisqu'il contrôle toutes les activités économiques dans son État de 44 hectares, le Saint-Siège évalue que les risques d'infractions liées au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme sont très faibles. Les experts de Moneyval, eux, sont d'avis contraire. Voilà pourquoi ils invitent le Vatican à procéder «à des inspections sur site et à des tests par échantillons sur des dossiers de clients» de l'Institut des oeuvres religieuses (IOR), soit la Banque du Vatican.

Rappelons qu'en 2010, des magistrats italiens ont gelé la participation de 23 millions d'euros détenue par l'OIR dans une banque italienne. L'OIR détient 33 000 comptes.

Les experts de Moneyval sont particulièrement préoccupés par les nombreux organismes à but non lucratif qui sont installés dans l'État du Vatican. Ne faisant l'objet d'aucune supervision sous l'angle du blanchiment d'argent, ces organismes contrôlent «des flux d'argent significatifs», tout en ayant «des connexions internationales».

Confession

La Banque HSBC risque de devoir payer 1 milliard de dollars d'amende pour blanchiment d'argent. Le Sénat américain vient d'auditionner six hauts responsables de la banque britannique. La Banque a présenté des excuses pour avoir aidé certains clients à blanchir des capitaux en provenance de régions parmi les plus dangereuses ou secrètes du monde, comme l'Iran, la Syrie, les îles Caïman ou l'Arabie saoudite.

Peu de temps avant, il y a eu le Liborgate, fort probablement le plus gros scandale de l'histoire du capitalisme. Alors que les traders impliqués dans le scandale du Libor risquent la prison, les banques internationales impliquées, elles, vont se retrouver avec une méchante amende. Le chef de file du scandale? La banque Barclays, de Londres, qui vient de payer une amende de 450 millions de dollars, tout en acceptant de collaborer avec les enquêteurs.

Au nombre des autres institutions bancaires soupçonnées, les médias ont rapporté les américaines JPMorgan Chase et Citigroup, l'allemande Deutsche Bank, les britanniques Royal Bank of Scotland, HSBC et Llyod, la suisse UBS et la française Société Générale.

La triche du Libor se résume à ceci: plusieurs traders de quelques grandes banques internationales s'étaient entendus pour manipuler les taux Libor et Euribor, du marché interbancaire. Ces taux d'intérêt interbancaires sont cruciaux pour le financement de l'économie mondiale. La tricherie a perduré pendant quatre années, de 2005 à 2009.

Ce sont les consommateurs et les entreprises qui ont finalement été floués par cette gigantesque fraude de taux d'intérêt. Comment? En contractant plus de 300 000 milliards de dollars de crédits indexés sur ces taux Libor et Euribor...

Des «experts» en fraude évaluent à entre 10 et 20 milliards de dollars le montant de la facture (amendes, dommages, intérêts) que devra se partager le groupe des banques impliquées dans le scandale du Libor.

Avant l'éclatement du Liborgate, nous avions eu droit au scandale de la JPMorgan Chase. La grande banque américaine a fait les manchettes à la suite de ses pertes de courtage pouvant atteindre de 5 à 9 milliards de dollars. Les traders londoniens de la JPMorgan Chase avaient effectué une série de transactions hautement complexes dans les produits dérivés.

Autre scandale américain: le FBI a mis la main au collet du fondateur et directeur général du courtier américain Peregrine Financial Group (PFGBest) qui a avoué une vaste fraude au sein du groupe, depuis tombé en faillite. Après avoir tenté de se suicider, Russell Wasendorf Sr. a confié dans une lettre d'adieu avoir falsifié durant près de 20 ans des relevés bancaires destinés aux régulateurs. Il aurait détourné 200 millions de fonds appartenant à ses clients.

L'automne dernier, le courtier américain MF Global Holdings avait déposé son bilan. Raison officielle: le courtier était aux prises avec des positions spéculatives intenables, de plus de 6 milliards de dollars, sur la dette publique de la zone euro. Mais dans les jours précédant le dépôt du bilan, plus de 1,5 milliard de dollars de flux financiers s'étaient envolés. À ce jour, les clients n'ont toujours pas revu la couleur de leur argent. Et 2000 employés se sont retrouvés sur le trottoir.

Il y a trois ans, nous avions eu droit à l'affaire Madoff et à sa fraude de 50 milliards.

Au Québec, les Vincent Lacroix, Earl Jones et cie ont floué leurs clients pour des dizaines des millions. Ce sont peut-être des petites crapules comparativement aux Madoff de ce monde, mais les victimes, elles, n'en sont pas moins atterrées.