Un peu à l'écart du Jackalope, sorte de festival des sports extrêmes, les adeptes du «parkour» volaient sur les blocs d'asphalte de l'esplanade du Stade olympique. Ils étaient isolés dans un coin, comme à gauche de la gauche ou dans la marge de la marge.

C'est que ces acrobates de ville n'achètent aucun équipement. Pas de roulettes ni de roues, pas de planches ni de vélos, leur corps est leur seul instrument. Vous les avez peut-être déjà vus au centre-ville ou dans le quartier chinois. Sinon, rendez-vous sur YouTube au mtl551. C'est à voir.

Parmi eux, un athlète extraordinaire semble enseigner aux jeunes. Mikhail Zaugolnikov, 22 ans, bondit comme un chat dans toutes les directions, il grimpe un échafaudage comme une bête gracieuse - ou comme Batman à Gotham City. Il fait des roulades et des atterrissages parfaits... toujours sur l'asphalte.

«L'efficacité et la fluidité sont les deux éléments principaux du parkour, le visuel vient ensuite. Le parkour n'est pas un sport, c'est un art de déplacement. On doit pouvoir revenir sur nos pas et se retrouver exactement au point de départ avec les mêmes mouvements faits à l'inverse. On se déplace comme un chat, c'est-à-dire par plongeons successifs.»

Mikhail et ses amis ont peut-être des difficultés avec l'orthographe, mais notre homme parle français comme on aimerait que tous nos enfants le parlent.

«Je suis du Kazakhstan. Je suis arrivé à Montréal avec mes parents à 9 ans. Je ne parlais pas français.

«Le parkour est originaire de France [ah! voilà qui explique l'orthographe], où il a été inventé par David Bell, un pompier et gymnaste. Le parkour sert d'entraînement aux pompiers français.

«Il y a aussi un parkour naturel qui se passe en forêt. On grimpe dans les arbres ou on se déplace à quatre pattes, ce qui demande un effort de toutes les parties du corps. C'est l'invention d'un autre Français, George Hébert. Mais en vérité, le parkour existe depuis toujours. Les hommes des cavernes faisaient les mêmes gestes lorsqu'ils chassaient...

«Pour le parkour de ville, le Stade olympique est un endroit idéal. On ne dérange personne et c'est un lieu public. Nos autres terrains de choix sont le centre-ville et le quartier chinois, pourvu qu'il y ait des gens tolérants. Les Chinois sont tolérants avec nous. Il a suffi de leur expliquer que nous n'étions pas là pour faire du grabuge. Maintenant, ils nous regardent et sourient...

«En France et en Russie, le parkour est permis partout et même subventionné. Pas ici. Nous n'en sommes pas là. Les gens ont peur qu'on se blesse sur leur propriété et qu'ils soient tenus responsables. Il faudrait une entente avec la Ville disant que nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive.»

Mikhail vous invite à consulter le site pkqc.ca et à surveiller les démonstrations prévues au centre-ville et au Stade olympique les 1er et 2 septembre.

La Foire Jackalobe

Un peu plus loin sur cette esplanade rénovée, repeinte et accueillante - il ne manque que des endroits ombragés pour les journées chaudes, M. Heurtel -, une foule de quelques milliers de personnes, des jeunes souvent avec leurs parents et toujours avec leur skate, participent à la fête. Des compétitions sont au programme, mais surtout des kiosques de vente pour ce petit monde qui génère beaucoup de revenus.

Des entreprises de vêtements et de casquettes pour jeunes, d'écouteurs, de verres fumés, de gadgets de toutes sortes, mais, surtout, de skateboards, des longs et des courts, des multicolores et des spectaculaires, encore des skateboards et des roulettes de skateboards.

Il y a même un kiosque du dépanneur Couche-Tard pour les slushs et autres horreurs alimentaires. Les sports extrêmes ont été récupérés par le monde des affaires.

La musique est forte, bien sûr, et les D.J. et animateurs s'égosillent dans les micros. Il y a de grandes vedettes de skate et de BMX, des idoles qui sont plus Kobe Bryant que Jean Béliveau. Les chansons qu'on entend parlent de révolution, ce qui devrait inquiéter les politiques et les gens de droite pour des années à venir.

Ils ne se laisseront pas marcher sur les pieds, ces petits...

Correction

Une erreur s'est glissée dans une chronique de la semaine dernière. Le nom du directeur du Centre de réadaptation Mont-Saint-Antoine est Jean Prémont.

Mes excuses.