Ces vieux téléphones cellulaires d'avant 2010 (!) qui traînent au fond du tiroir. Ces sacs de piles au fond du placard qu'on se promet d'aller porter un jour à l'écocentre. Ces ampoules fluocompactes, durables mais contaminées au mercure, qu'on jette aux ordures en soupirant. Cette télé préhistorique avec son écran bombé. Tous ces beaux relents très polluants de la consommation devront désormais faire l'objet d'une récupération responsable de la part des entreprises qui les fabriquent.

On retient donc, de ces nouveaux programmes de «récupération et valorisation» lancés la semaine dernière par Québec, que la gestion responsable des déchets postconsommation n'est pas seulement une affaire publique; le privé devra récupérer 20% des piles non rechargeables, 25% des rechargeables, 40% des tubes fluorescents, 30% des fluocompacts, 40% des ordinateurs, télés et autres bidules électroniques, 25% des téléphones portables et 25% des antigels et nettoyeurs à frein en aérosol qui sont mis en circulation. Ces produits s'ajoutent aux restes de peinture, par exemple, qui font déjà l'objet d'une récupération dans les quincailleries.

Pour arriver à atteindre ses objectifs, l'industrie devra prendre les moyens de récolter ces objets vétustes. Pour les piles, par exemple, 900 points de dépôts ont été identifiés. Fort bien. Mais l'étude de la carte où ces dépôts ont été installés laisse quand même planer un doute. Les succursales de Bureau en gros, de La Source et de Future Shop et les grandes quincailleries sont bien représentées. Mais où sont les pharmacies et les supermarchés qui nous vendent des piles et qui, en plus, sont des commerces qu'on fréquente plus souvent que les boutiques d'électronique?

Pour les lampes contenant du mercure, les seuls endroits qui les recueillent sont des écocentres et autres dépôts municipaux. Mais à Laval, Longueuil et Brossard, par exemple, il n'y a aucun dépôt enregistré! Et pour les appareils électroniques, seuls les Bureau en gros et les écocentres sont inscrits pour le moment.

Recyc-Québec répond que d'autres dépôts s'ajouteront au fur à mesure. Surtout, aucun commerçant ni entreprise qui désire récupérer ces matières ne sera refusé. Il faut donc espérer que plusieurs feront les démarches nécessaires pour participer à l'effort de récupération. Et que les citoyens, dont plusieurs ont déjà du mal à séparer les matières recyclables et compostables du reste des poubelles domestiques, se donneront la peine d'aller porter ces déchets au bon endroit...

Mais il ne faudra pas s'arrêter en si bon chemin. Si on s'occupe de la «récupération», il faudra définir un jour ce que «valorisation» veut dire. Le cuivre dans les vieux ordinateurs est récupérable. Le plastique, lui, ne l'est toujours pas. Le jour où les fabricants seront tout aussi responsables de mettre en marché des produits dont les composantes pourront être recyclées en fin de vie, on aura véritablement un règlement conséquent.