Avec toutes les manifestations sportives, culturelles et politico-sociales qui jouaient du coude dans les rues de Montréal au cours d'une trop rare belle fin de semaine, il est bien possible que la finale de la Coupe Stanley ait été un peu oubliée samedi.

Si c'est le cas, et que vous avez décidé de prendre un bain de foule, ou un bain tout court, je vous invite à revenir faire un tour. Parce qu'en forçant la tenue d'un sixième match qui sera disputé ce soir à Los Angeles, les Devils du New Jersey se sont assurés de nous donner une finale.

Comme plusieurs, je ne donnais pas cher de la peau des Devils lorsqu'ils ont bêtement laissé les Kings prendre les devants dans la série, 3-0. J'ai même été un brin déçu lorsque Martin Brodeur a refusé d'abdiquer lors du quatrième match et qu'il a blanchi les Kings pour éviter le balayage.

Pourquoi retarder ainsi l'inévitable élimination?

Parce que rien n'était encore joué, a répondu Brodeur.

Le gardien québécois, en quête d'une quatrième Coupe Stanley pour célébrer ses 40 ans, s'est dressé encore samedi soir à l'occasion du meilleur des cinq matchs présentés en grande finale.

Voilà donc les Devils de retour. Et pas juste pour sauver la face. Que non! Ils sont de retour pour vrai.

Toute la pression sur les Kings

Les Kings auraient dû gagner samedi, pour deux raisons. La première est bien simple: ils ont mieux joué que les Devils. Ils ont attaqué sans relâche (60 tirs décochés, dont 26 seulement cadrés) alors que les Devils se sont défendus comme en témoignent leurs 38 tirs tentés, dont 19 seulement ont touché la cible.

N'eût été de l'erreur de Jonathan Quick, qui a eu pitié de Zach Parise et lui a permis d'enfiler son premier but - son tout premier point - de la finale, de Slava Voynov qui a déjoué son gardien pour une deuxième fois en cinq matchs, et de Brodeur, les Devils et leurs fans auraient regardé les Kings soulever la Coupe Stanley.

Peut-être que les Kings voulaient partager le plaisir d'une première conquête avec leurs partisans. Si tel est le cas, ça pourrait leur jouer un tour.

En effet, pour la première fois de la finale, pour la première fois des séries, les Kings ont maintenant de la pression sur le dos. En fait, ils l'ont toute.

Une fois seulement - c'était en 1942 lorsque les Maple Leafs de Toronto ont fait le coup aux Red Wings de Detroit - une équipe a comblé un déficit de 0-3 pour soulever la Coupe Stanley. Et comme c'est arrivé deux autres fois dans des rondes éliminatoires précédentes dans l'histoire de la LNH, les Devils n'ont rien à perdre et tout à gagner.

Les Kings, eux, ont tout à perdre. Absolument tout. Invaincus à l'étranger avant leur défaite de samedi, les Kings pouvaient égaler le record des Oilers d'Edmonton, qui n'ont eu besoin que de 18 matchs pour gagner la Coupe en 1988. Ce record ne compte plus. Comme les performances exceptionnelles de Quick. Plus rien ne compte dans le camp des Kings, à l'exception de la dernière victoire nécessaire pour gagner la Coupe Stanley.

Vrai qu'ils ont encore deux chances d'aller la chercher, cette victoire. Mais s'il fallait qu'ils n'y arrivent pas, les Kings passeraient à l'histoire pour des raisons tout à l'opposé de celles que nous avions commencé à défiler pas plus tard que la semaine dernière.

Ça promet pour ce soir... et peut-être aussi pour un septième match.

Québec garde espoir...

Pendant qu'il faut être fans des Devils ou des Kings, journalistes ou souffrir d'une crise aigüe de «sports de salon», les disciples du retour des Nordiques à Québec ne lâchent pas prise.

Ils envoient des ondes positives en direction de Glendale, où l'Institut Goldwater (GWI) tentera de faire annuler aujourd'hui le vote tenu vendredi qui semblait avoir ancré les Coyotes en Arizona pour les 20 prochaines années. Chien de garde des dépenses publiques, l'Institut Goldwater a été incapable de retarder le vote par lequel le conseil municipal de Glendale - par 4 voix contre 2 - a entériné le contrat de gestion liant le propriétaire éventuel, Greg Jamison, et la municipalité. Un contrat garantissant à Jamison un revenu de 300 millions pour la gestion du Jobing.com Arena pour les 20 prochaines années.

«Nous serons en cour dès lundi [aujourd'hui] pour faire annuler ce vote qui a été tenu de façon illégale, puisque tous les documents nécessaires à la saine évaluation du dossier n'ont pas été produits», a indiqué Starlee Rhoades, l'une des vice-présidentes de l'Institut sur les ondes d'une radio de Glendale.

Même si les amateurs de hockey de Québec, la Ville et le groupe Québecor ont deux prises contre eux dans ce dossier, ils ne sont pas morts encore. Non seulement le GWI pourrait gagner une autre bataille juridique aujourd'hui, mais il peut encore gagner la guerre comme il l'a fait l'an dernier en faisant avorter la transaction liant Glendale et l'investisseur Matthew Hulsizer.

Mais ce n'est pas tout: si le GWI frappe dans le vide devant le tribunal, il n'est pas encore acquis que Jamison sera en mesure d'assembler le montage financier nécessaire pour compléter l'acquisition des Coyotes au coût de 170 millions.

On verra!

En passant, est-ce que je suis le seul à trouver ironique que les apôtres du retour du hockey à Québec qui s'accrochent et encouragent le GWI dans sa quête de mettre des bâtons dans les roues de la LNH pour éviter le gaspillage de fonds publics, soient les mêmes qui pourfendaient ad nauseam Denis de Belleval lorsqu'il tentait pourtant de faire exactement la même chose à Québec?