Lors d'une rencontre avec la ministre de l'Éducation lundi, les représentants des enseignants de cégep ont demandé la mise en place de mesures visant à amortir l'impact, pour leurs membres, de la charge de travail supplémentaire provoquée par la reprise du trimestre d'hiver en août et septembre prochains. Cette revendication est-elle aussi révoltante qu'elle le paraît à première vue?

Les professeurs de collège ne sont pas des victimes innocentes de la grève étudiante. Par le biais de leurs syndicats, ils ont pris fait et cause pour le mouvement étudiant. Ils l'ont encouragé et appuyé concrètement, plusieurs participant aux manifestations et aux piquets de grève. De ce fait, dans la douzaine d'établissements où les cours ont dû être reportés à la fin de l'été, les profs se sont en quelque sorte donné trois mois de congé. Et aujourd'hui, ils voudraient qu'on les compense parce qu'ils devront reprendre le temps perdu? Franchement!

Pourtant, certaines demandes de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ) sont justifiables. Par exemple, des professeurs ne pourront reprendre leurs cours où ils les avaient laissés en février parce qu'ils ont pris leur retraite ou sont en congé de maternité. Évidemment, ceux-là devront être remplacés.

Les nombreux enseignants non-permanents dont les contrats expireront le 15 juin prochain devront se voir offrir de nouveaux contrats si l'on veut qu'ils travaillent dès la mi-août. Les représentants syndicaux pourraient toutefois se montrer raisonnables au sujet de la rémunération; il faut tenir compte du fait que ces enseignants ont été en congé (plus ou moins forcé) pendant plusieurs semaines.

Le cas des profs permanents est plus délicat. La partie patronale a compris qu'ils demandaient d'être payés en plus pour le travail supplémentaire qu'ils devront accomplir. La FNEEQ prétend que telle n'est pas sa revendication, qu'elle souhaite plutôt l'embauche de professeurs additionnels pour la session accélérée (jusqu'à 1000!). Une telle mesure permettrait à chaque enseignant d'avoir la responsabilité d'un plus petit nombre de groupes. Les professeurs pourraient ainsi mieux encadrer les étudiants dans un contexte d'enseignement intensif.

Bien que le nombre de 1000 professeurs soit grossièrement exagéré, il pourrait en effet être utile d'ajouter des ressources afin que les étudiants puissent bénéficier de la meilleure formation possible dans cette situation particulière. Toutefois, dans la détermination du nombre de professeurs à embaucher, seuls des critères d'ordre pédagogique devraient être employés. Il ne saurait être question de ramener la tâche des enseignants en août-septembre à celle d'un trimestre normal.

Les profs doivent accepter de subir les conséquences de leur appui à la grève étudiante. Sinon, cet appui n'aura été qu'une solidarité de pacotille.