Notre monde change, comme on sait, mais pas tellement. Lorsque j'étais affecté à la couverture des Alouettes et du Concorde (qui se souvient du Concorde et de Joe Galat?), nous étions accueillis à l'entraînement chaque matin avec une boîte de beignes Dunkin Donuts. À mon retour chez les Alouettes hier, c'était des beignes Tim Hortons, multicolores et brillants de sucre.

Les entraîneurs américains en mangeaient tous les matins et les chercheurs américains prédisent qu'en 2030, 42 % de la population des États-Unis souffrira d'obésité.

Nous n'étions pas au Stade olympique pour les beignes, hier, mais bien pour parler football, plus précisément pour une opération charme.

Après l'ouragan Ray Lalonde, les Alouettes ont besoin de retourner voir leur clientèle s'ils ne veulent pas être complètement écartés par l'Impact, la nouvelle coqueluche des amateurs de sport montréalais.

Les Alouettes nous ont d'abord présenté leurs choix au repêchage canadien, puis les sept quarts-arrières d'universités canadiennes invités pour quelques jours au camp d'entraînement.

Les quarts-arrières canadiens jouent rarement dans la Ligue canadienne. Quand j'étais petit, il y avait Russ Jackson. Plus tard, Gerry Dattilio. Ils ont été les deux plus marquants.

Quand les équipes de la LCF repêchent un quart-arrière, comme Marc-Olivier Brouillette, des Carabins, ou encore Mathieu Bertrand, de Laval, ils l'utilisent à une autre position. Le tout-puissant Jim Popp nous a reçus hier et il n'a pas essayé de nous raconter des histoires. Il s'agit bel et bien d'une promotion.

Puis, cette encyclopédie du football nord-américain a livré sa pensée sur les quarts canadiens. Le monsieur est très intéressant...

«Ce n'est pas une question de talent ou de qualités athlétiques, mais avant tout une question économique. Aux États-Unis, le football scolaire et universitaire est une énorme machine à faire de l'argent. Plus que le football professionnel.

«Les jeunes footballeurs reçoivent une formation dont les Canadiens ne peuvent que rêver. Et puis il y a d'autres raisons, comme le climat. Les quarts-arrières qui veulent faire carrière déménagent dans le sud des États-Unis, où ils peuvent s'entraîner 12 mois par année. Au Canada, le gros des ressources et des efforts est investi dans le hockey.

«Les Alouettes veulent participer au développement du football local, qui va très bien. Nous offrons aux jeunes quarts quelques journées avec des professionnels, avec Anthony Calvillo et Marc Trestman, un spécialiste des quarts-arrières.»

Merci pour la franchise, M.Popp.

Parmi les invités se trouve Jonathan Collin, de McGill. Il y a deux ans, les Redmen comptaient sur ce surdoué pour relancer leur club. Mais Collin s'est gravement blessé à une cheville tout au début de la saison. Après deux années de réadaptation, il repart à neuf.

«J'ai surtout hâte de parler avec Anthony Calvillo et Marc Trestman. J'ai beaucoup de questions à leur poser. À cause de ma blessure, je n'ose pas penser au football professionnel tout de suite. Pour le moment, j'ai très envie de rejouer au football et d'aider mon équipe. Je pense à jouer, c'est tout.»

Bonne chance, jeune homme.

Record Guinness

Mais le grand événement au Stade olympique n'avait pas lieu dans les couloirs sous-terrain. Il avait lieu sur la mezzanine extérieure du deuxième niveau, celle-là que la nouvelle direction de la RIO veut faire revivre.

Pas moins de 2500 écoliers de milieux défavorisés préparaient leur spectacle d'après-midi. Ces jeunes de huit écoles participent au programme Persévérance scolaire, un cours de musique intégré à leur horaire et organisé par Samajam, organisme financé par une série d'entreprises québécoises.

Ça chantait, dansait et riait à 2500 et c'était beau à voir. Samajam leur apprend surtout la percussion et le Gumboot, une danse, une «percussion sur corps humain», comme l'a bien décrit une organisatrice.

On l'appelle Gumboot parce qu'on danse généralement en bottes de caoutchouc, ou bottes à tuyaux, comme on dit par chez nous.

Un Gumboot à 2500, ça ne s'était jamais vu. Si tout va bien, il sera donc homologué dans le Livre des records Guinness.

Je n'ai pas vu beaucoup de médias à cet événement, par contre. Ils étaient pourtant nombreux chez les Alouettes.

Notre monde change, mais pas tellement.