Après avoir refusé pendant plus de trois mois de céder sur ce point, le gouvernement Charest a finalement accepté de diminuer la hausse des droits de scolarité qu'il avait annoncée dans le budget de 2010-2011. Ce recul, qui se concrétisera s'il y a entente avec les associations étudiantes, illustre à quel point le gouvernement libéral est aujourd'hui affaibli, au point de sortir perdant d'un dossier où il avait pourtant, au départ, l'appui de la majorité de la population.

Le gouvernement se défendra en disant que la diminution de la hausse ne coûtera rien aux contribuables puisqu'elle sera compensée par une baisse du crédit d'impôt pour frais de scolarité. Pourtant, au plan politique, la capitulation ne fait aucun doute.

Ceux qui s'opposaient à la hausse des droits de scolarité se réjouiront de l'écrasement du gouvernement. Nous ne sommes pas de ceux-là. La hausse était parfaitement justifiable; elle était même nécessaire. Sûr du bien-fondé de sa décision, certain du soutien populaire, le gouvernement a dès le début de la grève étudiante opté pour la fermeté; pourquoi devait-il négocier avec les jeunes militants alors qu'il ne le fait pas avec d'autres contribuables mécontents?

Face à des porte-parole étudiants très éloquents, l'équipe ministérielle a vite perdu la bataille des communications. Bien qu'au cours du conflit, le gouvernement ait présenté des offres substantielles, améliorant sensiblement la situation des étudiants les plus pauvres, la perception qu'il refusait de négocier s'est installée.

Plusieurs Québécois réclamant que Québec sonne la fin de la récréation, le gouvernement a présenté un projet de loi bâclé, qui n'a toutefois rien de la mesure répressive qu'on a décriée un peu partout. Les sondages ont montré qu'entre 6 et 7 Québécois sur 10 en approuvaient les principales composantes. Cependant, sur l'ensemble de l'oeuvre, les gens étaient beaucoup plus tièdes. Encore là, les libéraux ont été déclassés au plan des communications; l'idée que la loi 78 est digne de la Russie de Poutine s'est imposée.

Certes, le gouvernement Charest faisait face dans ce dossier à l'habituelle et habile coalition des partisans de la cryogénisation du modèle québécois: jeunes, artistes, syndicats, écologistes. Mais s'il avait bien joué ses cartes, le gouvernement aurait pu faire fi de cette opposition prévisible; c'est lui, après tout, qui défendait l'intérêt des contribuables. S'il n'y est pas parvenu, c'est parce que, comme dans d'autres dossiers délicats dans le passé, il n'a pas su faire passer son message.

C'est aussi parce que les Québécois, au fil de neuf années d'un règne tumultueux, ont perdu toute confiance en Jean Charest et son équipe. Usé, enveloppé d'odeurs nauséabondes, ce gouvernement a de plus en plus de mal à gouverner. C'est pourquoi, dans l'intérêt du Québec, on doit donner dès que possible aux citoyens la possibilité de se prononcer sur la suite des choses.