On dirait que le fait de savoir tenir un volant ou bien rôtir un poulet vous rend automatiquement apte à diriger un pays...

Souvenez-vous d'Alexandre Tagliani qui nous traitait presque d'abrutis parce que notre gouvernement hésitait à investir une partie de nos impôts dans la course de NASCAR...

Il disait que nous ne nous rendions pas compte de notre privilège, pauvres cons que nous sommes, mais c'était surtout du sien dont il parlait.

Et voilà que ça recommence avec les marchands du centre-ville, Alain Creton en tête, Carlos Ferreira pas loin derrière. Ils nous apprennent que ce n'est pas comme ça que le Québec doit vivre, avec des jeunes qui osent contester plutôt que rentrer en classe la queue entre les jambes. Des jeunes qui osent nuire à la F1, le «plus grand événement de marketing au monde», selon Ferreira qui ne craint pas l'exagération.

Ces deux messieurs sont probablement très gentils, bien intentionnés, mais ils devraient se contenter de badigeonner leurs poules plutôt que de nous faire la leçon.

On le sait, on nous l'a répété mille fois, la F1, c'est payant, ça rapporte à la ville d'énormes sommes (jamais prouvées), le monde entier nous regarde et il ne faudrait pas passer pour des casseux de party...

Et si on imposait à ces deux hommes d'affaires une baisse des prix faramineux à leurs restaurants, avec une loi spéciale, mettons, est-ce qu'ils accepteraient sans rechigner? Est-ce qu'ils rentreraient dans leur cuisine sans protester?

Je ne crois pas...

La grande visite

Côté soccer, par contre, personne ne boude.

Après nous avoir annoncé un match amical Juventus-PSG le 31 juillet, voici que l'Impact s'en mêle en présentant un match Montréal-Olympique de Lyon, un des clubs les plus prestigieux de France et d'Europe, le 24 juillet.

Ces événements sortent de l'ordinaire. On ne parle pas ici d'un but de Travis Moen. Vous vous souvenez de Travis Moen? Honnête travailleur, bon joueur d'équipe... eh bien, il est toujours avec le CH, je crois.

Ces deux nouvelles en une semaine devraient réjouir les 44 000 Français qui habitent Montréal (dont 43 975 dans le Plateau-Mont-Royal).

Le seul inconvénient encore: fin juillet, aurons-nous envie du Stade olympique ou de la Gaspésie? De ballon rond ou de couchers de soleil?

Go Lucian!

Plus que deux dodos avant le grand combat de Lucian Bute à Nottingham... Je me suis énervé un peu et j'ai déjà misé un cinq sur notre Roumain préféré.

Il entrera dans une sorte de fosse aux lions en Angleterre, mais je connais le monsieur depuis son arrivée chez nous. Derrière l'intelligence et la gentillesse, Lucian Bute n'a peur de rien, même pas d'aller au pays de hooligans, ce qui avait surpris son adversaire Carl Froch, le héros de Nottingham.

Froch joue toujours les matamores, il a recommencé hier, mais chaque fois que Bute a été menacé dans le passé, il répondait avec un sourire de prédateur: «Samedi soir, on sera tous les deux dans l'arène. Tous les deux tout seuls... Le reste ne comptera pas.»

Ne faites jamais fâcher un Roumain...

Le jour et la nuit

C'était mardi dernier, vers 18h, rue Rachel où la grande manifestation venait s'échouer. Les fins de manifs, quand la longue marche a épuisé les participants, produisent une drôle d'ambiance... Comme si on passait calmement à autre chose, satisfait et soulagé, après avoir fait sa montée de lait.

Le café-restaurant où je me trouvais s'est tout à coup empli à craquer. Les policiers, sans casque, mais en uniforme complet, faisaient gentiment la file avec les manifestants, pour un sandwich, pour une lasagne...

Aucun regard de travers, aucune mauvaise onde, c'était même un peu joyeux. Encore là, une sorte de soulagement.

On passait tous à autre chose et cette autre chose, c'était la bouffe. Plus rien de compte quand on a faim.

Je me suis dit que j'étais très fier des Montréalais. 200 000 personnes et pas un incident violent... Quand même...

Hier matin, les nouvelles parlaient de 100 arrestations pendant la nuit.

La journée commençait mal...