Pierre-Luc Hinse, 24 ans, est le premier Québécois à mériter un poste en simple dans l'équipe olympique canadienne de tennis de table.

Quel sport merveilleux, n'est-ce pas? Et je ne parle pas de vous dans votre sous-sol contre votre beau-frère. Je parle des joueurs qui se trouvent à 10 mètres de la table et qui remettent la balle dans le petit carré vert de l'adversaire. Une, deux, trois fois... avec des effets hallucinants.

«Quand un joueur s'est éloigné de la table, c'est bon pour le spectacle, mais ça veut dire qu'il est en difficulté.

«Il faut être capable de résister au début de la partie. Il y a le service, votre balle de retour et puis ce qu'on appelle la première balle. Les Chinois mettent beaucoup de pression dès le début de l'échange, qui peut être très court. Ils ont de très bonnes premières balles.

«C'est une petite balle qui va à plus de 100 km/h et si on n'est pas en bonne posture dès le départ, on doit se mettre sur la défensive. C'est déjà un problème. Il faut être complètement concentré.

«Contrairement au tennis, le service de tennis de table n'est pas une affaire de puissance. L'important, c'est l'effet, la précision et la variation. Les Chinois jouent avec beaucoup plus d'effets que nous à cause du «tapis» chinois (ou revêtement de la raquette). Après le service, le tapis chinois est beaucoup plus difficile à maîtriser que le nôtre. Si j'avais su, j'aurais commencé tout jeune avec un tapis chinois. Maintenant, c'est trop tard pour apprendre...»

Toujours les Chinois

Les Chinois, bien sûr, les meilleurs pongistes du monde, suivis des Japonais, des Sud-Coréens et des Allemands... Les autres membres de l'équipe masculine canadienne s'appellent Andre Ho et Hong Tao Chen. Wang Zhen se joindra à eux s'il obtient son passeport canadien à temps pour les Jeux de Londres.

Pierre-Luc a interrompu ses études en anthropologie à l'Université d'Ottawa pour s'offrir une année olympique. Avec ses coéquipiers, il s'entraîne deux fois par jour, entre deux heures et demie et trois heures chaque fois. Onze entraînements par semaine.

«On s'entraîne tellement que les longs coups qui vous épatent deviennent naturels. On s'habitue, même s'il faut éviter de se trouver dans cette situation. On s'exerce à se sortir d'embarras.

«Les Chinois commencent à jouer très jeunes et ils subissent un entraînement quasi militaire. Ils sont soumis aux entraîneurs comme un soldat à son officier.

«Le tennis de table est un sport sous-estimé. En une journée de tournoi, nous dépensons autant d'énergie que pour un marathon. Sauf que nous devons faire des arrêts et des départs brusques.»

Pierre-Luc est classé environ 300e au monde. «Je peux jouer avec des Chinois. Nous avons affronté dernièrement l'équipe d'une province de Chine. De très bons joueurs, mais pas les meilleurs de leur pays. J'ai quand même remporté tous mes matchs.

«À Londres, mon objectif est de gagner quelques parties contre des bons joueurs. Peut-être une médaille d'équipe si Wang Zhen se joint à nous. En 2008, le Canada avait été sorti tôt dans le tournoi. Un K.-O. rapide, en fait. J'étais là comme joueur substitut.»

Un sous-sol à Mont-Saint-Hilaire

On commence à jouer au ping-pong dans le sous-sol de la maison familiale, je suppose...

«Je préfère le tennis de table au ping-pong...

«Oui, mon père a acheté une table pour notre sous-sol à Mont-Saint-Hilaire. J'ai commencé à jouer avec lui, mon frère et nos amis.

«À 9 ans, je me suis acheté une raquette neuve et le vendeur m'a remis un coupon pour participer à un tournoi. J'ai eu la piqûre.»

Et puis c'était l'un de ces merveilleux programmes sport-études qui ont produit tellement de nos meilleurs athlètes de compétition...

«J'étais à l'école Saint-Exupéry et on s'entraînait au complexe Claude-Robillard. Jean-Baptiste Bertrand a été longtemps mon entraîneur. Il m'a appris à jouer.»

La raquette, et non pas la «palette» de tennis de table, de compétition coûte environ 300 $, si jamais ça vous intéresse. Il faut d'abord choisir le bois et puis le «tapis».

Enfin, sachez que Pierre-Luc parle aussi vite qu'il joue au tennis de table. Il faut lui demander de ralentir.

On s'est quittés sur une question: «Pensez-vous, monsieur, que Patrick Roy sera l'entraîneur du Canadien?»

Peu importe, Pierre-Luc. Concentre-toi sur la balle et bonne chance...

Photo: AP

Pierre-Luc Hinse a interrompu ses études en anthropologie à l'Université d'Ottawa afin de pouvoir participer aux Jeux olympiques de Londres.