Debouts, inquiets, les mains sur la tête, un oeil sur l'action et l'autre sur le cadran pour voir combien de temps encore leur supplice allait durer, les partisans des Rangers de New York se sont mis à danser et à hurler plus fort qu'ils ne l'avaient fait tout le match durant lorsque Sergei Gonchar a pris la direction du banc des pénalités.

Avec 36 secondes à faire en troisième, les Sénateurs d'Ottawa, qui avaient tout fait sauf niveler le score au cours des 10 à 12 dernières minutes, allaient maintenant manquer de temps. C'était clair. En désavantage numérique, victimes d'une mise en jeu dans leur territoire, incapables de rappeler Craig Anderson au banc à la faveur d'un attaquant supplémentaire, les Sénateurs ont quand même donné un coup. Un grand coup dans l'eau. Car les 36 dernières secondes n'étaient plus qu'une formalité.

Sur le qui-vive depuis le début de la dernère période, les partisans des Rangers pouvaient enfin souffler et savourer la victoire de leurs favoris. Une victoire de 2-1 signée Henrik Lundqvist, qui a été sensationnel à son bout de patinoire en stoppant 26 des 27 tirs des Sénateurs.

Cette victoire, la première des Rangers dans un septième match de séries éliminatoires depuis celle qui leur avait permis de soulever la Coupe Stanley en 1994 dans une finale qui les opposait aux Canucks de Vancouver, élimine les Sénateurs. Des Sénateurs qui ont surpris bien du monde pour se qualifier en séries. Des Sénateurs qui se sont aussi bien battus en poussant leur duel à la limite des sept matchs.

Soulagement à la LNH

Pendant que le Madison Square Garden vibrait au rythme de cette victoire des Rangers, un peu plus haut dans Manhattan, dans les bureaux de la LNH au coin de «47th street et 6th avenue», ça devait fêter aussi.

Victime d'une série de surprises intéressantes pour le hockey, mais pas le moindrement pour le marketing de la LNH et de son partenaire américain NBC, Garry Bettman était maintenant assuré de compter sur les Rangers en deuxième ronde. Les Rangers affronteront les Capitals de Washington.

Après les pertes de Detroit, Boston et Pittsburgh en première ronde, la LNH et NBC pouvaient difficilement perdre les Rangers.

Une élimination des Rangers aurait laissé les Flyers de Philadelphie orphelins au sein du groupe de clubs que le LNH et NBC mettent en ondes pour attirer de nouveaux fans vers le hockey.

Oui, les Kings de Los Angeles évoluent dans un très gros marché. Mais ce n'est pas un aussi bon marché de hockey que le sont ceux de New York, de Philadelphie et de Detroit. Et le marché de New York est bien meilleur quand les Rangers y sont en vitrine que lorsque les Devils ou les Islanders s'y trouvent. Quant aux Penguins, leur valeur dépasse les paramètres du marché de Pittsburgh en raison de la présence de Sidney Crosby.

La présence de Claude Giroux et des Flyers peut faire contrepoids à l'absence de Sidney Crosby et des Penguins. Mais si les Sénateurs avaient chassé les Rangers du portrait des séries, la fête à Ottawa et dans les bureaux de la CBC, n'aurait eu d'égale que la consternation dans ceux de la LNH et de NBC.

Le dernier match d'Alfie?

Lorsque j'ai suggéré à mon boss de me donner le feu vert pour mettre le cap sur Boston et New York afin d'être le témoin privilégié des deux matchs décisifs, je n'y avais pas pensé. C'est une fois dans le train roulant doucement en direction de Penn Station jeudi matin que j'ai réalisé que je pourrais assister au dernier match en carrière de Daniel Alfredsson.

Je sais: Alfie a encore une année à écouler à son contrat. Et j'espère qu'il l'écoulera. Car non seulement Alfredsson est encore capable de tenir son bout dans la LNH et de bien le tenir, mais il est toujours un valeureux capitaine dont l'exemple ne pourra qu'être bénéfique aux nombreux jeunes qui se sont greffés cette année et se grefferont l'an prochain aux Sénateurs.

Mais les blessures commencent à miner le corps et le moral de celui qui est la pierre angulaire de cette équipe depuis déjà 18 ans.

J'ai assisté au premier camp d'entraînement d'Alfredsson. À son premier match, au premier de ses 416 buts en saison régulière, à sa conquête du trophée Calder à titre de meilleure recrue de la LNH en 1996-1997.

J'aurais bien aimé le voir soulever la coupe Stanley. Mais bon! À défaut de la soulever, il a pu la regarder de près en 2007 lorsque les Sénateurs n'ont pu faire le poids contre les Mighty Ducks d'Anaheim en grande finale.

Que fera Alfie? J'espère vraiment qu'il va jouer. À le voir trimer dur comme il l'a fait tout le match hier, à le voir offrir une passe parfaite à Milan Michalek dans l'enclave alors qu'Ottawa se défendait à court d'un homme, il était clair qu'Alfredsson est encore un grand joueur de hockey.

Mais en le voyant quitter la patinoire, tête basse, le bâton appuyé sur ses deux genoux, je ne pouvais m'empêcher de croire que c'était peut-être la dernière fois qu'il quittait la patinoire.

Si l'élimination des Sénateurs par les Rangers hier soir coïncide avec le dernier match d'Alfredsson en carrière, je pourrai dire que 17 ans après avoir assisté à son premier but marqué en séries, j'aurai aussi été témoin de son 47e et dernier. Une mince consolation, mais une consolation quand même...