Après plusieurs mois de difficultés, reflétées par une chute catastrophique dans les sondages, la Coalition avenir Québec a tenu en fin de semaine, à Victoriaville, un congrès de fondation sans anicroche. Pour un parti naissant, l'exercice était périlleux.

Des problèmes techniques, une salle à moitié vide ou des déclarations malheureuses auraient pu tout faire déraper. Or, pour l'essentiel, tout s'est passé rondement. Les militants étaient enthousiastes de se trouver enfin réunis. Ils ont doté le parti d'un premier programme. Et le chef, François Legault, a conclu le tout avec ce qui fut, de loin, son meilleur discours depuis son retour en politique.

Dans la mesure où la CAQ réussit à le faire connaître, le programme voté samedi est susceptible de plaire à beaucoup d'électeurs. D'abord, l'idée centrale de la Coalition ne peut que séduire: mettre un terme à la division fédéralistes-souverainistes pour s'attaquer à des questions pressantes. «L'urgence est dans notre capacité de se regrouper et de sortir de l'immobilisme qui nous afflige depuis trop longtemps», a expliqué M. Legault.

Selon les caquistes, les Québécois doivent se rassembler pour régler une fois pour toutes les problèmes qui affectent la province depuis des années, notamment les faiblesses des systèmes de santé et d'éducation. Comme la majorité de la population, la CAQ ne veut pas réduire le rôle de l'État, elle veut rendre l'État plus efficace, ce qui veut dire moins de structures, plus de services. «Si on veut relancer le Québec, la première étape incontournable, c'est de mettre de l'ordre dans notre maison», affirme le chef.

Comme un grand nombre de Québécois, la CAQ est résolument nationaliste mais ne veut rien savoir de nouveaux débats constitutionnels ou d'un troisième référendum. Comme la plupart des Québécois, la CAQ veut que le gouvernement soit plus énergique dans sa défense de la langue française.

Le congrès a aussi permis à ceux qui étaient sur place de découvrir un côté de François Legault que seuls ses proches connaissaient. On l'a vu pleurer en présentant sa mère, ravaler un sanglot en parlant de sa conjointe, Isabelle Brais. C'était trop spontané pour être du théâtre; le chef de la CAQ n'est pas qu'un homme de chiffres.

Bien des commentateurs ont déjà rédigé le certificat de décès de la Coalition avenir Québec. Pourtant, le congrès de la fin de semaine a démontré que le parti a pris forme, qu'il compte sur une bonne base de militants et sur une organisation professionnelle. Cette étape cruciale franchie, le principal défi de la CAQ est de regagner la crédibilité perdue au fil des mois. Si elle réussit à le faire, elle pourrait menacer à nouveau les deux «vieux partis», tellement elle offre ce que les Québécois désirent: un véritable changement.