Ainsi donc, Geoff Molson a fait parvenir à Michael Cammalleri le chandail du Canadien que ce dernier a porté. Avec une note qui disait «en souvenir» de son passage à Montréal.

Cammalleri a apprécié et l'a fait savoir au grand public. Il avait demandé le maillot à Pierre Gauthier avant de partir, mais le DG voulait le lui vendre 1250$. (Franchement, ce monsieur Gauthier, s'il était dans un film, il serait Darth Vader. On raconte qu'à Ottawa, il a limité le nombre de biscuits dans la salle de presse à un par journaliste.)

Un collègue anglophone a fait remarquer que des petits gestes délicats comme celui de Geoff Molson pouvaient aider à attirer des joueurs autonomes à Montréal. Vrai. Les petits potins de ce type font vite le tour de la LNH et il n'y a rien de plus susceptible qu'un hockeyeur célèbre et millionnaire.

Personnellement, je saurais convaincre un hockeyeur des attraits de notre belle région. Je lui parlerais de bon sirop d'érable, de poutine, de Chez Parée, de Star Académie, d'une place ou deux de stationnement juste pour lui, de la rue Crescent, de boutiques européennes et de luxe pour madame - luxe serait un mot clé de mon discours, je le répéterais souvent -, de la fabuleuse épopée des Bleuets et de toutes sortes de choses gratuites... Il n'y a rien de plus pingre et capricieux qu'un hockeyeur célèbre et millionnaire. (Pas tous, mais un bon nombre.)

Sauf que les hockeyeurs ne vivent pas souvent à Montréal. Ils habitent dans des banlieues et quartiers chics, ils vivent en retrait, ils ne sortent pas beaucoup et quand ils le font, ils ne vont pas aux mêmes endroits que le commun des Montréalais. Alors quand ils nous disent que Montréal est une ville fantastique, ne les croyez surtout pas, ils connaissent très peu de choses de Montréal.

Et si je disais le fond de ma pensée, si je voulais vraiment les convaincre, je les aurais emmenés en promenade hier, à pied, dans l'Avenue du Parc ou bien la rue Saint-Denis, où des milliers de personnes descendaient joyeusement, pour la Terre, contre la hausse des droits de scolarité et pour toutes sortes d'autres causes, jusqu'au Quartier des spectacles qui, mes amis, est de plus en plus joli. De bien belles gens, des gens que je connais, d'autres que j'aimerais connaître.

J'expliquerais aux hockeyeurs que lorsque les étudiants et les policiers s'affrontent pendant deux mois dans les rues, c'est qu'il y a de la vie, des idées qui circulent, de la motivation profonde... Une ville n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle se réveille après une longue hibernation qui peut parfois durer une décennie.

Bien sûr, les joueurs du Canadien peuvent difficilement se mêler à la foule de la rue. Mais je ne crois pas que Petteri Nokeleinen ou Mike Blunden auraient causé des embouteillages hier. Les joueurs du Canadien ne sont plus ce qu'ils étaient.

Geoff Molson a promis de changer tout ça. Prendre le temps de s'excuser auprès de Cammalleri, prendre le temps de soigner l'image de son club était une bonne idée, mine de rien.

Bettman, la victime

C'est le comble: voici Gary Bettman qui pose en victime, qui déclare que lui et sa direction ne se laisseront pas intimider par les présidents de club qui protestent contre les suspensions qu'on impose à leurs joueurs. (Il ne parle pas de toutes les suspensions qui auraient dû être imposées.)

Bettman, le pacificateur, l'apôtre de la non-violence... Faites-moi rire. On voit bien qu'il est avocat et qu'il pourrait très bien être premier ministre.

Un lecteur propose d'ailleurs que l'on ajoute aux statistiques de la LNH une nouvelle colonne: les commotions cérébrales. Nous serions bien informés. Nous pourrions lire, après les buts, les passes et le total des points, dans la colonne C, quatre, cinq, huit... avec un astérisque quand ça devient extrêmement dangereux, selon le Collège des médecins.

Mais les joueurs continueraient à s'assommer et à jouer aussitôt que leurs maux de tête auraient diminué.

C'est beau la virilité.

Photo: Bernard Brault, La Presse

Michael Cammalleri aura finalement récupéré son chandail du Canadien... sans devoir le payer!