À l'Assemblée nationale, Jean Charest a tenté hier de refaire le coup de la «girouette». En usant de ce qualificatif contre Mario Dumont en 2007, le premier ministre avait contribué à miner la crédibilité du chef de l'ADQ.

Hier, le chef libéral s'est demandé si la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, «a un minimum de principes ou a juste du Jell-O dans la colonne vertébrale?» Le Jell-O sera-t-il pour Mme Marois ce que la girouette fut pour M. Dumont?

M. Charest accuse sa vis-à-vis d'«abdiquer ses responsabilités les plus fondamentales» en refusant de condamner assez clairement à son goût le vandalisme commis par certains étudiants. La tactique sera peut-être payante, mais elle est injuste pour Mme Marois; celle-ci n'est évidemment pas plus favorable à la violence que le gouvernement.

De toute façon, la différence fondamentale entre les libéraux et les péquistes, dans ce dossier, réside ailleurs. Elle porte sur l'attitude qu'un gouvernement doit avoir à l'égard de «la rue». Selon Mme Marois, il faut que Québec «entame un dialogue» avec les représentants étudiants pour trouver «une véritable solution».

Pourtant, le gouvernement ne doit pas toujours faire des compromis avec ceux qui s'opposent à ses décisions. Le conseil des ministres, quel que soit le parti dont il est issu, a la responsabilité de diriger le Québec en fonction des intérêts de la société dans son ensemble. Les groupes de pression, qu'ils représentent les entreprises, les syndicats, les médecins ou les étudiants, n'existent que pour défendre les intérêts étroits de leurs membres. Et il va de soi que les intérêts de la collectivité doivent primer sur les intérêts particuliers.

Dans le cas qui nous occupe, le gouvernement Charest a décidé, après mûre réflexion, d'augmenter les droits de scolarité. Cette décision a été prise après avoir sollicité l'avis du Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études, qui compte quatre étudiants parmi ses membres et qui a rencontré les fédérations étudiantes.

Pas de surprise, les principaux intéressés s'opposent à la hausse des droits. Le gouvernement doit-il nécessairement céder devant ceux qui descendent dans la rue pour protester contre ses politiques?

«Cet entêtement à résister au dialogue et aux souhaits de la population est en train de devenir la marque de commerce (de M. Charest)», a déploré Pauline Marois, évoquant les dossiers du Suroît, du mont Orford, de l'enquête sur la corruption. Sauf qu'il y a une différence importante entre ces controverses et le boycott étudiant: dans les premières, les opposants avaient gagné la plupart des Québécois à leur cause tandis qu'ici, la population appuie majoritairement la position du gouvernement.

La chef du Parti québécois demande à M. Charest de «faire preuve de leadership». Or, comme Mme Marois le sait bien, faire preuve de leadership, c'est parfois être roseau, parfois chêne. Parfois Jell-O, parfois béton. Ici, le béton s'impose.