Le tableau de chasse des Penguins de Pittsburgh se trouve bien en vue à l'entrée du vestiaire, à la gauche de l'écran géant où Sidney Crosby et ses coéquipiers visionnent leurs bons et moins bons coups et du tableau sur lequel l'entraîneur-chef Dan Bylsma dessine ses plans de match.

Ce tableau de chasse bien garni regroupe 51 rondelles. Elles commémorent les 51 victoires des Penguins en saison régulière, 29 à domicile et 22 à l'étranger.

Juste à côté se dresse un autre tableau: celui des séries éliminatoires. Long et étroit, il est orné d'une Coupe Stanley sous laquelle il y a juste assez de place pour superposer les 16 rondelles rappelant les 16 victoires nécessaires pour se rendre aux grands honneurs.

À moins d'un revirement plus qu'improbable, le tableau de chasse des Penguins en séries sera dégarni encore cette année. Seulement trois équipes dans l'histoire de la LNH ont comblé un recul de 0-3 pour finalement remporter une série 4 de 7.

Depuis leur conquête de la Coupe Stanley au printemps 2010, les Penguins se sont contentés de 10 victoires en séries éliminatoires: trois l'an dernier aux dépens du Lightning de Tampa Bay qui les a battus en sept matchs dès la première ronde. Sept il y a deux ans: quatre contre les Sénateurs d'Ottawa et trois contre le Canadien, qui les avait éliminés à la surprise générale en deuxième ronde.

La surprise sera plus grande encore cette année si les Flyers éliminent les Penguins. Elle deviendra gigantesque si les Flyers balaient la série et que le tableau de chasse reste vide jusqu'à l'an prochain...

Laviolette: l'étoile de la série

Comme les Penguins, les Canucks de Vancouver font face à l'élimination. Comment en est-on arrivé là? Comment deux équipes qui, à en croire une majorité de prédictions lancées aux quatre coins de la LNH, devaient se retrouver en finale de la Coupe Stanley pourraient-elles se retrouver en vacances six semaines avant le début de la grande finale?

À cause de la parité, bien sûr.

À cause du fait que les Kings de Los Angeles, déjà très bien protégés par leur gardien Jonathan Quick, se sont mis à marquer des buts. Parce que Roberto Luongo a rouvert la porte à Cory Schneider et à la controverse des gardiens qui prévaut à Vancouver depuis deux ou trois ans avec des performances en deçà des attentes légitimes des Canucks à son égard. Parce que l'absence de Daniel Sedin mine l'attaque des Canucks bien plus que bien des observateurs ne l'anticipaient. Moi le premier.

Dans la série Flyers-Penguins, les critiques à l'endroit des Malkin, Neal, Letang et Fleury sont nombreuses. Et elles sont souvent justifiées.

Il faut également rendre hommage à la qualité du jeu des Giroux, Brière, Talbot et Couturier dans le camp des Flyers.

Il est surtout essentiel de souligner la très grande qualité du travail de Peter Laviolette derrière le banc des Flyers. Avec ses temps d'arrêt opportuns, son calme et son leadership, Laviolette est le mercenaire le plus efficace depuis le début de la guerre de la Pennsylvanie.

Il est l'architecte des trois remontées victorieuses de son équipe.

Dimanche, malgré le match de fou qui se déroulait devant lui, Laviolette maîtrisait pleinement ses émotions. À 50 pieds de lui, Dan Bylsma semblait complètement abasourdi. Perdu. Dominé.

Les Flyers dominent la guerre des unités spéciales depuis le début de la série. Ils dominent aussi la guerre derrière les bancs.

Et si Vigneault devient disponible?

Bien qu'il soit ainsi dominé, Dan Bylsma n'est pas en danger à Pittsburgh. Si ses Penguins sont éliminés, même balayés, Bylsma perdra un brin de sommeil, mais il ne perdra pas son job.

On ne peut pas en dire autant d'Alain Vigneault à Vancouver. Vigneault est un excellent entraîneur-chef. Il a fait taire les critiques en se rendant en grande finale le printemps dernier. Cela dit, la défaite en sept matchs devant les Bruins ne les a pas toutes étouffées.

Parce qu'il complète sa sixième saison à la barre des Canucks, plusieurs collègues de Vancouver considèrent que Vigneault pourrait perdre son poste si son club est balayé par les Kings. Surtout que le directeur général Mike Gillis a secoué sa formation à la date limite des transactions pour offrir des munitions à l'entraîneur-chef.

Il n'en faut pas plus pour que le nom de Vigneault commence déjà à circuler dans la liste des candidats susceptibles de succéder à Randy Cunneyworth à Montréal.

Je connais Alain Vigneault depuis assez longtemps pour savoir qu'il n'y pense pas une seconde en ce moment. Je ne lui en ai jamais parlé - et bien honnêtement, je n'oserais pas le faire lorsqu'il fait face à l'élimination -, mais je suis convaincu que l'idée de relever ce défi une deuxième fois le ferait réfléchir. Surtout qu'il est maintenant beaucoup mieux équipé pour faire face à ce défi qu'il ne n'était à la fin des années 90.

Mais bon! On va d'abord attendre que la saison des Canucks soit terminée, que Mike Gillis prenne ses décisions, que le Canadien se trouve un DG et que ce DG se lance à la recherche d'un coach avant de proclamer, comme je l'ai entendu cette semaine, que Vigneault est plus près de Montréal que de la Coupe Stanley. Quoique...

Photo: PC

L'entraîneur-chef des Canucks Alain Vigneault semble plus près de Montréal que de la Coupe Stanley!