Cinq minutes après s'être fait casser le nez par Max Pacioretty le 26 novembre dernier au Centre Bell, Kristopher Letang avait retrouvé ses esprits. Une fois son nez ramené du milieu de la joue gauche au centre de son visage par le médecin du Canadien, une fois la douleur chassée, le défenseur québécois était aussitôt retourné dans la mêlée pour marquer le but de la victoire en prolongation.

Kristopher Letang ne s'est pas fait casser le nez mercredi soir lors de la première manche de la guerre de la Pennsylvanie. Mais les deux erreurs qu'il a commises, erreurs qui ont conduit au but égalisateur des Flyers en milieu de la troisième période et à celui qui a propulsé ces derniers vers une victoire de 4-3 en prolongation, lui ont fait bien plus mal que le coup à la tête encaissé au Centre Bell l'automne dernier.

«Ça ne se compare même pas», a candidement reconnu Letang, croisé dans le vestiaire des Penguins au lendemain de la défaite, mercredi, et à la veille d'un match que lui et ses coéquipiers doivent impérativement gagner ce soir.

De fait, 12 heures après ce revers difficile à encaisser, Letang combattait encore la douleur provoquée par ses deux erreurs et surtout leurs conséquences.

«J'ai effectué 30 présences sur la patinoire hier. J'ai joué 28 minutes [28:18], j'ai disputé un match solide, mais deux présences ont tout anéanti. J'étais assommé après le match. Une fois à la maison, je n'étais pas capable de chasser ce but de ma tête. Je l'ai revu - le but gagnant marqué par Jakub Voracek - 100 fois à la télé pour voir ce qui s'était produit. Mon bâton a fait dévier une rondelle que Marc-André [Fleury] aurait facilement arrêtée. La rondelle a dévié vers le coin et il [Voracek] était là. Il en a profité», a plusieurs fois répété le défenseur québécois en repassant chaque seconde du jeu fatidique dans sa tête.

Incapable de trouver le sommeil, Letang a finalement exorcisé la défaite en trouvant une source de réconfort dans la défaite encaissée par les Canucks de Vancouver aux mains des Kings de Los Angeles. «Vancouver aussi est favori. Quand j'ai vu que l'équipe se faisait surprendre, j'ai réalisé que ça pouvait arriver à tout le monde.»

Réaction rapide

Bien qu'il soit revenu au jeu cinq minutes après avoir été frappé par Pacioretty l'automne dernier, Kristopher Letang a ensuite plongé dans la fosse profonde qui guette les victimes de commotion cérébrale. Il en est ressorti 21 matchs plus tard.

Le défenseur québécois et ses coéquipiers des Penguins ne peuvent se permettre un tel répit pour retrouver leurs esprits après le choc encaissé à la fin du premier match contre les Flyers. Ils doivent se reprendre dès aujourd'hui pour niveler les chances au lieu de se retrouver avec un déficit de 0-2 à combler.

Surtout que les statistiques sont loin de leur être favorables. Depuis qu'ils ont migré de leur vieil igloo vers leur nouveau domicile, les Penguins ont encaissé six revers en sept matchs contre les Flyers. Ceux-ci ont inscrit 27 buts et en ont accordé 19.

Pis encore, c'était la troisième fois cette saison que les Flyers faisaient le coup d'une remontée gagnante aux Penguins cette saison. Deux fois en saison régulière, Daniel Brière et sa bande ont comblé des reculs de 0-2 pour finalement l'emporter.

Confiance à rebâtir

C'est donc dans un silence lourd et inquiétant que les Penguins ont amorcé leur entraînement hier matin. Un silence que quelques joueurs, dont le gardien Marc-André Fleury, ont brisé après que l'entraîneur-chef Dan Bylsma eut réuni sa troupe au centre de la patinoire pour le premier des trois regroupements qui ont marqué la séance.

«Nous avons remporté 51 victoires cette saison en travaillant dans le plaisir. C'est sûr que c'est une défaite difficile à encaisser, mais on doit passer à autre chose», a plaidé le gardien Marc-André Fleury qui arborait son habituel sourire.

Il faut dire que le gardien de Sorel n'avait rien de rien à se reprocher après la défaite. «Ce n'est pas grave. Quand tu perds, tu perds», a tranché Fleury.

«Ils savent jouer au hockey», a lancé Pascal Dupuis lorsqu'on lui a demandé si l'issue du premier match devait être qualifiée de victoire des Flyers ou de défaite des Penguins.

«Si on avait joué tout le match comme on l'a fait en première période, on ne se poserait pas cette question ce matin. On a perdu. C'est plate. Mais c'est fait. On doit gagner quatre fois et il reste six matchs pour y arriver», a poursuivi le Lavallois qui aurait préféré de beaucoup gagner le premier match de la série contre les Flyers et être blanchi de la feuille de pointage, plutôt que de voir sa série de matchs consécutifs avec au moins un point s'étirer à 18 dans un revers.

Si Dan Bylsma a dirigé un entraînement complet au cours duquel il a maintenu les mêmes trios à l'attaque et les mêmes duos en défensive, Peter Laviolette a offert à ses joueurs l'option de chausser ou non les patins. Douze joueurs et le gardien Sergei Bobrovsky étaient sur la patinoire. Le défenseur Marc-André Bourdon est demeuré au vestiaire en raison d'une blessure au haut du corps.

Bien qu'il entende avoir recours à la même formation que lors du premier match, Bylsma a convenu avoir l'intention d'apporter des ajustements à ses combinaisons en avantage numérique. Les Penguins ont été blanchis en trois occasions mercredi.

Photo: AP

Le défenseur des Penguins Kristopher Letang a gaffé sur les buts égalisateur et gagnant des Flyers, mercredi.