Avec les marchés financiers, il n'y en a jamais de facile. Alors que la Bourse enregistrait une bonne performance lors du premier trimestre de l'année, le marché obligataire, lui, reculait légèrement.

Ainsi, les trois principaux indices obligataires qui donnent le pouls du marché des obligations négociables (gouvernementales et corporatives) ont bouclé les trois premiers mois de l'année dans le rouge pâle, soit -0,2% pour le DEX obligations univers, -0,8% pour le DEX obligations à long terme, et -1,1% pour le DEX obligations et rendement réel.

Vous allez me dire: il n'y a rien là! Pas sûr quand on pense à la portion (40 à 60%) que les obligations négociables (et autres titres à revenus fixes) occupent dans l'ensemble des portefeuilles des caisses de retraite et des fonds communs de placement. Et les nuages au-dessus du marché obligataire ne devraient pas se dissiper de sitôt. Pourquoi? Les taux d'intérêt étant au plancher ou presque, il ne peut donc y avoir qu'une hausse à l'horizon. Cela laisse donc présager des jours sombres pour le marché des obligations négociables. Il faut toujours garder en tête que la valeur marchande de ces obligations grimpe lorsque les taux baissent, mais vice versa, la valeur marchande baisse quand les taux montent...

Des gens vont me dire, avec raison, que l'an dernier, en 2011, tous les stratèges financiers anticipaient une piètre performance pour le marché obligataire et un bon rendement pour la Bourse. Au bout du compte, ce fut le contraire qui s'est produit alors que le marché obligataire enregistrait une belle hausse et que la Bourse terminait dans le rouge, sauf la Bourse américaine.

En quoi les pronostics des stratèges financiers seraient-ils plus crédibles cette année? Tout simplement en raison de la reprise économique nord-américaine, et de l'effet positif (on l'espère) de la mise en place des mesures d'assainissement budgétaire dans les pays européens lourdement surendettés.

Bien qu'on ne soit à l'abri d'aucune nouvelle crise financière, on croit que l'année 2012 devrait en être une de reprise économique. Ce qui pourrait exercer une certaine pression à la hausse sur les taux d'intérêt... Et donc s'avérer négatif pour le marché obligataire.

Par contre, si la Bourse, elle, va bien, les portefeuilles d'actions de nos caisses de retraite et fonds communs de placement ne s'en porteront que mieux.

Et le premier trimestre s'est effectivement révélé enrichissant de ce côté, surtout pour le volet des actions étrangères. À preuve, les hausses enregistrées (en dollars canadiens) par les grands

indices étrangers: S&P 500 ("10,4%); MSCI Monde ("9,5%); MSCI EAEO ("8,8%); MSCI Europe ("8,6%); MSCI Pacifique ("9,2%); MSCI marchés émergents ("12,0%); le Nasdaq ("15,9%); le Dow Jones ("5,7%).

Pendant ce temps-là, la Bourse canadienne affichait une hausse plus modeste, soit 4,4%. Mais il s'agit tout de même d'un méchant revirement de cap par rapport à 2011 où le S&P/TSX Composite de la Bourse de Toronto fondait de 11%.

La grande question de l'heure: est-ce que Wall Street peut continuer de progresser après une si «gros» premier trimestre et ainsi continuer d'entraîner dans son sillage la Bourse canadienne et les autres bourses étrangères?

Loin de moi l'intention de vouloir jouer aux prophètes de malheur... Mais j'aimerais tout de même vous rappeler qu'à pareille date l'an dernier, la Bourse canadienne touchait son sommet de 2011. La Bourse américaine frappait le sien en mai.

Puis après? Le marché boursier a végété pendant un bon bout de temps... avant de s'enliser dans une magistrale déconfiture qui a fait plonger les grandes Bourses dans une sévère déprime. Tous les indices majeurs accusaient au début d'octobre des pertes supérieures à 20% par rapport à leurs hauts respectifs d'avril ou de mai.

Depuis le creux d'octobre, Wall Street est en feu alors que ses grands indices boursiers affichent des gains majeurs, soit 25% pour le Dow Jones, quelque 30% pour le S&P 500 et 34% pour le Nasdaq. Chez nous, la reprise boursière est plus modeste, soit un gain de 11% depuis le creux d'octobre dernier.

La bonne nouvelle canadienne? Nous accusons encore un recul de l'ordre de 15% par rapport au sommet d'avril 2011 de la Bourse canadienne.

La mauvaise nouvelle américaine? Les indices américains ont tous dépassé leurs hauts respectifs de 2011, en plus d'avoir engrangé d'importants gains lors du premier trimestre 2012. Il ne faut donc pas se surprendre de voir Wall Street se corriger, comme c'était d'ailleurs le cas la semaine dernière, question de satisfaire l'appétit des investisseurs pour les prises de profits. Et quand Wall Street se corrige, toute la planète boursière suit...

Espérons que la Bourse poursuive son ascension au fil des prochains trimestres.

Précision concernant l'énigme du 109%

À la suite de la lecture de ma chronique de lundi dernier «Combien ça rapporte, un diplômé?», plusieurs lecteurs m'ont fait la leçon par rapport aux calculs portant sur les gens qui paient des impôts au Québec.

Sur les 6,2 millions de contribuables qui ont produit leurs déclarations, à peine 2,8 millions ont réellement payé de l'impôt. Dans ses statistiques fiscales de 2009 (les plus récentes), le gouvernement du Québec indique que l'impôt des particuliers lui a rapporté 16,9 milliards de revenus nets.

Mais les 2,8 millions de payeurs d'impôt lui ont versé 18,5 milliards d'impôt provincial. De là l'énigme du 109,5% (18,5 milliards bruts/16,9 milliards nets). Où est allée la différence de 9,5%? Dans les poches des plus démunis qui se sont partagé la somme nette de 1,6 milliard par l'entremise de crédits d'impôt remboursables.