Réglons une chose tout de suite: je ne connais pas grand-chose au soccer. Les grands principes, oui. Va aussi pour les grands joueurs, les grandes équipes, les grands rendez-vous.

Pour le reste, mon expérience se limite à celle d'un père heureux et comblé de voir ses fils et sa fille courir sur le terrain avec le sourire aux lèvres et des gouttes de sueur sur le front: peu importe qui marque les buts, peu importe le nombre de buts marqués, peu importe le score final.

Pour toutes ces raisons, pas question de remettre en question le plan de match de l'entraîneur-chef de l'Impact, Jesse Marsch. Pas question de chercher les vrais coupables des erreurs, surtout les plus subtiles, reliées à de mauvaises lectures du jeu, un manque d'habiletés techniques ou d'intensité du capitaine Davy Arnaud et de ses coéquipiers.

Pour ces subtilités, je lis et lirai avec attention les commentaires et analyses de mon savant collègue Pascal Milano, à qui je confie mon éducation en matière de soccer.

Cela dit, j'ai quand même des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et aussi un nez aiguisé par un brin d'expérience qui me permet de sentir une odeur de putois en trop bonne santé lorsque je lis et j'entends des commentaires qui me semblent deux brins exagérés. Des fois trois...

Samedi, quand j'ai vu défiler les commentaires selon lesquels l'arbitre avait volé le match à l'Impact, je me suis gratté la tête.

Avec un score final de 5-2, avec le fait que même le plus profane des amateurs pouvait conclure que Donovan Ricketts - le Carey Price de l'Impact, pour les «incultes» qui ne s'intéressent qu'au hockey et au Tricolore - s'est montré généreux, mauvais, ou très mauvais sur un, deux, peut-être trois des cinq buts enfilés par Thierry Henry et ses coéquipiers des Red Bulls de New York, j'ai alors eu un sentiment de déjà vu.

Les partisans de l'Impact s'abreuvent-ils à la même fontaine que ceux du Canadien? Respirent-ils le même air que les partisans du Tricolore?

On dirait bien.

Car après quatre petits matchs, ils semblent déjà contaminés par le même virus:

«L'arbitre nous a volé le match en accordant un penalty en fin de première demie», semaient sur tous les réseaux sociaux des fans frustrés.

«Les arbitres ont fermé les yeux sur un hors-jeu évident pour permettre aux Red Bulls de mettre le match hors d'atteinte.»

«L'arbitrage dans la MLS est pourri jusqu'à la moelle.»

À ce rythme, on devrait sombrer dans la théorie des grands complots dès le cinquième ou le sixième match. On lancera alors que la MLS donne des ordres à ses arbitres pour écarter l'Impact, comme la LNH le fait en favorisant les Bruins de Boston et les autres adversaires du Canadien.

Ne riez pas! Je suis loin d'être convaincu que c'est drôle.

Il ne manquerait plus qu'une bonne petite controverse de gardiens et on revivrait la réalité du Canadien 12 mois par année.

Comme si on en avait vraiment besoin...

Samedi, à Washington, le Canadien a encaissé sa 11e défaite de la saison en tirs de barrage. Il a perdu une 15e fois au-delà des 60 minutes réglementaires. Une 50e fois tout court cette année. Bien que les arbitres n'aient pas toujours été bons, qu'ils aient même été mauvais certains soirs, j'ai malheureusement l'obligation de vous dire qu'ils ne sont pas les seuls responsables de ces 50 revers.

Je sais que c'est difficile à croire, mais c'est comme ça!

Les fans frustrés de l'Impact auraient pu accorder de l'importance au fait que les joueurs de leur équipe ont levé le pied après avoir pris les devants en première demie, première demie qu'ils contrôlaient devant une meilleure équipe qui ne comprenait pas tout à fait ce qui lui arrivait. Ces mêmes fans auraient aussi pu imputer à leur gardien, qui a connu un seul bon match dans les quatre disputés jusqu'ici cette saison, une partie, ne serait-ce qu'une petite partie, du blâme de la défaite. On aurait pu donner un peu de poids aux arguments reliés à l'incompétence, voire au parti pris, de l'arbitre et de ses adjoints.

Mais non! Il n'y avait que l'arbitre.

Et gare à ceux qui osaient rouler à contre-courant. Ils étaient vite renvoyés au hockey, comme si c'était une maladie contagieuse et mortelle... Bien coudonc!

Pour éviter l'aveuglement partisan et/ou le manque de connaissance relié à ce beau sport, j'ai demandé à des analystes compétents ce qu'ils pensaient du penalty qui n'en était pas un et du hors-jeu si évident.

«Le hors-jeu? Quel hors-jeu?», m'a répondu un collègue que je n'identifierai pas pour l'assurer d'un lundi tranquille.

Le penalty? «Un cas parfait de vol si tu l'encaisses, et de bonne décision si tu l'obtiens. Le ballon a été touché, oui, mais l'arbitre pouvait juger que le geste a provoqué un déséquilibre en zone de réparation. C'était 50-50. La décision a tourné contre l'Impact.»

L'Impact vient d'entrer dans la MLS. C'est un club d'expansion. Un club qui perdra sans doute plus souvent qu'il ne gagnera cette année. C'est comme ça. Et c'est normal.

Mais attention: si vous commencez à imputer aux arbitres incompétents de la MLS l'odieux des défaites, il faudra aussi dire qu'ils seront responsables des victoires de l'Impact. C'est bête de même...

Pourquoi alors ne pas simplement profiter de l'arrivée de l'Impact dans une vraie et une grande ligue pour découvrir ce sport qui peut être le plus beau du monde, en balayant d'un revers de main la partisanerie aveugle et absurde qui peut aussi en faire l'un des plus laids?