Geoff Molson est devenu hier le vrai propriétaire du Canadien de Montréal. Le vrai président du Tricolore.

En s'imposant comme il l'a fait, en confirmant le congédiement de Pierre Gauthier et surtout en rapatriant Serge Savard dans le giron du Canadien à titre de conseiller, Geoff Molson a démontré le leadership auquel les partisans sont en droit de s'attendre.

Geoff Molson devait congédier Pierre Gauthier. Il l'a fait. Mais Geoff Molson a fait plus que ça: il a aussi «accepté» la décision de Bob Gainey de quitter l'organisation.

Parce qu'il a été capitaine du Canadien, parce qu'il a soulevé la Coupe Stanley à une époque ou la Flanelle était vraiment glorieuse, parce que son chandail flotte au plafond du Centre Bell avec ceux des autres grands de l'histoire du Canadien, Bob Gainey a eu droit à une sortie plus élégante que celle réservée à Pierre Gauthier.

C'est normal.

Dans les faits, Geoff Molson a écarté celui qui a été le grand architecte de la débandade et qui a souillé de noir le chandail du Tricolore.

Aplomb, conviction et confiance

J'ai été très sévère à l'endroit Geoff Molson lorsque Pierre Gauthier a congédié Jacques Martin le 17 décembre dernier. Pas parce qu'il avait donné le feu vert à un licenciement injuste et inutile comme les derniers mois l'ont démontré. Mais parce qu'il n'avait pas affiché la prestance d'un propriétaire et chef de la direction d'une grande entreprise. Surtout si cette entreprise s'appelle le Canadien de Montréal.

Hier, il l'a fait. Avec aplomb, avec conviction, avec juste ce qu'il faut d'admission d'erreurs passées, et d'optimisme en vue d'un avenir qui ne peut qu'être meilleur, Geoff Molson a parlé à ses partisans. Il leur a parlé de leur équipe. Du Canadien, qui ne peut se contenter de simplement viser les séries. Qui ne peut se cacher derrière un mutisme imposé militairement par un directeur général incapable de comprendre l'importance de tisser des liens avec les partisans par l'entremise des journalistes. Un malaise, un grand mal, dont le prochain directeur général ne pourra souffrir.

Dans la tempête qui a sévèrement secoué le Canadien et terni son image de marque, le silence de M. Molson était inquiétant. Il ouvrait toute grande la porte aux doutes sur ses capacités d'éviter la catastrophe qui guettait son équipe.

À défaut d'éviter cette catastrophe, Geoff Molson a dissipé les doutes hier. De plus, en s'offrant la complicité, l'expérience, la sagesse et le calme d'un homme comme Serge Savard, plus sévère critique du Canadien lors de la nomination de Randy Cunneyworth à titre d'entraîneur-chef unilingue anglophone, Geoff Molson a démontré une confiance qui l'honore. Car, seuls les faibles refusent de s'entourer de gens forts, parfois plus forts qu'eux, de leur donner des responsabilités, de leur faire confiance.

Qui sera le prochain?

Bien que j'espère au plus haut point que Geoff Molson prolonge le plus longtemps possible le mandat de Serge Savard, ce dernier a comme première mission de guider le propriétaire vers l'embauche du meilleur directeur général possible.

Comme l'indique le sondage publié dans nos pages ce matin, Patrick Roy est le choix populaire pour hériter des jobs d'entraîneur-chef et de directeur général.

Directeur général dans la LNH, c'est beaucoup pour un homme d'expérience. C'est donc un défi impossible pour un homme sans expérience. Même s'il s'appelle Patrick Roy.

Je suis d'ailleurs heureux de voir Patrick Roy miser d'abord et avant tout sur le poste d'entraîneur-chef. Mais avant de le déménager à Montréal, il faudrait lui donner l'occasion d'aller aussi loin que ses Remparts en séries éliminatoires de la LHJMQ.

Après, on en reparlera.

J'ai plusieurs fois écrit le nom de Vincent Damphousse comme candidat intéressant. Oui, il manque lui aussi d'expérience. Mais il est jeune, un facteur important si le Canadien veut s'offrir enfin une stabilité essentielle au septième étage et derrière le banc pour la relance de son équipe. Il est compétent, parce qu'il a ses entrées dans la LNH et qu'il sait jongler avec les chiffres de la convention collective qu'il a lui-même négociée.

Julien Brisebois, actuel directeur général adjoint du Lightning de Tampa Bay, répond aux mêmes critères que Damphousse. Son expérience fait contrepoids au statut d'ancien Canadien de Damphousse.

Brisebois et Damphousse sont mes deux favoris dans la course au poste de prochain DG du Canadien.

Ils ne seront pas seuls.

Claude Loiselle mérite que son nom soit sur la liste. Ancien plombier dans la LNH - il a joué pour les Nordiques -, Loiselle est avocat, a de l'expérience dans la LNH à plusieurs niveaux sur le plan administratif, et est l'un des adjoints de Brian Burke à Toronto.

Marc Bergevin, adjoint de Stan Bowman avec les Blackhawks de Chicago, est aussi prêt à faire le saut. Proche ami de Luc Robitaille, Bergevin pourrait toutefois intéresser les Kings de Los Angeles qui, s'ils ratent les séries, devraient congédier leur DG Dean Lombardi.

L'agent de joueurs Patrice Brisson est mentionné comme candidat. Lui aussi très proche des Kings - géographiquement, puisqu'il vit à L.A. - et de son ami de toujours Robitaille, il pourrait fait le saut avec les Kings plus qu'avec le Canadien.

Parce qu'il faisait du très bon travail à la tête du Canadien avant d'être placé sur une tablette à l'arrivée de Bob Gainey, André Savard doit être ajouté à la liste. Tout comme les François Giguère (ancien DG de l'Avalanche du Colorado) et pourquoi pas Bobby Smith, ancien du Canadien et propriétaire/président des Mooseheads de Halifax?

Analyste reconnu aux quatre coins de la LNH, Pierre McGuire sauterait sur l'emploi demain matin si on le lui offrait. Il pourrait faire équipe avec Randy Sexton, un ancien des Sénateurs d'Ottawa. En plus d'être compétents, ces deux hommes sont des anciens de l'Université St. Lawrence, l'alma mater de Geoff Molson.

C'est une possibilité parmi d'autres.

Qui gagnera? Pas la moindre idée.

Mais je ne serais pas le moindrement surpris de voir quelques-uns des noms mentionnés se retrouver au sein d'une équipe de direction où le travail - immense! - serait partagé entre deux ou trois piliers solides, avec des recruteurs de qualité pour les épauler. Une équipe jeune, tissée serrée, qui sera mise en place pour rester... Pour gagner!

Photo: Olivier PontBriand, La Presse

Geoff Molson a démontré, hier, le leadership d'un propriétaire d'équipe dont les partisans du Canadien sont en droit de s'attendre.