Deux cent quarante-neuf milliards de dollars. Vous avez bien lu 249 milliards. Voilà le montant de la dette du secteur public québécois au 31 mars 2012. Rien de moins que 14 milliards de plus que l'an dernier. Chaque Québécois, du nouveau-né à la personne âgée, doit ainsi supporter aujourd'hui une dette provinciale de 30 888$.

Et sachez que cette douloureuse «hypothèque provinciale» grossit sensiblement année après année. Au cours des trois dernières années, la dette publique québécoise a d'ailleurs augmenté de 33 milliards, soit de 15%. Ce qui dépasse et de loin l'inflation (cumulatif de 4,8%) et la croissance des salaires ("8,3%) en trois ans.

Notre dette du secteur public québécois atteint actuellement 74,5% du produit intérieur brut (PIB) du Québec. C'est près de quatre points de pourcentage de plus qu'en 2009. Vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'il s'agit du plus haut taux d'endettement provincial au Canada.

Étant «condamnés» à vivre avec une telle hypothèque provinciale sur le dos, aussi bien vous en donner le détail. Cette fabuleuse dette de 249 milliards se décortique comme suit: dette directe consolidée du gouvernement du Québec (155 milliards); passif net au titre de régimes de retraite des employés du secteur public (28,7 milliards); dette d'Hydro-Québec (40,2 milliards); dette des municipalités (21,4 milliards); dette des universités autres que l'UQAM (1,9 milliard); dette des autres entreprises du gouvernement (1,4 milliard).

Pourquoi inclut-on dans la dette gouvernementale les dettes des municipalités, des universités, d'Hydro-Québec et autres entreprises gouvernementales? Parce que c'est le gouvernement du Québec qui en assume la responsabilité finale, tout en la garantissant totalement.

Revenons à la dette que le gouvernement du Québec doit assumer à même son budget, soit un total de 183,7 milliards, laquelle somme comprend la dette consolidée (155 milliards), plus le passif (28,7 milliards) des régimes de retraite.

Pour financer cette dette, il en coûtera cette année au service de la dette la somme de 10,4 milliards de dollars en frais d'intérêt. Il s'agit d'une augmentation de 9,4% par rapport à l'année financière se terminant à la fin du mois.

Pour le leader de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, les finances publiques québécoises viennent de franchir un stade extrêmement inquiétant.

Les intérêts de quelque 10 milliards que le gouvernement du Québec devra payer cette année pour financer sa lourde dette constituent «la face cachée» du budget que vient de déposer le ministre des Finances, Raymond Bachand. À la fin de chaque journée, dites-vous que la dette vient de nous coûter 28,5 millions en frais d'intérêt.

Le service de la dette consolidée représente le troisième poste budgétaire du budget Bachand, après la santé et les services sociaux (30 milliards) et l'éducation (16 milliards).

L'an prochain, la facture des frais d'intérêt sur la dette augmentera de 750 millions de dollars de plus, pour dépasser le cap des 11 milliards. Mais le pire reste à venir. On n'est vraiment pas sorti du piège au surendettement collectif. Pensons-y deux petites minutes. Le service de la dette augmente sensiblement depuis plusieurs années alors que les taux d'intérêt baissaient radicalement. On est rendu au plancher, alors que les taux sont historiquement très bas.

Comme les taux d'intérêt vont inévitablement augmenter au fil des prochaines années, ça ne prend pas un compteur «intelligent» pour calculer combien il nous en coûtera de plus par année au seul chapitre des frais d'intérêt. Une hausse de 1 point de pourcentage d'intérêt équivaut à une augmentation annuelle de 1,8 milliard d'intérêts sur notre dette actuelle de 184 milliards.

Si les taux ont le malheur de grimper davantage, attendons-nous à en subir les conséquences fiscales. Les programmes gouvernementaux coûtant inévitablement de plus en plus cher, où croyez-vous que le gouvernement du Québec va aller puiser davantage de revenus? Non, pas dans les goussets du gouvernement Harper.

Eh oui! dans les poches des contribuables québécois, par l'entremise d'une hausse des impôts ou de la TVQ. Peut-être les deux à la fois!

C'est vraiment de mauvais augure.