Si ça continue, il ne faudra pas se surprendre de voir le prix de l'essence grimper autour de 1,50$ le litre d'ici les prochains mois. Il y a deux semaines, on a frappé 1,44$ dans la région de Montréal. Chez les consommateurs, il n'y a pas que les automobilistes qui sont touchés. À vrai dire, tout le monde écope du prix élevé de l'essence, en raison notamment de la hausse des coûts du transport des marchandises.

Le baril de pétrole (West Texas Intermediate) se négocie actuellement autour des 107$US. Une chose m'inquiète profondément. À l'été 2008, lorsque le prix de l'essence avait touché 1,50$ le litre, le baril de pétrole valait 150,00$US.

Si la tendance actuelle se maintient, à savoir qu'un baril au prix de 107$ nous oblige à débourser 1,36$ le litre d'essence, si le baril atteint de nouveau les 150$ US, combien nous coûtera le litre d'essence? Oups! rien de moins que 1,90$ le litre.

Croisons les doigts pour que cela ne se produise pas. Et souhaitons que les conséquences sur la croissance économique de la récente hausse de l'essence ne soient pas trop dommageables.

Selon le stratège de la Financière Banque Nationale Stéfane Marion, l'augmentation de 13% du prix de l'essence à la pompe aux États-Unis, depuis le début de 2012, a à lui seul pour impact négatif d'amputer 40 milliards US au pouvoir d'achat des consommateurs américains. Ce qui pourrait faire pression sur la Bourse.

D'autre part, selon Edward Yardeni, de la firme Yardeni Research, la hausse du prix du pétrole n'est pas nécessairement de mauvais augure pour la Bourse puisque le secteur énergétique va en profiter. Et comme ce secteur compte pour 12,3% du principal indice de Wall Street, le S&P 500, cela mettra du baume sur les dommages que l'augmentation du prix de l'essence occasionnera dans les autres secteurs de la Bourse.

Maintenant, la Bourse étant ce qu'elle est, y a-t-il moyen de tirer profit de la hausse du baril de pétrole? Oui! en investissant une partie de son pécule dans l'achat d'actions de sociétés pétrolières. Vous aurez deviné que cela s'adresse à des investisseurs capables (financièrement et mentalement) de courir des risques assez élevés.

Détenir un portefeuille hautement diversifié dans tous les secteurs boursiers est déjà risqué, imaginez maintenant le niveau de risque avec lequel il faut composer lorsqu'on choisit de miser davantage sur un secteur particulier, comme celui des grandes sociétés pétrolières.

Par contre, au lieu de vous lancer dans une sélection de titres, je vous invite plutôt à miser sur le sous-indice de l'énergie de la Bourse de Toronto. Comment, concrètement? Tout simplement en acquérant des parts du sous-indice en question, et ce, par l'entremise de l'«iShares S&P/TSX Capped Energy Index Fund». On peut acheter de cet iShares comme n'importe quelle action inscrite à la Bourse de Toronto. Il se négocie sous le symbole boursier XEG.

Cet iShares reproduit le rendement de l'indice plafonné de l'énergie, lequel est composé de titres d'émetteurs du secteur de l'énergie canadien inscrits à la cote de la Bourse torontoise.

Voici la liste des principales sociétés pétrolières incluses dans le sous-indice énergie, avec, entre parenthèses, leur poids respectif dans le sous-indice énergie:

- Suncor Energy (17,80%);

- Canadian Natural Resources (12,76%);

- Cenous Energy (9,21%);

- Encana Corp (4,71%);

- Talisman Energy (4,45%);

- Crescent Point Energy (4,27%);

- Imperial Oil (3,82%);

- Canadian Oil Sands Ltd (3,63%);

- Nexen (3,38%);

- Penn West Petroleum (3,23%).

À elles seules, ces 10 grandes pétrolières comptent pour 67,27% de l'iShares XEG.

Le cours du XEG est de 17,60$, en hausse de 7,9% depuis le début de l'année.

Mais ce qui est plus significatif, c'est de calculer la hausse du prix de l'iShares depuis le 3 octobre dernier, moment où la Bourse a frappé son creux de l'année 2011.

Le XEG avait bouclé la séance de ce début du mois d'octobre à 14,31$, tandis que le prix du baril de pétrole avait clôturé autour de 74,95$ US.

Au cours actuel, le XEG s'est donc apprécié de 23,0% en l'espace de cinq mois. Pendant cette même période, le prix du baril de pétrole est passé de 74,95$ à 108,44$, pour une hausse de 42,8%. Le sous-indice des grandes sociétés pétrolières a donc moins progressé que le cours du pétrole. Ce qui laisse présager que les titres des sociétés pétrolières ne sont pas surévalués par rapport au cours actuel du baril de pétrole.

Bien entendu, si le prix du pétrole venait à baisser, les perspectives boursières changeraient de cap. Mais si l'on se fie à Exxon Mobil, plus grande société mondiale du secteur énergétique inscrite en Bourse, la demande mondiale d'énergie grimpera de 30% d'ici à 2040, comparativement au niveau de 2010. Cela laisse entendre que les pétrolières auraient pas mal de potentiel.

À long terme, à tout le moins.

Précision

Dans mon dossier sur la Caisse de dépôt intitulé «Le pari de Sabia» publié samedi, le paragraphe suivant devait se lire comme suit: «Il y a eu des mauvais coups, comme ce fut le cas avec Steinberg où le volet épicerie, dirigé par Michel Gaucher (et non Bertin Nadeau), s'est terminé avec une faillite sur les bras.» Nos excuses.