«Le Stade tombe en morceaux», titrait lundi Le Journal de Montréal. Le quotidien résumait sans doute ainsi la réaction de bien des gens à l'annonce qu'une dalle de béton d'un stationnement souterrain du Parc olympique s'était affaissée.

Le complexe a connu tellement de malheurs - effondrement d'une poutre en 1991, d'un mur en 1994, multiples déchirures et défectuosités du toit - que les Montréalais ont fini par le percevoir comme un éléphant blanc... et en ruines. Or, ce n'est pas le cas du tout.

Plus on en apprend sur ce qui s'est passé dimanche, plus il apparaît que l'incident n'a rien à voir avec une faille de construction ou une usure prématurée. Dans le cadre des travaux d'agrandissement du stade Saputo, des dizaines de tonnes de terre ont été déposées sur le terrain recouvrant cette partie du stationnement. La dalle aurait cédé sous une charge qu'elle n'était pas conçue pour supporter.

L'entrepreneur, la compagnie Broccolini, affirme qu'elle connaissait les zones de fragilité du terrain et que son plan de travail avait été établi en conséquence. Hier, l'entreprise n'a pas pu expliquer pourquoi on avait déversé du remblai à cet endroit.

Le Stade, lui, se porte très bien merci. Depuis l'incident de 1991, la Régie des installations olympiques a mis en place un régime rigoureux d'inspection et de surveilles des structures. Une inspection détaillée est réalisée tous les cinq ans et la plus récente, effectuée par Dessau en 2008, a conclu que l'ouvrage était en bon état. Les dégradations - par exemple les fissures - avaient peu progressé depuis l'inspection précédente, en 2002.

Il ne faudrait pas que l'incident de dimanche freine l'exercice de réhabilitation du Parc olympique lancé par la RIO et que son nouveau PDG, David Heurtel, mène avec conviction. Les projets se multiplient, tous visant à redonner au Stade sa vocation sportive et à rendre l'ensemble plus invitant. Selon M. Heurtel, le Parc olympique doit devenir un «parc urbain». On est à développer une programmation culturelle, et une patinoire extérieure sera aménagée l'hiver prochain.

Un comité dirigé par Lise Bissonnette réfléchit lui aussi à l'avenir des installations olympiques. Dans la synthèse de ses consultations, le comité a fait remarquer que malgré les déceptions qui ont jalonné l'histoire du Parc olympique, les Montréalais considèrent que celui-ci a un «immense potentiel» et qu'il pourrait «servir non seulement son voisinage immédiat et la collectivité montréalaise, mais l'ensemble des Québécois auxquels ces installations sont redevables.»

Le Stade olympique est un joyau architectural, le symbole de Montréal. Le développement intelligent du Parc permettra aux Montréalais de se le réapproprier, d'en redevenir, enfin, fiers.