On ne peut pas dire que les Maple Leafs ont servi une leçon de hockey au Canadien samedi soir. L'ennemi venu de Toronto a gagné. Ça oui! Il a tiré presque deux fois plus sur Carey Price que le Canadien a tiré sur Jonas Gustavsson, un gardien ô combien vulnérable contre qui il fallait justement tirer, tirer souvent, tirer de partout. C'est vrai, ça aussi.

Mais dans l'ensemble, le Canadien s'est bien battu ou débattu, selon que vous soyez sévère ou clément dans votre analyse. Oui, il a encore manqué de souffle et de munitions. Mais il serait peut-être le temps de réaliser que le Canadien est 15e dans l'Est. Il doit bien y avoir deux ou trois bonnes raisons pour expliquer cette dernière place. Car non, les blessures ne sont pas l'unique raison...

La leçon que les Leafs ont servie au Canadien samedi, ce n'est donc pas sur la glace qu'elle s'est déroulée. Non! Mais bien dans la salle de conférence du Centre Bell, où Brian Burke a confirmé le congédiement de Ron Wilson ainsi que l'embauche de Randy Carlyle et où il a dirigé un point de presse en matinée.

Un vrai point de presse: des réponses claires, des points de vue tranchants, des conclusions honnêtes. Rien à voir avec les tergiversations dans lesquelles le Canadien - particulièrement Pierre Gauthier - se noie et noie ses partisans lorsqu'il leur fait l'insigne honneur de leur adresser la parole.

En mettant cartes sur table, en répondant à toutes les questions, en admettant certains torts, en balayant d'autres critiques d'un revers de main, Brian Burke a su calmer la tempête au milieu de laquelle son équipe aurait facilement pu sombrer.

Il a obligé les collègues venus en catastrophe de Toronto à lui donner raison sur certains points. À le condamner sur d'autres. À l'identifier comme le prochain qui devra payer de son poste les insuccès d'une équipe qui perd depuis que la Révolution tranquille battait son plein au Québec. Ou à peu près...

Brian Burke s'est dressé comme un leader doit le faire. Il n'a pas ouvert la porte à mille et une spéculations, interprétations et contradictions en restant vague dans ses réponses. En donnant l'impression qu'il n'a pas la moindre idée d'où il s'en va et du chemin qu'il entend prendre pour y arriver.

Pourquoi donner le club à Randy Carlyle et non à Dallas Eakin, son jeune entraîneur qui connaît du succès avec les Marlies, club-école des Leafs à Toronto?

«Parce qu'il était hors de question et surtout insensé de placer un entraîneur sans expérience au milieu de requins et de piranhas [lire partisans et journalistes dans l'ordre ou le désordre] en raison de l'importance de notre marché et de la situation difficile dans laquelle notre équipe se trouve», que Burke a répondu.

Tiens, tiens : une autre leçon au Canadien qui n'a pas hésité une seule seconde à envoyer Randy Cunneyworth en pâture dans une situation pire encore en raison de la réalité linguistique de Montréal et du Québec.

Devant un rideau un brin froissé aux couleurs des Leafs, Brian Burke a fait tout le contraire de Pierre Gauthier. Il a assumé son rôle. Il a fait face à la réalité. Il a fait son travail. Son équipe a fait le reste en offrant à Randy Carlyle une première victoire.

Dans le cas de Pierre Gauthier et du Canadien, je peux vous assurer que le rideau aurait été impeccable. C'est le message qui aurait été flou.

À tout prendre, j'aime mieux que le rideau soit froissé!

M. Béliveau va bien

L'état de santé de Jean Béliveau s'améliore. Avec toute la prudence nécessaire dans l'analyse des contrecoups de l'accident vasculaire cérébral (AVC) dont le Gros Bill a été victime il y a une semaine, les médecins affichent un optimisme encourageant. Selon les informations obtenues en fin de semaine, M.Béliveau est conscient et alerte. Il est toutefois encore trop tôt pour spéculer quant à la date de sa sortie de l'Hôpital général, où il a été transporté lundi soir dernier. Il serait surprenant de revoir l'ancien capitaine - aujourd'hui âgé de 80 ans - et sa femme Lise assis derrière le banc du Canadien d'ici à la fin du calendrier régulier. Mais on souhaite revoir le couple encourager le Canadien au premier match à domicile la saison prochaine.

Vilaine chute

Juché sur la galerie de presse du Centre Bell depuis 1998, je me suis posé la question 100 fois plutôt qu'une: si un partisan passait par-dessus bord au balcon, est-ce que c'est lui ou celui qui le recevrait sur le dos qui se ferait le plus mal? On a eu la réponse samedi.

Un partisan un brin éméché et qui en plus venait de subir une opération à une épaule a trébuché en voulant changer de rangée dans la section Desjardins. Il a piqué du nez avant de plonger par-dessus le rail de sécurité pour tomber une bonne quinzaine de pieds plus bas sur un jeune partisan qui s'attendait bien plus à voir le Canadien gagner qu'à voir le ciel lui tomber sur la tête.

Avant que les ambulanciers, les policiers et les pompiers ne convergent dans la section 107, où l'événement s'est produit - derrière le but de Carey Price en première et troisième périodes -, les secouristes de l'Ambulance Saint-Jean avaient immobilisé les blessés, les avaient installés sur des planches et ensuite sur des civières. Du travail bien fait.

C'est la première fois depuis l'ouverture du Centre Bell, le 16 mars 1996, qu'un événement du genre se produit. Ah oui! Lequel des deux s'en est le mieux tiré? Ils ont tous les deux été fort chanceux, en s'en tirant avec plus de peur que de mal. Pour employer une expression chère au Canadien : ils sont tous les deux blessés «au haut du corps» et font l'objet d'une évaluation quotidienne...

Photo: Reuters

Brian Burke a confirmé le congédiement de Ron Wilson et l'embauche de Randy Carlyle lors d'une conférence de presse au Centre Bell, samedi.