Outre leur fascination pour l'atome, leur seul point commun est d'entretenir tous deux des appareils de pouvoir mystérieux, difficiles à percer. Sinon, il y a un monde de différence entre les deux États.

Sous l'increvable dynastie des Kim, la Corée du Nord va d'une famine à une autre et utilise la bombe comme outil de chantage pour obtenir de l'aide. Cependant, Pyongyang n'entretient pas de réelles visées hégémoniques et son tuteur chinois est moins patient qu'il l'a déjà été.

Bref, la capacité de nuire de la Corée du Nord est limitée. Ce n'est pas le cas de l'Iran.

Le pays des mollahs a en effet des ambitions régionales, est jaloux de son autonomie politique, ne vit pas la misère malgré les sanctions. Et il aura peut-être la bombe un jour: même une frappe d'Israël contre les centrifugeuses iraniennes ne serait pas efficace à 100%, reconnaît-on généralement.

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C'est dans ce contexte que, d'une part, Kim Jung-un offre d'abandonner l'atome en contrepartie d'une aide américaine massive (allouée) et d'autres considérations (à négocier). Que, d'autre part, Benjamin Netanyahou est venu chercher des appuis pour sa ligne dure à Ottawa, hier, et fera de même à Washington, lundi.

Le premier cas relève presque de la routine: Kim Jung-un marche grosso modo dans les traces de son grand-père et de son père. À ce jour, la communauté internationale leur a répondu par l'apaisement, jouant ainsi la carte du temps. C'est à l'évidence la bonne stratégie.

L'affaire est moins nette en ce qui concerne l'Iran, où les élections législatives se jouaient, hier, entre factions conservatrices.

La tentation est forte, en effet, et pas entièrement déraisonnable, d'utiliser la force contre l'atome iranien. Israël a déjà agi de la sorte en Irak (1981) et en Syrie (2007). Il ne s'en privera pas en Iran s'il y voit une question immédiate de survie, quelle que soit l'opinion de ses alliés.

Mais on ne peut minimiser le risque encouru. Risque d'escalade, d'accroissement de l'hostilité envers Israël, de regain de la terreur, de dégradation des relations entre grandes puissances, d'enlisement dans un autre conflit insoluble. Et de souffrance - ce qui, n'est-ce pas, compte tout de même un peu...

Peut-on jouer aussi la carte du temps contre le régime iranien?

Ce n'est pas non plus sans risques. Néanmoins, c'est une posture attentiste qu'a préconisée Stephen Harper, hier, lors de sa rencontre avec le premier ministre israélien. Il a ainsi modéré sa position antérieure, plus agressive à l'endroit de l'Iran. Et il s'est rapproché de celle de Barack Obama, dont on apprendra probablement, lundi, qu'elle n'a pas changé.

Il s'agit de l'attitude la plus ingénieuse, puisqu'elle laisse de la place à d'éventuels développements politiques. De la plus morale, aussi, tant que Téhéran ne se rend pas coupable d'agression ouverte.